America Withdrawing

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À Davos, les États-Unis sont comme cet ami dont l’absence nourrit toutes les conversations autour de la table. Empêtré dans son shutdown, le président Trump n’a pas réédité son spectaculaire passage de l’an dernier. Événement remarqué lors de la première journée du Forum économique mondial: son diplomate en chef, Mike Pompeo, n’est intervenu que par vidéoconférence. Cloîtré à Washington, comme puni.

Mais cette punition, cette absence si remarquée et commentée, la première puissance mondiale se l’est infligée à elle-même. Malgré les assurances qu’America first ne signifierait pas America alone, c’est bien seule qu’elle observe de loin ses concurrents défiler au WEF.

Première parmi tous ces rivaux, la Chine est ici venue en force. Ministres, diplomates, capitaines d’industrie, tous sont présents pour affirmer leur volonté de faire des affaires. Mercredi, le vice-président chinois endossera les habits de défenseur de la mondialisation. Comme l’avait affirmé le président Xi Jinping lors de son passage il y a deux ans, Pékin veut défendre le système international, le multilatéralisme et le libre-échange.

Si la Chine ne fédère de loin pas autour d’elle – elle inquiète même beaucoup ses voisins immédiats –, l’imprévisibilité des États-Unis atteint aujourd’hui un degré tel qu’elle obnubile le monde entier. À l’image de cet expert japonais, dont le pays ne manque pas de contentieux avec le géant chinois, qui déclare que son gouvernement est bien plus inquiet par ce qui se passe à Washington.

Certes, les États-Unis ne pouvaient pas rester éternellement premiers. Les forces profondes de l’histoire font pivoter le centre de gravité du monde de siècle en siècle. Mais en boudant le WEF, en se retirant progressivement de ce monde qu’ils ont tant contribué à forger, ils accélèrent bel et bien l’inéluctable transition. Davos, plus qu’aucun autre rendez-vous planétaire, permet de le mesurer année après année. (24 heures)

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