The UK, the US and France: Woe to the Conquerors!

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Dans le monde actuel, tout va très vite. La crise économique et financière a déclenché une crise politique, latente ou déclarée, dans la plupart des pays occidentaux. Les valeurs qui faisaient consensus sont l’objet d’une remise en cause aussi profonde que véhémente de la part de très larges secteurs de l’opinion publique. Les partis traditionnels ne font plus recette; de nouvelles forces politiques émergent et parfois triomphent. Nous sommes au cœur d’un processus de changement de paradigme dont nous ignorons encore le mot de la fin. L’instabilité règne et les gagnants se retrouvent rapidement sous les feux de la critique. Ceux qui fêtent une victoire se retrouvent rapidement en mauvaise posture.

Prenez le Brexit: le 23 juin 2016, les Britanniques se prononcent à 51,9%, à l’issue d’une campagne houleuse, en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Les partisans du «leave» jubilent. Deux ans et demi plus tard, les pro-Brexit ne tiennent toujours pas leur victoire: les pionniers du souverainisme se sont discrètement retirés de la scène politique; les conservateurs sont incapables de trouver une majorité au parlement. Le spectre d’un «Brexit dur» hante les Anglais. Theresa May subit les pires humiliations.

Macron réunit un petit quart des électeurs

Aux Etats-Unis, la situation est tout aussi chaotique. Après sa victoire surprise du 8 novembre 2016, Donald Trump a fait passer tambour battant sa réforme fiscale mais, aujourd’hui, il a du souci à se faire. L’enquête du procureur Robert Mueller constitue une véritable épée de Damoclès; les républicains ont perdu les élections de mi-mandat et le président enrage de ne pouvoir construire son mur. Après un mois de shutdown (fermeture de certaines administrations), aucune solution n’est en vue.

Dernier cas d’école, la France. Elu triomphalement à la présidence avec près de deux tiers des voix grâce à un réflexe «tout sauf Marine Le Pen», Emmanuel Macron voit ensuite son mouvement conquérir la majorité à l’Assemblée nationale. Son gouvernement sort gagnant d’une double confrontation avec les syndicats et la France insoumise. La position de Macron reste toutefois fragile: seul un petit quart des électeurs, ceux qui ont voté pour lui au premier tour, adhère vraiment à son ambitieux programme de réforme. Depuis plus de six mois, le président jupitérien est sur le gril. Il trébuche d’abord sur l’affaire Benalla; puis la descente aux enfers commence: voulant compenser la perte financière consécutive à la suppression de l’ISF par l’augmentation des taxes sur le carburant et la non-indexation des retraites, il se heurte à une de ces jacqueries insurrectionnelles dont la France a le secret.

Tout le monde a perdu

Dans ces trois cas, des verdicts populaires constituant des ruptures historiques ont débouché sur des crises politiques majeures. Les vainqueurs d’hier sont désormais paralysés. Le plus frappant, c’est que, au fond, tout le monde a perdu, mais personne ne semble pouvoir gagner. En Angleterre, les conservateurs britanniques sont au bord de l’implosion, mais le Parti travailliste est tout aussi divisé. Concernant le Brexit, toutes les issues sont envisageables, y compris l’organisation d’un second référendum. En attendant, la croissance de l’économie anglaise chute avant même la sortie de l’Union européenne. Aux Etats-Unis, Trump est en difficulté, mais nul ne sait si les démocrates trouveront un candidat capable de le défaire lors des prochaines présidentielles. Pendant ce temps, la guerre économique a freiné la croissance chinoise et, par ricochet, la croissance mondiale. Les entreprises américaines commencent à en payer le prix.

En France, enfin, Macron doit reculer, mais aucun de ses adversaires politiques ne paraît en mesure de fédérer et d’incarner le ras-le-bol général français. Les perdants de 2017 ne progressent pas dans les sondages. Malheur aux vainqueurs, malheur aux vaincus!

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