Trump Shows His Weakness

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Le président américain, Donald Trump, a fait le jeu d’un autocrate, encore une fois, en décidant sur un coup de tête de retirer les troupes américaines du nord de la Syrie, exposant par le fait même l’allié kurde au feu nourri de la Turquie.

Le Moyen-Orient, cette poudrière instable, se dirige vers une crise humanitaire exacerbée par le retrait américain. Le président Trump a justifié sa décision erratique par sa volonté de laisser les protagonistes du conflit syrien régler leurs comptes entre eux.

Ce désastre permanent qu’est la politique étrangère sous Donald Trump a généré un réalignement majeur et instantané des alliances dans la région.

Dans les derniers jours, le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a intensifié les bombardements contre les positions kurdes en Syrie. L’autocrate turc n’a pas caché ses ambitions de refouler hors de la Turquie la majorité des 3,6 millions de réfugiés syriens qui y ont trouvé refuge depuis le début de la guerre civile, il y a huit ans. Comme il l’a expliqué devant l’Assemblée générale de l’ONU, Erdogan souhaite créer une « zone de sécurité » en territoire syrien, le long de la frontière avec la Turquie, avec 200 000 unités d’habitation pour caser de deux à trois millions de réfugiés. Pour Ankara, ce plan a l’avantage de régler la crise intérieure causée par la présence des réfugiés en sol turc et de faire échec aux volontés autonomistes des Kurdes.

Un plan d’enfer pour embraser la région. Depuis mercredi, les combats ont fait plus de 70 morts et poussé 100 000 personnes à fuir leurs foyers. Les Kurdes, lâchement trahis par les États-Unis, se sont rapprochés du régime de Bachar al-Assad pour se prémunir contre l’offensive turque. Les forces syriennes avancent ainsi dans le nord-est du pays pour la première fois depuis l’éclatement de la guerre civile, permettant à Al-Assad de caresser l’espoir de reprendre le contrôle complet de la Syrie.

Le gouvernement Trump brandit la menace de sanctions si la Turquie va trop loin dans son offensive. Mais comment prendre au sérieux un président qui gazouille une chose et son contraire en lettres majuscules sur Twitter ? Que vaut la parole d’un président qui utilise les voies de la diplomatie internationale, sans vergogne, pour mettre en échec l’adversaire démocrate dans l’élection présidentielle ?

Les États-Unis viennent d’affaiblir encore une fois leur position d’interlocuteur crédible dans la recherche, on ne peut plus complexe, d’une paix durable au Moyen-Orient. L’érosion du prestige et de la parole américaine sera l’un des legs les plus durables de Donald Trump, qu’il soit réélu ou non.

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