Racism: The Force Behind Trump’s Politics

 

 

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Donald Trump invite des représentantes au Congrès à retourner dans le pays d’où elles viennent – qui s’avère être pour la plupart d’entre elles… les Etats-Unis. Le racisme émaille la carrière politique de ce président, pourtant mari et fils d’immigrants.

Donald Trump a épaissi dimanche le cloaque qu’est son fil Twitter, en y ajoutant une observation d’un racisme tranquille et décomplexé, visant quatre élues de la Chambre des Représentants :

« Très intéressant de voir des élues démocrates du Congrès, “progressistes”, qui viennent originellement de pays dont les gouvernements sont des catastrophes complètes et absolues, les pires, les plus corrompus et le plus ineptes du monde (si tant est qu’on puisse parler de gouvernement) et qui maintenant clament férocement au peuple des Etats-Unis, la plus grande et la plus puissante nation du monde, comment notre gouvernement doit être dirigé.

Pourquoi ne retournent-elles pas d’où elles viennent, pour aider à réparer ces lieux totalement dévastés et infestés par le crime ? Puis, qu’elles reviennent et qu’elles nous montrent comment elles ont fait. Ces endroits ont bigrement besoin de votre aide, vous n’y partirez jamais trop vite. Je suis sûr que Nancy Pelosi [speaker démocrate de la Chambre, en froid avec les quatre députées en question, NDLR] serait très heureuse d’organiser rapidement un voyage gratuit ! »

Les femmes que vise Trump sont Alexandria Ocasio-Cortez, Rashida Tlaib, Ayanna Pressley, Ilhan Omar. On les surnomme parfois « The Squad », la brigade. Elles ont été élues au Congrès pour la première fois en novembre dernier, détrônant des vieux démocrates de l’establishment lors des primaires. Elles sont particulièrement actives et ancrées à gauche. A l’exception de llhan Omar, qui est née à Mogadiscio et a été naturalisée (comme l’a été l’épouse de Trump), aucune d’entre elles ne vient d’ailleurs. Alexandria Ocasio-Cortez est née dans le Bronx, Rashida Tlaib à Detroit, Ayanna Pressley à Cincinnati. Le pays d’où elles viennent s’appelle les Etats-Unis.

Prenez Ayanna Pressley : elle n’est pas une immigrée, ni une fille d’immigrés, ni une petite-fille d’immigrés… Elle est juste noire. Où Donald Trump veut-il la renvoyer ? Prenez encore Alexandra Ocasio-Cortez, la plus médiatique des quatre. Elle est née dans le Bronx à New York, à moins de 20 km de la maternité du Queens où Trump a vu le jour. Sa mère est née à Porto Rico, territoire des Etats-Unis. Son père est né dans le Bronx. La famille de Trump est bien plus « immigrée » que la sienne : la mère du président est née en Ecosse et son père est né de parents allemands. Mais Alexandria Ocasio-Cortez a la peau brune et son nom, des consonances hispaniques…

L’affaire des « Cinq de Central Park »

Donald Trump ne se contente pas d’être un personnage mégalomane, narcissique, manipulateur, brutal. A la différence de ses prédécesseurs républicains, il est ouvertement raciste. Pire : il a bâti sa carrière politique sur le racisme.

Cela a commencé par une annonce qu’il a fait publier dans plusieurs journaux new-yorkais en 1989. Une femme avait été violée battue à mort dans Central Park. Cinq adolescents noirs avaient été arrêtés (une récente série, « Dans leur regard », raconte l’affaire sur Netflix). A l’époque, Donald Trump, alors magnat local de l’immobilier, avait dépensé 85 000 dollars pour réclamer le retour de la peine de mort, notamment dans le « New York Times ». Les « Cinq de Central Park » ont ensuite été condamnés à de la prison.

Bien plus tard, un homme a avoué qu’il était l’auteur unique du crime, ce que l’ADN a confirmé. Les « Cinq » ont été blanchis et indemnisés. Mais en juin dernier, Donald Trump a refusé de s’excuser, laissant entendre qu’il ne croyait pas à l’innocence des ex-accusés. Pas question de renier son premier acte politique, fût-il sinistre.

La campagne des « birthers »

La deuxième prise de position politique forte de Donald Trump, celle qui l’a lancé dans l’arène électorale, n’est guère plus glorieuse. Sous Obama, Trump a participé à la campagne des « birthers », qui remettaient en cause la légitimité du président, au prétexte qu’il serait prétendument né en dehors des Etats-Unis. Ce qui, là encore, était parfaitement faux : Obama est né à Hawaï d’un père kenyan.

Au début, personne n’a pris l’affaire au sérieux. A force de répéter ce mensonge, c’est devenu une affaire. Barack Obama, de guerre lasse, a fini par rendre public son certificat de naissance. Mais trop tard, le poison était là. Quand Obama était sur le point de quitter le pouvoir, la moitié des électeurs républicains continuait de croire au mensonge ! Et c’est propulsé par ce mensonge que Trump s’est lancé dans la course à la Maison-Blanche, avec pour slogan « Make America Great Again ».

Le racisme, oui, est un des moteurs politiques de Donald Trump. Jamais il ne prend le risque de décevoir son électorat xénophobe ou anti-Noirs. Il leur envoie fréquemment des clins d’œil appuyés. S’il doit condamner le racisme, il dit « tout type de racisme » (sous-entendu : y compris le racisme « antiblanc »). Et lors des affrontements qui ont opposé les suprémacistes blancs à des militants antiracistes à Charlottesville, en 2017, il a refusé de trancher sur les torts des uns et des autres : « Vous avez des gens très bien des deux côtés. »

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