Iran : un an et demi de «pression maximale» des Etats-Unis
Téhéran subit de plein fouet la politique de Washington, qui a réactivé en mai 2018 les sanctions contre l’Iran. Lequel a en conséquence repris ses activités sur l’atome.
Que veut l’administration américaine ? Plus de dix-huit mois après le lancement officiel de la politique de «pression maximale», diplomates et chercheurs de tous pays s’arrachent les cheveux : la Maison Blanche, soutenue par ses alliés régionaux, notamment l’Arabie Saoudite, aspire-t-elle à un changement de régime à Téhéran ou à l’abandon de toute activité nucléaire, balistique, et toute entreprise de déstabilisation régionale de la part de la République islamique ? Si l’objectif demeure flou, les effets de cette politique sont aussi incertains.
Etranglement.Le rétablissement progressif des sanctions américaines depuis mai 2018 asphyxie l’économie iranienne, qui se contractera de 9,5 % en 2019 selon le FMI, après une récession de 4,8 % en 2018. Le plus douloureux reste l’embargo sur les exportations de pétrole, devenu quasi total au printemps quand Washington a retiré les exceptions jusqu’ici accordées à huit gros clients de brut, dont l’Inde et la Chine. L’Iran exporterait désormais moins de 200 000 barils par jour, contre 2,5 millions avant le rétablissement des sanctions. Cet étranglement affecte la population iranienne, qui peine par exemple à se procurer certains médicaments, des pièces pour des équipements médicaux, ou encore à avoir des comptes chez les géants américains du numérique.
Mais c’est sur le nucléaire à proprement parler que la «pression maximale» américaine a produit les effets les plus spectaculaires. Après avoir respecté sans faille l’accord conclu à Vienne en 2015 avec les grandes puissances, l’Iran a commencé à y déroger au début de l’été. Méthodiquement et par phases de soixante jours. Téhéran veut ainsi contraindre les autres Etats parties à l’accord, surtout les Européens, à respecter leurs engagements, à savoir que l’Iran bénéficie des retombées économiques promises en échange de la mise sous tutelle de son programme nucléaire. Or ceux-ci se sont carapatés dès que Washington a brandi la menace de sanctions, dites «extraterritoriales» car elles frappent aussi les tiers.
Entorse.La République islamique a donc repris ses activités sur l’atome. La dernière «réduction de ses engagements» concerne le site de Fordo, des installations souterraines longtemps restées clandestines et découvertes en 2009, où l’Iran est soupçonné d’avoir fait des recherches de nature militaire. Le 11 novembre, les trois capitales européennes et la cheffe de la diplomatie, Federica Mogherini, se sont alarmées de cette nouvelle entorse. «Extrêmement préoccupées», elles «exhortent Téhéran à revenir sur toutes les mesures contraires [à l’accord]», ajoutant que les «efforts [pour faciliter la désescalade] sont rendus de plus en plus difficiles par les récentes actions de l’Iran».
Ultime source d’inquiétude, à ce stade : l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui supervise les inspections, a révélé dans un récent rapport avoir détecté des particules suspectes, possiblement liées à des activités nucléaires dans un site non déclaré. Comme si les violations calculées et largement mises en scène par le pouvoir iranien ne tendaient pas assez la situation.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.