Le président américain a annoncé mercredi 18 septembre avoir choisi un avocat républicain pour succéder au bouillonnant John Bolton. Il sera le quatrième à occuper ce poste en moins de 3 ans.
Travailler avec Donald Trump à la Maison-Blanche n’est pas une tâche aisée. Encore moins quand il s’agit de le conseiller en matière de sécurité nationale : depuis janvier 2017, le président américain a déjà épuisé trois hommes, dont John Bolton, démis de ses fonctions début septembre. Trois conseillers, soit autant que Barack Obama en huit années de présidence, et un de plus que George W. Bush pendant ses deux mandats. Le nouveau venu, Robert O’Brien, présente toutefois un profil moins polémique que ses prédécesseurs.
Un avocat républicain de la côte ouest
En choisissant Robert O’Brien, Donald Trump semble avoir changé d’approche : fini les ex-militaires (Michael Flynn et H. R. McMaster) et les va-t-en-guerre (John Bolton) ; place à un homme de droit. Âgé de 53 ans, ce diplômé de l’école de droit de Berkeley est l’un des avocats qui comptent en Californie.
Et c’est par la loi que Robert O’Brien s’est intéressé aux affaires internationales, pour le compte d’abord d’un grand cabinet, avant de fonder le sien à Los Angeles. Mais avant sa nomination, en mai 2018, en tant qu’envoyé spécial pour la libération des otages – un poste créé par Barack Obama et confirmé par son successeur – son expérience en matière de politique étrangère se limitait à des missions ponctuelles, au carrefour du droit et la diplomatie.
Il est en revanche plus actif au sein de think-tank conservateurs, défendant dans ses écrits une approche républicaine traditionnelle, dans le sillage de Ronald Reagan, faisant sien son slogan « la paix par la force ». Cette approche classique au sein de la droite américaine – méfiance vis-à-vis de Moscou, hostilité aux régimes autoritaires, etc. – l’avait conduit à conseiller Mitt Romney, mormon comme lui, lors de sa campagne présidentielle en 2012. Puis de Scott Walker et Ted Cruz, opposés six ans plus tard à Donald Trump lors de la course à l’investiture républicaine.
Conseiller à la sécurité nationale, un rôle à part
Le choix de ce profil plus discret, et plus modéré, que son prédécesseur a été bien accueilli à Washington D.C. Notamment parce que sa personnalité semble plus indiquée que celle, par exemple, de John Bolton, pour occuper la fonction, complexe, de conseiller à la sécurité nationale.
Ce poste, qui ne nécessite pas le feu vert des Sénateurs, étape obligée pour toutes les fonctions importantes au sein du gouvernement américain –, à commencer par les ministres de la défense et des affaires étrangères, avec lesquels Robert O’Brien aura à travailler – correspond à la fois à un travail de conseiller et de coordinateur.
Le Conseil national de sécurité a été créé pendant la guerre froide pour coordonner le travail et la réflexion des différentes armées, de la diplomatie et des services de renseignement américains. Robert O’Brien devra donc autant donner son avis que permettre aux avis des autres personnes impliquées d’émerger, pour aider le président à prendre une décision réfléchie, après avoir eu accès aux différents points de vue.
Quatre conseillers en moins de trois ans
En accédant à cette fonction, Robert O’Brien marche sur les traces de grands noms de la politique étrangère américaine – comme Henry Kissinger (Richard Nixon), Zbigniew Brzezinski (Jimmy Carter) ou Colin Powell (Ronald Reagan).
Ces prédécesseurs ont joué un rôle clé à leur époque, en raison de leur vision de ce que devait être la diplomatie de l’Oncle Sam, de leur attitude pendant des situations de crise et de leur durée au côté des présidents qu’ils ont conseillés.
Pour Robert O’Brien, le défi est de taille. D’abord en raison de la situation actuelle, sur fond de lutte contre le terrorisme, de tension avec l’Iran, d’affirmation de la Russie et d’émergence de la Chine. Ensuite en raison de la personnalité de Donald Trump, dont la ligne en matière de politique étrangère est plutôt erratique – même aux yeux de ses alliés politiques.
En témoigne l’altercation survenue récemment entre le président et un sénateur influent en matière de politique étrangère, Lindsay Graham, un républicain de Caroline du Sud, qui a estimé que la « réponse mesurée » de Donald Trump lorsque la République islamique avait abattu un drone américain en juin avait « clairement été perçue par le régime iranien comme un signe de faiblesse ». « Non Lindsey, c’était un signe de force que certaines personnes ne comprennent tout simplement pas ! », a répondu le président.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.