Trump contre l’Amérique
Les nouvelles taxes douanières vont frapper les produits les plus iconiques de l’ « American way of life ». Les électeurs de Trump apprécieront.
Mille dollars. C’est la facture que Donald Trump compte envoyer à chaque famille américaine pour Noël. Autrement dit, les hausses de prix que chacune devrait supporter, sur un an, en conséquence de la bataille commerciale contre Pékin, et que la banque JPMorgan Chase s’est amusée à calculer ce mois-ci. L’addition leur paraissait plutôt indolore jusqu’alors. Et pour cause : les taxes douanières ont d’abord frappé métaux et machines, des produits essentiellement convoités par les entreprises. Sauf renoncement de dernière minute, ce n’est qu’à compter de ce dimanche que le président américain commencera à sanctionner ses électeurs , que la promesse de meilleures fins de mois avait fait basculer à droite. Sweatshirts, montres, télévisions : les nouvelles taxes vont frapper les produits les plus iconiques de l’ « American way of life ». Certains Américains saluent la sagesse d’un président qui a reporté une grosse partie des droits de douane au 15 décembre, pour ne pas gâcher les fêtes de fin d’année. Quel est ce pays où l’on se réjouit de ne se faire casser qu’un seul bras, et le second plus tard ?
Le mal infligé aux Américains, et plus largement au monde, est déjà immense. Les 20 pays les plus riches de la planète ont vu leurs exportations fondre de presque 2% au deuxième trimestre, s’est alarmée l’OCDE ce jeudi. Mais dans la bataille qui se joue entre les deux géants mondiaux, la plus grande victime n’est pas celle qu’on croit. Depuis janvier, les exportations des Etats-Unis vers la Chine se sont effondrées de plus de 20% . Celles de la Chine vers les Etats-Unis ont résisté, et même progressé d’un petit point. La vérité est que contrairement aux décennies précédentes, Pékin a certainement moins besoin de Washington que l’inverse. Les Chinois ont saturé le marché américain de leurs marchandises et cherchent des débouchés ailleurs, en Inde, en Amérique latine et en Afrique notamment. Les Etats-Unis ne peuvent guère en dire autant: comment faire impasse sur la Chine alors qu’elle constitue le terrain de consommation le plus prometteur du moment ? C’est un classique que de voir les vieilles puissances brandir l’arme commerciale pour faire barrage aux nouvelles. On se souvient d’ailleurs que Ronald Reagan avait freiné l’essor des voitures japonaises, dans les années 80, en instaurant des quotas. Protégés de la concurrence, les constructeurs américains avaient fait exploser leurs prix. Le surcoût pour chaque acheteur ? Mille dollars, déjà.
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