Donald Trump : un président, deux Amériques
Les Américains restent très divisés au sujet de Donald Trump. Malgré les scandales à répétition, le président peut toujours compter sur une base solide mais pas forcément suffisante en 2020.
Donald Trump est applaudi à la sortie de la Maison-Blanche. AFP/Nicholas Kamm
Par Yona Helaoua, correspondante à Washington (Etats-Unis)
Le 27 octobre 2019 à 07h10
Depuis la prestation de serment de Donald Trump en janvier 2017, les scandales et les indignations se succèdent sans pour autant faire tomber le président. Même les universitaires qui dénoncent l’inaptitude mentale du milliardaire à exercer la fonction suprême semblent prêcher dans le désert.
Cette semaine encore, un professeur de psychiatrie de l’université du Texas a sonné l’alarme. « Trump n’a ni vision ni plan car il ne peut réfléchir qu’en des termes concrets, élémentaires, enfantins et unidimensionnels », écrit John M. Talmadge, qui conclut : le locataire de la Maison-Blanche est « dangereux ».
« C’est Dieu qui a placé Trump à la Maison-Blanche »
Peu importent les actions récentes du chef de l’Etat qui pourraient apporter de l’eau au moulin de ces scientifiques, les partisans du président lui restent fidèles. Parmi sa base, les éléments les plus solides sont les évangéliques et les républicains qui s’informent principalement sur la chaîne pro-Trump Fox News, selon un sondage du Public Religion Research Institute (PRRI) publié il y a quelques jours.
June Knight, une évangélique rencontrée récemment à Washington, estime que « c’est Dieu qui a placé Trump à la Maison-Blanche ». « Les gens nous disent : Pourquoi votez-vous pour lui alors qu’il fait toutes ces choses insensées ? La vérité, c’est que nous faisons confiance à Dieu. » Et d’ajouter : « Nous sommes dans une vraie guerre pour l’âme de cette nation. »
En bref, ceux qui adoraient Donald Trump en 2016 le soutiennent plus que jamais. Et ceux qui le détestaient le haïssent davantage. Une polarisation relativement stable, même après le lancement d’une enquête parlementaire pour « impeachment » contre lui fin septembre. Certes, une partie des élus pro-Trump est montée au créneau après la décision d’abandonner les Kurdes en Syrie. Pas question cependant pour la majorité républicaine au Sénat de lâcher le président au sujet d’une éventuelle destitution : s’ils veulent être réélus, ces parlementaires doivent rester fidèles au chef.
Certains chiffres pourraient cependant inquiéter le milliardaire. Le sondage de PPRI montre que Donald Trump a plus de chances de perdre des partisans que d’en gagner. Parmi les Américains qui désapprouvent le bilan du président, 75 % estiment qu’il n’y a quasiment rien que ce dernier puisse faire pour gagner leur soutien. A l’inverse, les Américains satisfaits du bilan du milliardaire ne sont que 33 % à affirmer que rien ou presque ne les fera changer d’avis. Or, pour l’emporter en 2020, Donald Trump devra convaincre au-delà de sa base.
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