Who Pays for Trump’s Tariffs?

 

 

 

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Dans le cadre du conflit commercial avec la Chine, le président américain, Donald Trump, a haussé de 10 % à 25 % les droits de douane sur 200 des 250 milliards d’importations chinoises qui font actuellement l’objet d’une surtaxe. De plus, il a lancé les procédures en vue d’imposer des tarifs douaniers sur les quelque 300 milliards d’importations chinoises restantes.

Le président américain dit se réjouir de voir ces droits de douane remplir les coffres du Trésor américain. De leur côté, de nombreux économistes considèrent que ce sont les consommateurs et les entreprises américaines qui paient la note. Qu’en est-il effectivement ?

La théorie du bien-être

Pour nous aider, les économistes utilisent une branche de la science économique qui est la théorie du bien-être. Cette théorie cherche à donner une base à des choix de politiques publiques, le meilleur choix possible étant celui qui maximisera le bien-être total dans une économie. Le calcul du bien-être se fait à partir d’une notion qui est le surplus économique.

À la base, il y a le surplus du consommateur et celui du producteur ou du vendeur. Le surplus du consommateur est un avantage qui découle du fait que les consommateurs auraient été prêts à acheter un produit à un prix supérieur à celui qu’ils vont effectivement payer, le prix courant. Cela augmente leur bien-être d’autant. Le surplus du producteur quant à lui provient du fait que des producteurs auraient accepté de vendre leurs produits à un prix inférieur au prix courant qu’ils vont obtenir. Ceci augmente d’autant leur bien-être.

Paul Krugman, Prix Nobel d’économie, illustre parfaitement dans le New York Times (3 mars dernier) cette théorie. Supposons qu’un produit importé de Chine coûtait 100 $ avant l’imposition des tarifs douaniers. Avec les droits de douane, son prix va augmenter à 125 $. Si le produit est importé et acheté par un consommateur américain, celui-ci perdra 25 $ de bien-être par produit acheté. Par contre, le gouvernement récupérera cette somme en recette douanière. Ainsi, à l’échelle de l’ensemble de l’économie, il n’y a pas d’effet sur le bien-être.

Il est plus probable que les importateurs américains essaient de trouver les mêmes produits dans d’autres pays. En substituant des importations chinoises par un produit équivalent importé du Vietnam qui coûte 115 $, la perte de bien-être du consommateur sera de 15 $ par produit acheté, mais elle ne sera pas compensée par une recette douanière puisque les produits vietnamiens ne sont pas visés par les tarifs.

Mais qu’arrive-t-il si un producteur américain offre un produit équivalent à l’importation chinoise au prix de 120 $ ? En situation de sous-emploi où toutes les ressources ne sont pas utilisées, la perte de 20 $ de bien-être par le consommateur serait compensée par une hausse équivalente de bien-être d’un producteur national.

Actuellement, les États-Unis sont plutôt en situation de plein-emploi. Cela signifie que la production du bien américain substitut à l’importation a nécessité des ressources qui n’ont pas été utilisées à la production d’un autre bien manufacturé. Il s’agit donc une perte de 20 $ pour le consommateur qui n’est pas récupéré au net par les producteurs nationaux, donc une perte pour l’ensemble de l’économie américaine.

Donc, globalement, les tarifs font grimper les prix des biens importés de Chine pour les consommateurs et les entreprises, entraînent des substitutions de pays d’où les États-Unis importent et provoquent un jeu à somme nulle dans la création d’emplois manufacturiers américains. Rien de bien favorable pour le pays.

Une étude américaine conclut que les pertes de bien-être sont actuellement de 1,4 milliard de dollars américains par mois, soit 17 milliards par année. Une perte minime de 0,1 % du PIB américain, mais une perte quand même, contrairement aux affirmations du président Trump.

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