Illegal Immigration: Trump and His Dehumanizing Policies

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Immigration illégale: Trump et sa politique déshumanisante

Le plus récent plan séquence politico-médiatique autour de la crise migratoire américaine a commencé lundi de la semaine dernière avec la publication de cette photo d’un père salvadorien et de sa petite fille gisant au bord du Rio Grande, morts noyés en tentant de traverser la frontière. Une photo-symbole qui renvoie forcément à une autre, celle de la dépouille de ce gamin syrien retrouvée en septembre 2015 sur une plage de la station balnéaire de Bodrum, en Turquie.

La séquence s’est poursuivie en début de semaine avec la visite d’élus démocrates dans des centres de rétention de migrants surpeuplés à El Paso et à Clint, au Texas. Une visite dont ils sont revenus écoeurés, décrivant des conditions « effroyables et dégoûtantes » et des cellules pour femmes où les détenues devaient boire « l’eau des toilettes ».

La visite a été ponctuée par les révélations du site d’informations ProPublica voulant que de nombreux agents et ex-agents de la Border Patrol fassent partie d’un groupe Facebook « secret » où s’échangeaient des mauvaises blagues et des propos racistes et misogynes sur les migrants et les démocrates opposés à la politique de M. Trump. Rien de très édifiant, en effet. Non pas que les agents d’immigration soient par définition reconnus dans l’exercice de leurs fonctions pour leur sensibilité à la condition humaine. L’affaire n’en est pas moins révélatrice, pour reprendre les mots du New York Times, de la permission donnée par l’intransigeante politique migratoire de M. Trump de déshumaniser à outrance les migrants. De fait, elle est révélatrice du climat de plus en plus empoisonné qu’instille ce président dans l’ensemble de la société américaine.

La séquence s’est terminée mardi avec la publication d’un rapport de l’inspecteur du Department of Homeland Security (DHS), après la visite de cinq centres de rétention également situés au Texas. Le rapport est alarmant : il confirme que la surpopulation, la détention prolongée et l’insécurité dans ces centres créent une situation intenable. Il évoque un « risque immédiat » pour les agents et les détenus. Des mineurs non accompagnés âgés de moins de sept ans étaient emprisonnés depuis plus de deux semaines, sans avoir pu prendre une douche ni un repas chaud, alors qu’ils auraient dû être rendus à leurs parents ou pris en charge par des agences d’accueil gouvernementales dans les 72 heures…

D’autres plans séquences suivront, qui continueront de montrer le drame et de soulever les problèmes sans pour autant déboucher de la part des autorités sur des solutions qui vont au-delà des politiques de dissuasion et de répression.

Entre émoi et partisanerie, M. Trump a pris la peine de s’émouvoir de la mort du père et de sa fille — pour ensuite en rejeter la responsabilité sur « les frontières ouvertes » soi-disant préconisées par les démocrates. En réaction au rapport du DHS qu’il a jugé exagéré, il a déclaré avec toute l’inconscience qu’on lui connaît que les migrants dans les centres de rétention vivaient « dans de bien meilleures et de bien plus sûres conditions que dans les pays d’où ils viennent ». Comme si la misère et l’insécurité que fuient les Honduriens, les Salvadoriens et les Guatémaltèques excusaient les mauvaises conditions de détention dans les centres du pays le plus riche du monde. Et comme si sa politique migratoire fondée sur son obsession pour un mur allait, en amont, améliorer la santé démocratique et économique des sociétés centraméricaines.

Non pas que, de Bill Clinton à Barack Obama, les démocrates soient sans responsabilité pour la façon dont les choses ont (mal) évolué sur la question compliquée de l’immigration illégale. Mais il se trouve que les États-Unis font face en ce moment à un afflux massif de migrants et qu’en réponse, la Maison-Blanche fait appliquer depuis un an une politique de « tolérance zéro » fondée sur une logique d’incarcération et de déni des droits. Que les centres soient aujourd’hui au bord de l’implosion était une éventualité relativement facile à imaginer.

Et c’est dans ce contexte que, militarisant la frontière, M. Trump orchestrait cette année un 4-Juillet à saveur militaire, ce dont les Américains n’ont pas du tout l’habitude. Avec chars d’assaut et vols de chasseurs F-35. À l’envers de la tradition de la fête nationale américaine, patriotique mais non partisane, l’homme a prononcé jeudi soir sur les marches du Lincoln Memorial, autre inédit qui fait grincer des dents, un discours qui comportait nécessairement sa part d’autopromotion électorale. Puisque, comme pour tout le reste, son sens de la fête est intéressé.

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