US Presidential Election: Kamala Harris Withdraws from the Race

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Présidentielle américaine : Kamala Harris se retire de la course

La sénatrice démocrate ambitionnait de devenir la première femme noire à accéder à la Maison Blanche. Elle a finalement jeté l’éponge.

La campagne pour l’investiture démocrate avait débuté comme l’une des plus ouvertes et des plus diverses de l’histoire. Avec l’annonce, mardi, de la défection de la sénatrice de Californie, Kamala Harris, qui ambitionnait de battre Donald Trump en novembre 2020 et de devenir la première femme noire présidente des Etats-Unis, la course se resserre autour de candidats majoritairement blancs et âgés. Pour l’instant, sur les quinze prétendants encore en lice, seuls six se sont qualifiés pour le prochain débat, le 19 décembre à Los Angeles : l’ancien vice-président Joe Biden, en tête des sondages (27%, selon la moyenne calculée par l’institut RealClearPolitics), les sénateurs Bernie Sanders (16%), Elizabeth Warren et Amy Klobuchar, le maire de South Bend, Pete Buttigieg et le financier milliardaire Tom Steyer.

«Hobby pour milliardaires»

Kamala Harris n’est pas la première candidate à abandonner cette course, extrêmement longue et coûteuse. La sénatrice de New York, Kirsten Gillibrand, et le représentant du Texas, Beto O’Rourke, l’ont notamment précédée. «Ma campagne pour être élue présidente ne dispose tout simplement pas des moyens dont nous avons besoin pour continuer, écrit Harris à ses soutiens. Je ne suis pas une milliardaire. Je ne peux pas financer ma propre campagne», explique-t-elle, visant sans les nommer les milliardaires Tom Steyer et Michael Bloomberg, candidats à la primaire démocrate aux poches profondes.

«Kamala a raison : notre système est profondément défaillant quand des milliardaires peuvent acheter leur ticket d’entrée», lui a emboîté le pas sur Twitter la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, troisième dans la moyenne des sondages (14%) et dont le programme comprend notamment un projet de taxe sur les super-riches. Avant d’en remettre une couche dans un mail de levées de fonds envoyé à ses soutiens : «Faire campagne pour devenir président ne devrait pas être un hobby pour milliardaires qui s’ennuient», écrit la sénatrice du Massachusetts.

Parcours précurseur

La campagne de Kamala Harris avait pourtant démarré fort. Fin janvier, la sénatrice de 55 ans annonçait sa candidature à l’investiture démocrate devant 20 000 supporteurs enthousiastes à Oakland, ville de Californie où elle a grandi. Pendant ces dix mois, de town halls en meetings, elle a déroulé son parcours précurseur. Fille d’immigrés indien et jamaïcain, elle fut la première femme, et la première Afro-américaine, à être élue procureure de Californie en 2011, puis la seconde sénatrice noire de l’histoire américaine lors de son élection en 2016, représentant à la chambre haute l’Etat le plus peuplé du pays.

Ses interventions lors des débats démocrates ont été remarquées, au point de la propulser cet été dans le trio de tête des sondages, et de lui attirer les faveurs de l’establishment démocrate. Mais son évolution tardive sur des sujets chers à la frange progressiste du parti – légalisation du cannabis, lutte contre l’incarcération de masse –, a lesté sa campagne, qui peinait dernièrement à lever de l’argent et à élargir sa base de soutiens. Elle a également envoyé des signaux contradictoires à l’électorat démocrate, soutenant puis se retirant de la proposition d’assurance santé universelle défendue par son adversaire des primaires, le sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders, rendant son programme peu lisible. Des problèmes de gestion interne à sa campagne, avec le départ de certains collaborateurs, avaient été racontés dans la presse américaine ces derniers jours.

Peu avant de jeter l’éponge, l’«une des décisions les plus dures» de sa vie, Kamala Harris avait été reléguée dans les intentions de vote à la sixième place (3,4%). Derrière l’ancien maire de New York, le milliardaire Michael Bloomberg (4%), qui a officiellement lancé sa campagne fin novembre. Avec une entrée en campagne si tardive, le candidat centriste fait un pari aussi osé qu’inédit : il ne se présentera pas dans les premiers Etats qui votent en février (Iowa et New Hampshire), et donnent d’habitude le ton de la suite de la course. Michael Bloomberg ne sera sur les bulletins de vote qu’à partir du Super Tuesday, le 3 mars, lors duquel une quinzaine de primaires se tiennent. Il entend, dans les mois qui viennent, cibler les Etats qui voteront ce jour-là avec de nombreux spots de campagne, grâce à un budget publicitaire record et auto-financé.

«Dommage»

En visite à Londres pour le sommet de l’Otan, le président américain Donald Trump n’a pas manqué de réagir à la décision de Harris. «C’est tellement dommage. Vous allez nous manquer, Kamala !» s’est-il moqué sur Twitter. «Ne vous en faites pas, monsieur le président. Je vous verrai à votre procès», lui a répondu l’élue de Californie, référence à la procédure en destitution qui vise actuellement le président américain et dont le deuxième volet se déroule au Sénat.

Dans son communiqué mardi, Kamala Harris a réaffirmé son engagement dans la campagne et ses principes de rassemblement. Elle pourrait en effet, y ont vu les médias américains, être une colistière de choix pour le candidat qui recevra la nomination du parti cet été, et viser la vice-présidence des Etats-Unis.

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