COP25 : l’éléphant (républicain) n’est pas dans la pièce
La COP25 s’ouvre à Madrid. Sans les Etats-Unis, puisque Washington a officiellement lancé le 4 novembre dernier la procédure de sortie de l’Accord de Paris. Est-ce si grave ? Pour le climat : pas tout à fait sûr. Pour le bon fonctionnement de la planète : oui sans doute.
La nouvelle n’en est pas une. Le 4 novembre, les Etats-Unis ont notifié aux Nations unies leur décision de sortir de l’Accord de Paris . Donald Trump l’avait annoncé avant son élection et confirmé très rapidement. Il n’y a pas eu de bonne surprise. Le deuxième émetteur de la planète sort d’un accord auquel il avait largement contribué. Nous nous souvenons du rôle clef de l’accord passé entre Xi Jinping et Barack Obama quelques mois avant la COP21. L’image était belle. La Chine et les Etats-Unis – plus de 40 % des émissions à deux – avançaient ensemble. C’était il y a 4 ans. Une éternité. Le symbole est lourd. Pour le climat et pour le monde.
La sortie des Etats-Unis envoie un signal fort et négatif à la planète. Une voix s’élève pour nier l’évidence du changement climatique. Elle permet au déni de subsister, et au doute de s’alimenter. C’est le plus grave.
On le voit aux Etats-Unis même, où la fracture est profonde entre républicains et démocrates. Déjà en campagne, ces derniers débattent du « Green New Deal » et placent l’environnement et le climat au premier rang de leurs préoccupations pour l’élection présidentielle. Les républicains, à l’inverse, relèguent ces sujets en dernières priorités et suivent sans ciller leur président.
L’Accord de Paris n’est pas mort
Cela signifie-t-il que l’Accord de Paris est mort ? Non ou alors pas pour cette seule raison. Les engagements, faut-il le rappeler, étaient volontaires et le demeurent. Et nombre de signataires sont loin de leurs engagements. L’ONU l’a rappelé. Quatre ans plus tard, nous sommes loin du compte. Et paradoxalement, ce n’est pas du seul fait américain. Et si les Etats signataires ont par ailleurs un rôle essentiel dans les politiques climatiques, beaucoup dépend également en fait des entreprises, des villes, de la société civile… Et c’est encore plus vrai dans un Etat fédéral. Et quand Washington fait moins, la Californie, par exemple, fait plus, et se fait même poursuivre pour cela par Trump.
La sortie de l’Accord décidée par Donald Trump n’interdit donc pas aux nombreuses bonnes volontés d’agir. Arnold Schwarzenegger, l’ancien gouverneur de Californie, l’avait ainsi résumé : « Ce ne sont pas les Etats-Unis qui sortent de l’Accord, mais le président Trump. » Et les Américains qui continuent à se mobiliser pour le climat vont jouer un rôle décisif.
Retrait du système multilatéral
Mais au-delà du climat, le retrait américain de la COP devient également un nouveau coup porté a l’ordre mondial. Les Etats-Unis ont engagé un vaste mouvement de retrait du système multilatéral et de contestation de règles qui les contraindraient outre mesure. Commerce et climat en sont les déchirures les plus explicites. Mais la liste s’allonge. La poignée de main chinoise n’est plus d’actualité. Sur cela – et peut-être seulement sur cela – démocrates et républicains sont d’accord.
Le degré Fahrenheit – que les Etats-Unis sont parmi les tout derniers à utiliser – devient ainsi l’instrument de mesure de la solitude américaine. Et alors que la planète se réchauffe, le monde risque de se refroidir.
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