Racisme : pas de vacances pour Donald Trump…
Le cinéaste John Waters aime dire qu’il est fier d’habiter Baltimore. « Nulle part ailleurs on ne peut trouver une ville aussi bizarre, au style extrême. C’est comme si en déménageant dans le nord du pays, le Sud était tombé en panne sèche à Baltimore. Et avait décidé d’y rester. »
Depuis samedi, la ville où est né l’excentrique réalisateur de Polyester est au centre de l’actualité après que le président Trump eut commis un énième tweet. Le président ne prend pas congé des réseaux sociaux durant l’été, au contraire ! Trump a donc mis la métropole du Maryland sur la carte en la qualifiant d’endroit « dégoûtant, insalubre, dangereux et infesté de rats ».
Le message du président visait Elijah Cummings, représentant démocrate du district de Baltimore Ouest au Congrès. Depuis, le débat fait rage aux États-Unis entre détracteurs et défenseurs de cette ville dont la population est aux deux tiers d’origine afro-américaine. Tout ça dans un pays où la minorité noire a historiquement été confinée à des quartiers défavorisés où les Blancs ne mettent jamais les pieds.
Le regard réducteur et condescendant de Trump sur la misère, la criminalité et la pauvreté urbaine a, entre autres, déclenché l’indignation du vétéran Dan Rather : « Les États-Unis ont été bâtis par des femmes et des hommes qui ont vécu, travaillé et souvent lutté pour un meilleur destin, dans des endroits comme Baltimore. Nous n’avons pas besoin du jugement raciste d’un homme qui vit à Mar-a-Lago en Floride, sans payer d’impôts », a écrit sur Twitter l’ex-journaliste vedette de CBS et de 60 Minutes.
En attaquant Baltimore, Trump n’a pas seulement allumé un incendie… il a jeté de l’huile sur le feu ségrégationniste et raciste de sa nation. Car 150 ans après l’abolition de l’esclavage avec l’adoption du 13e amendement, la question de la race est toujours très délicate.
Davantage de racisme depuis Trump
Les relations raciales sont de plus en plus tendues aux États-Unis. Un sondage du centre de recherche Pew paru en avril dernier montre que plus de la moitié des Américains croient que le racisme est en hausse aux États-Unis depuis l’élection de Trump. Six Américains sur dix affirment que les relations entre les races sont mauvaises en général (cette proportion grimpe à 71 % chez les répondants noirs). Quand on demande si, depuis l’élection de Trump, le fait d’exprimer des opinions racistes est plus « fréquent », 65 % des répondants pensent que c’est le cas ; et 45 % des personnes disent que c’est même devenu « acceptable » depuis sa victoire, il y a près de trois ans.
Que fait le président républicain pour atténuer ces tensions ? Il frappe sur le clou de la race. Il diabolise quatre élues démocrates au Congrès issues de minorités en leur demandant de « retourner dans leur pays » si elles n’aiment pas l’Amérique. Il vise le représentant Cummings, puis le révérend noir Al Sharpton (qu’il a traité hier « d’escroc qui déteste les Blancs et les policiers »). Bien sûr, Trump se défend d’être raciste et accuse ses détracteurs d’être racistes eux-mêmes. Un réflexe enfantin qui serait dérisoire s’il ne venait pas d’un dirigeant de 73 ans…
Les récentes et multiples sorties de Trump annoncent sans doute la couleur de sa campagne pour se faire réélire à la présidentielle de 2020. Elles confirment le vieil adage qu’il faut diviser le peuple pour mieux régner.
Et c’est politiquement habile de jouer la carte de la race et de la nation pour gruger des votes. Ça semble fonctionner : selon un récent sondage, 44 % des Américains approuvent le travail de Trump, un taux très élevé pour un président en fin de mandat.
Dans son poème Harlem, l’auteur Langston Hughes compare un rêve différé à un raisin qui se dessèche au soleil. Le pyromane en chef à la Maison-Blanche est en train de faire la même chose avec le rêve américain. Désormais, l’idée selon laquelle l’égalité des chances, la justice et la dignité humaine s’appliquent à tous les habitants de ce pays se déshydrate comme un fruit au soleil.
Imaginez après son second mandat…
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