Long Live Monopotrump!

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Le Groenland ? J’achète ! Ce n’était pas un malentendu ou un canular. Le président des États-Unis est bien tenté par l’achat de ce territoire du Danemark, qu’il prend pour un marchepied pratique vers l’Europe. Le fantasme trumpien d’appliquer les règles du Monopoly à la réalité géopolitique suscite stupeur – tant de culot ! – et postures : des politiques danois crient au fou et actionnent la fibre nationaliste.

Cette nouvelle démonstration du complexe de supériorité de Trump n’en est pas moins instructive. Elle doit être prise comme l’exposé sans fard de son mode de pensée. L’homme le plus puissant sur Terre reste dans la continuité et l’évocation confortable, à ses yeux, d’une domination historique.

Son pays, machine à fabriquer de l’opulence et de l’influence, avait grandi ainsi par le passé : la Louisiane a été achetée aux Français il y a deux siècles, l’Alaska ensuite aux Russes et les îles Vierges au Danemark (déjà) il y a cent ans. Cela a laissé des traces en sépia et quelques tics datés chez le magnat de l’immobilier. Tout, même un peuple, aurait encore son prix.

Par la révélation de sa curieuse marotte personnelle pour le Groenland, on cerne à quel point le big boss tient l’argent pour un langage universel, d’autant plus profitable aux nantis qu’il les dispense des palinodies et ratés de la diplomatie.

Le chéquier n’est pas moins éthique que les armes. Au fort de Brégançon a été reçu un Poutine qui a annexé la Crimée. L’Inde vient de mettre le Cachemire dans sa manche et tant d’États recourent à la violence en sous-main, en Orient par exemple, sans être mis au ban de la communauté mondiale.

Trump, avec sa manie du dollar superstar et ses vues sur un strapontin européen, n’est donc pas si scandaleux.

Il est transparent. Juste avant le prochain G7 en France, il a la bonne grâce de rappeler qu’il vit depuis la Maison Blanche un Monopotrump éveillé.

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