The Escalation of Nationalist One-Upmanship

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Dans son combat pour la suprématie américaine, Donald Trump n’écoute que son instinct de chef. Alors que le Mexique et le Canada s’apprêtent à signer un accord de libre-échange, il brandit, in extremis, une nouvelle menace. Imposer des taxes progressives sur les produits mexicains importés. Dans le même temps, en tournée en Europe, son bras droit, le secrétaire d’État Mike Pompeo, vient d’avertir les Britanniques et les Allemands d’un veto technologique unilatéral. Les États-Unis ne collaboreront plus avec eux s’ils autorisent la technologie du chinois Huawei dans le déploiement de leur réseau 5G. Le message est clair. Donald Trump ne supporte aucune forme de désobéissance à ses ambitions.

Quelle sera la réponse de l’Europe? La Chine, elle, vient de répondre par une arme ultrasensible pour les géants de la «tech». Pékin va lancer sa propre liste de sociétés étrangères «non fiables» opérant sur son territoire. C’est une escalade classique et dangereuse. Sous ce vocable, non reconnu dans le droit international, l’Empire du Milieu sera en mesure d’exclure les compétiteurs occidentaux. À ce petit jeu, le protectionnisme pourra s’afficher sous différentes formes, rompant avec la tradition d’une concurrence fondée sur des règles communes ou négociées. Jusqu’ici, les marchés financiers n’ont fait que trembler. Avec l’escalade qui se dessine, les grandes puissances commerciales risquent un affrontement frontal et très sévère dans ses conséquences. Si a priori les États-Unis partent avec un avantage, l’histoire a amplement démontré qu’au final les consommateurs et les salariés seront les victimes d’un monde qui se referme. Le souverainisme commercial est l’arme du plus fort. Elle est hautement inflammable et finit généralement par embraser tout ce qu’elle touche. Le monde multipolaire du XXIe risque de sombrer dans une forme d’anarchie et de surenchère que certains appellent déjà la nouvelle guerre froide.

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