It is a few days now since I watched it go down. My stomach dropping with each name as the news appeared on my phone screen. Indiana. Georgia. Alabama. Missouri. The list of American states looking to heavily criminalize abortion – those who provide them as well as those who need them, as the case may be - grows longer and longer. And if all this goes to the Supreme Court, we may well be entitled to fear that Roe vs. Wade will be challenged or even overturned.
It’s a surprise without the element of surprise. Still, this is something I would prefer not to witness, a right that I wish we did not have to fight for. That we did not have to collectively mobilize for, again. To still fear for, here in Canada. Because the threat hovers over us too. As Simone De Beauvoir once wrote: “Never forget that a political, economical or religious crisis is enough to cast doubt on women’s rights. These rights will never be vested. You have to stay vigilant your whole life.” The quote applies to the rights of every minority, every oppressed group that has endured misery and abuse from the majority, that dominant class which thinks its perception and experience of the world applies to everyone.
A life of vigilance then. This is what the current situation brings us. A life of fighting, struggling, fear and frustration. A life of having to repeat and justify oneself. To assert, in this case, that women’s bodies, and their freedom to do as they see fit with them, is not the right of men. Men who don’t have uteruses, who know almost nothing of pregnancy, of giving birth, nor of all that follows. And having escaped this reality, they don’t even want to take it into account in their decision-making. They also know little about biology. Take John Becker, the representative for Ohio, for one, who believes that during an ectopic pregnancy an embryo can be “replanted in the uterus.” Right.
These men are going to reduce the life of some women to a life of violence. Of forced pregnancy. Of backstreet abortions with all the risks they involve. Of the financial costs associated with pregnancy, giving birth and having children, since far from all Americans have access to health insurance and their parental leave is in no way equivalent to ours. Of being unable to choose. Of, in the end, being denied.
And so, I watch it go down, an unhappy witness to history. I am sorry to be just a spectator to what is taking shape or maybe coming into force and to know the scale of my powerlessness. Because it’s far away, because it’s picking up speed, because this is a question of the law. Because I have no idea what to do nor how to do it. Apart from write.
I would like to avoid having a “Stefan Zweig moment,” of the man who in his memoir “The World of Yesterday” reported minutely on what he witnessed, what he saw arrive and take hold in early 20th century Europe. And that left him feeling a keen hopelessness.
For some time, we have been seeing protest signs asking to make Orwell or Huxley or Atwood fiction again. This is what I want. How good would it be if the American nightmare were to become a near miss because our vigilance had led to action. Once again.
Cauchemar américain
Ça fait plusieurs jours que je « regarde ça aller ». Les nouvelles apparaissent sur l’écran de mon téléphone et, chaque fois, le ventre me serre. Indiana. Géorgie. Alabama. Missouri. La liste des États américains qui cherchent à criminaliser fortement l’avortement — autant ceux et celles qui le pratiquent que celles qui le vivent, selon le cas — s’allonge, et il semble qu’on soit en droit de craindre que Roe c. Wade soit contesté et peut-être infirmé, si tout cela se rend à la Cour suprême.
C’est une surprise qui n’en est pas vraiment une. Ça reste une chose à laquelle je préférais ne pas assister, un droit pour lequel je souhaitais ne pas avoir à me battre. Que nous n’ayons collectivement pas à nous mobiliser, encore, pour lui. À craindre jusqu’ici, au Canada, encore pour lui. Parce que la menace plane, aussi, pour nous. De Beauvoir a un jour écrit : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Citation qui vaut pour les droits de chaque minorité, chaque groupe opprimé ayant subi les affres et abus de la majorité, la classe dominante, celle qui pense que sa perception et son vécu du monde valent pour l’ensemble.
Une vie de vigilance, donc. C’est à cela que nous ramène la présente situation. Une vie de combats, de luttes, de craintes, de frustrations. Une vie à devoir se répéter et se justifier. À faire valoir, dans le cas présent, que le corps des femmes et la liberté de ces dernières d’en disposer comme elles l’entendent ne peuvent être la prérogative d’hommes, essentiellement, qui n’ont pas d’utérus, ne connaissent quasi rien de la grossesse, de l’accouchement ni de tout ce qui s’en suit. Et qui ne semblent pas souhaiter tenir compte de cette réalité qui leur échappe dans leur prise de décision. Ni même de la biologie, si on pense à John Becker, représentant de l’Ohio, qui croit qu’un embryon, lors d’une grossesse ectopique, se « replace dans l’utérus », pour ne nommer que lui. Bref.
Ces hommes vont réduire la vie de certaines femmes à une vie de violence. Celle de la grossesse obligée. Celle de l’avortement clandestin avec tous les risques que cela comporte. Celle financière des coûts associés à la grossesse, à l’accouchement, aux enfants ; c’est loin d’être l’ensemble des Américaines et Américains qui ont accès à des assurances, et le congé parental n’équivaut en rien au nôtre. Celle de ne pas avoir pu choisir. Celle d’avoir été niée, finalement.
Et donc, je regarde cela aller. Triste témoin de l’histoire. Je suis désolée de ne pouvoir être qu’une spectatrice de ce qui se profile, se réalisera, peut-être. De mesurer l’ampleur de mon impuissance. Parce que c’est loin, parce que ça déboule, parce que ce sont des enjeux de lois, parce que je ne sais pas trop quoi faire ni comment le faire. À part écrire.
J’aimerais éviter d’avoir un moment « Stefan Zweig » qui, dans son testament intellectuel Le Monde d’hier, fait état justement de ce à quoi il a assisté, de ce qu’il a vu apparaître et s’installer, dans l’Europe du début du XXe siècle. Et pour lequel il a éprouvé une vive désespérance.
Depuis quelque temps, on voit souvent des pancartes qui demandent à ce que Orwell, Huxley ou Atwood redeviennent de la fiction. J’ai ce souhait. Il serait bien que le cauchemar américain ne soit qu’un possible que nous ayons frôlé parce que nos vigilances auront trouvé les moyens d’agir. Encore une fois.
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These costly U.S. attacks failed to achieve their goals, but were conducted in order to inflict a blow against Yemen, for daring to challenge the Israelis.