A War for Nothing

Published in Le Devoir
(Canada) on 23 September 2019
by Francois Brousseau (link to originallink to original)
Translated from by Laura Napoli. Edited by Laurence Bouvard.
It will soon be 18 years since, on the still-hot coals of Sept. 11, 2001, the United States intervened in Afghanistan, quickly followed by a series of allies, armies with weapons in fists and hands on hearts. Apart from the immediate goals of punishing the perpetrators of the historic terrorist attack and overthrowing the Taliban regime (which was quickly done, at least in Kabul), they were also pompously invested with a “mission:" exporting democracy, rebuilding a destroyed economy, promoting women’s rights (which the Islamists flouted) and “pacifying” a hostile region.

In contrast to what followed a year and a half later in Iraq, which was founded on a big lie − Saddam Hussein’s supposed weapons of mass destruction − the intervention in Afghanistan was not controversial at first. It was welcomed as a liberation by many Afghan men and women. There was a hope, lyrical and exaggerated by propaganda, that this intervention was just and moral, that it would change things internally and internationally.

The first free presidential and legislative elections of 2004 and 2005 produced vivid images of imposing crowds waiting in line, with the wild hope that voting would change their lives. A challenge to the Taliban guerrillas who, then as now, threatened to kill anyone who voted.

Nearly two decades and tens of thousands of deaths later, the failure is patent. A few days before the scheduled presidential election on Sept. 28, the Taliban occupy an important part of the territory. They have been joined in the last two or three years by the Islamic State, producing a bloody competition.

No one talks about Afghanistan anymore, despite an anniversary, elections and more violent deaths than ever before.

After a decline in the mid-2010s, the death toll has risen again. The relevant agencies speak of more than 10,000 civilians wounded or killed in 2018 alone. The guerrillas kill innocent people, but the Afghan army and its American supporters do as well.

Last week, in a bloody routine, two attacks claimed by the Taliban killed some 50 people in the Kabul region. One of the attacks occurred during a public assembly where President Ashraf Ghani was campaigning.

The Sept. 18 attacks are just the latest in a long series. According to a BBC tally, in August alone, some 2,300 people were killed, including more than 500 civilians. Civilians who, each day, face deadly bullets and bombs.

On the eve of this announced joke election, the post-2001 hope has completely subsided. Not just because of Taliban intimidation, which works, but also because of previous election shenanigans and the impotence of the elected leaders.

The two main candidates on Sept. 28 are the same two as in 2014: Ghani, the outgoing president, and Abdullah Abdullah, the chief executive. In the summer and fall of 2014, the vote count was stalled for months, and in the end − you can’t make this up! − the official result was “decreed” following an arrangement between Ghani and Abdullah, under American pressure!

Since the spring of 2018, Ghani has seen the Americans directly negotiate for months with a reinvigorated Taliban − over his head and in a humiliating way − until Donald Trump, after inviting the guerrilla leaders to Camp David, suddenly canceled everything on a whim, putting an end to this bad theater.

The Americans keep a residual but significant force of 15,000 soldiers in Afghanistan. From 2001-2019, this is the longest war in the history of the United States. NATO, France, Germany, Canada and many others have come and gone, never daring to say “mission accomplished.”

Pacification in Afghanistan, democracy, economic progress − none has occurred. Women’s rights have slowly progressed in some large cities like Kabul, but even there, the advances are a drop in the bucket; they are rare and fragile exceptions.

Afghanistan: a historic failure of imperialism, multilateralism and the fight against radical Islam.





Une guerre pour rien

Il y aura 18 ans ces jours-ci, sur les braises encore chaudes du 11 septembre 2001, les États-Unis intervenaient en Afghanistan, bientôt suivis par toute une série d’alliés, armes au poing et coeur sur la main… Outre l’objectif immédiat de punir les auteurs de l’historique attaque terroriste et de renverser le régime des talibans (ce qui fut vite fait, du moins à Kaboul), on s’est aussi pompeusement investi d’une « mission » : celle d’exporter la démocratie, de relever une économie détruite, de promouvoir les droits des femmes (bafoués par les islamistes) et de « pacifier » une région hostile.
Au contraire de celle qui allait survenir un an et demi plus tard en Irak, fondée sur un lourd mensonge (les supposées armes de destruction massive de Saddam Hussein), l’intervention en Afghanistan ne fut pas controversée au départ. Elle fut accueillie comme une libération par beaucoup d’Afghans… et d’Afghanes. Il y avait cet espoir, lyrique et exagéré par la propagande, que cette intervention était fondée et morale ; qu’elle changerait les choses à l’interne comme à l’international.
Les premières élections libres (présidentielle et législatives) de 2004 et 2005 avaient renvoyé des images fortes de foules imposantes faisant la queue, dans l’espérance folle que le vote changerait leur vie. Un défi à la guérilla des talibans qui, hier comme aujourd’hui, menaçait de mort quiconque irait voter…
Près de deux décennies et des dizaines de milliers de morts plus tard, l’échec est patent. À quelques jours de la date prévue pour la présidentielle (28 septembre), les talibans occupent une fraction importante du territoire. Ils ont été rejoints depuis deux ou trois ans par le groupe État islamique, qui leur livre une concurrence sanglante.


Plus personne ne parle aujourd’hui de l’Afghanistan, malgré un anniversaire, des élections… et des morts violentes plus nombreuses que jamais.
Après une baisse au milieu des années 2010, le décompte morbide est reparti à la hausse. Les agences compétentes parlent de plus de 10 000 civils blessés ou tués pour la seule année 2018. Les guérillas tuent des innocents, mais l’armée afghane et ses soutiens américains aussi.
La semaine dernière, sanglante routine, deux attentats revendiqués par les talibans ont fait une cinquantaine de morts dans la région de Kaboul, dont l’un pendant une assemblée publique où se trouvait le président Ashraf Ghani en campagne.
Ces attaques du 18 septembre sont les dernières d’une longue série… Selon un décompte de la BBC, juste en août, quelque 2300 personnes ont été tuées, dont près de 500 civils. Civils qui, chaque jour, prennent des balles mortelles ou des bombes.
À la veille d’une farce électorale annoncée, l’espoir post-2001 est complètement retombé. Non seulement à cause de l’intimidation talibane, qui fonctionne, mais aussi à cause des magouilles des élections précédentes et de l’impuissance des élus…
Les deux principaux candidats, le 28 septembre, sont les deux mêmes qu’en 2014 : Ashraf Ghani, président sortant, et Abdullah Abdullah, chef de l’exécutif. À l’été et à l’automne 2014, le dépouillement s’était enlisé pendant des mois… et à la fin — ça ne s’invente pas —, le résultat officiel avait été « décrété » à la suite d’un arrangement entre Ghani et Abdullah, sous pression américaine !
Depuis le printemps 2018, Ghani a vu pendant des mois — par-dessus sa tête et d’une façon humiliante — les Américains négocier directement avec des talibans revigorés… jusqu’à ce que Donald Trump, après avoir invité les dirigeants de la guérilla à Camp David, annule tout sur un coup de tête, mettant fin à ce mauvais théâtre.
Les Américains gardent en Afghanistan une force résiduelle, mais non négligeable, de 15 000 soldats. 2001-2019 : la plus longue guerre de toute l’histoire des États-Unis. L’OTAN, la France, l’Allemagne, le Canada et beaucoup d’autres sont venus et puis sont repartis, n’osant jamais clamer « mission accomplie ».
Pacification du territoire, démocratie, progrès économique : rien de tout cela n’est au rendez-vous. Les droits des femmes ont légèrement progressé dans certaines grandes villes comme Kaboul… Même là, les avancées sont au compte-gouttes ; ce sont de rares et fragiles exceptions.
L’Afghanistan : un ratage historique de l’impérialisme, du multilatéralisme et de la lutte contre l’islam radical.
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