Goldnadel: «Pour la gauche morale, Trump était condamné d’avance!»
Son mandat présidentiel n’avait pas encore commencé que, déjà, la gauche criait au loup. Pour l’avocat, le moindre prétexte est bon pour nuire au président américain… ce qui ne fait que renforcer sa popularité.
Même les plus grands contempteurs du 45e président des États-Unis s’accordent à reconnaître que la procédure d’empêchement initiée par la Chambre des représentants démocrates risque de se retourner contre ces derniers. Les récents sondages de l’opinion publique américaine montrent également que celle-ci est loin de s’être retournée à la suite de cette tentative de destitution qui risque de tourner court.
D’une certaine manière, l’excès de détestation à l’encontre du président des États-Unis honni lui rallie tous ces gens qui naturellement, d’instinct, et nonobstant leurs tropismes politiques, préfèrent le gibier au chasseur.
Quand on prend date à l’avance, arrive le temps de l’échéance.
Il se trouve que j’avais pris date, dans ces mêmes colonnes, il y a près de deux ans dans un article intitulé: «Donald Trump: chronique d’un lynchage médiatique, intellectuel et artistique».
Le temps est donc venu de rappeler ce dont je prévenais mes lecteurs au lendemain de l’intronisation présidentielle, ce 23 janvier 2017. Extraits:
«Cet article est écrit d’abord pour prendre date: avant d’avoir commis le moindre acte présidentiel condamnable, le 45e président des États-Unis d’Amérique aura été condamné à l’avance par ceux qui disent haïr les préjugés.
Quels que soient les succès et les échecs à venir, l’honnêteté commande d’acter que la planche du premier américain, traité comme le dernier, aura été savonnée comme jamais celle d’un président élu ne l’avait été, quand bien même aurait-il été minoritaire en voix, ce qui est loin d’être un précédent dans ce mode de scrutin.
Il ne s’agit pas seulement d’un procès d’intention à grand spectacle, mais plus profondément d’une contestation de la légitimité même du président élu.
Et pas seulement aux États-Unis, ainsi, sur la radio de service public française, dès le vendredi matin, l’invitée de la matinale de France inter, Sylvie Laurent, historienne écrivant notamment dans Libération, questionnait à voix haute cette légitimité.
Pour expliquer l’absence de tout intellectuel à l’antenne favorable à Donald Trump, Patrick Cohen expliqua ingénument qu’il n’en connaissait pas…
Le ton avait été donné par la même station la semaine précédente, où la préposée à la revue de presse puisait dans un blog semi-confidentiel des éléments invérifiables qui laissaient à penser que le président élu était un fervent adepte de l’ondinisme. «L’humoriste» Sofia Aram ne resta pas évidemment longtemps en reste.
Les mêmes médias qui couvrent de fange la fâcheuse sphère et les fake nauséabonds d’Internet n’hésitaient pas à pratiquer la coprophagie médiatique, comme si, pour contester la légitimité du président impie, les pires moyens devenaient légitimes, dans la grande tradition géométrique et variable de la gauche morale.
Précisons d’abord les termes du débat: on peut, comme l’auteur de ces lignes, ne pas apprécier le style, les propos, la mentalité du président américain, qui se caractérisent, pour l’écrire simplement, par la vulgarité. Pour autant, il n’est pas interdit et il s’imposerait même d’éprouver un sentiment de révolte contre la contestation de nature fascisante du verdict des urnes et la forme de celle-ci, qui a l’apparence d’un début de guerre civile.
Cette guerre civile est déclarée entre le monde virtuel d’Hollywood et le monde réel des ouvriers et des classes moyennes qui ont remis le pouvoir à Donald Trump. Nul n’en connaît encore l’issue. Nul n’est capable de dire qui l’emportera entre les hérauts de la poésie politique et le nouveau héros du réalisme brut.
Mais à l’aube de cette guerre sans merci, l’honnêteté intellectuelle et morale commande d’écrire que ce sont les soi-disant antifascistes qui l’ont déclarée, et avec des méthodes fascisantes qui donnent la nausée.
C’est ainsi que Jennifer Holliday, chanteuse noire de renom, est venue expliquer à la télévision pour quelles raisons, après avoir accepté, elle avait finalement refusé de chanter pour l’investiture du président.
Elle avait pensé qu’il s’agirait d’un moment d’unité mais «n’avait pas réalisé que les gens n’avaient pas accepté le résultat de l’élection».
Le lendemain de l’annonce de son acceptation, Jennifer découvrait des milliers de tweets vengeurs la traitant de «traître à sa race», et de «négresse». «J’ai reçu des menaces de mort, des appels à me suicider, c’était horrible». Holliday a été triste de constater que beaucoup de ces messages venaient de sa communauté noire, notamment de l’organisation radicale Black Lives Matter, celle-là même avec laquelle le président Obama s’était rapproché dans les derniers moments de son mandat.
Dans les universités américaines aussi, la guerre civile est déclarée.
À Georgetown, la professeur April Sizemore-Barber a été jusqu’à accorder des bons points académiques aux élèves qui assistaient à une formation anti-Trump destinée «à semer les graines de la libération».
Une autre enseignante a harcelé sa consœur musulmane, Asra Nomani, qui avait avoué publiquement avoir voté Trump: «Je vous ai proscrit de la race humaine depuis que votre vote a aidé à normaliser les nazis».
Dans cette même veine anti nazie, digne de la pensée d’un Peillon ou d’un Mélenchon, on manifeste dans les campus contre l’arrivée d’Hitler en Amérique. Dans son excellent article du Figaro daté du 20 janvier, Laure Mandeville décrit ces militants noirs du Parti Communiste révolutionnaire criant: «Ne voyez-vous pas que Trump fera aux musulmans ce qu’Hitler a fait aux juifs!…»
Voilà donc ce qui s’écrivait, ce qui se disait sur le président élu démocratiquement avant même qu’il n’ait réalisé le moindre acte ou commis le moindre impair. Depuis, la guerre civile s’est poursuivie entre les deux camps et le langage employé à l’égard du président honni n’a pas changé de nature. Donald Trump a été également accusé d’être un antisémite et un nazi en dépit du fait que son gendre est juif et de son soutien à l’État du même nom. Il a été accusé sans preuves par plusieurs femmes de harcèlement et de viols, et soupçonné d’intelligence avec l’adversaire russe avant que d’être mis hors de cause. Stormy Daniels, ancienne actrice de porno, avec laquelle il avait entretenu des rapports intimes, a tenté de le faire chanter à nouveau après qu’il ait payé le prix de la tranquillité espérée. Cela n’a pas choqué. Elle a ironisé publiquement sur la taille et la forme du sexe viril présidentiel. Cela a fait rire une certaine Amérique ordinairement puritaine.
Arrive à présent la procédure dans laquelle il est reproché au président, non sans éléments factuels embarrassants, d’avoir fait pression sur son homologue ukrainien pour obtenir des renseignements compromettants sur le fils de son rival le plus sérieux. Les juristes les plus impartiaux ne sont pas sûrs pour autant qu’un tel comportement légitime juridiquement un empêchement.
La procédure utilisée urgemment par les démocrates devant la Chambre a été expéditive et a privé le président du bénéfice d’un avocat. À présent que le vote partisan a été obtenu, voici que ces derniers rechignent à saisir prestement le Sénat républicain qui les attend de pied ferme avec le même empressement.
Mais mon propos est ailleurs. Je viens écrire ici, et dans le prolongement de mon article d’il y a deux ans, que les adversaires de Trump auraient dû méditer l’histoire de Pierre et le loup.
À force de présenter Trump comme le loup ou, pire encore, comme le diable à la queue fourchue, plus personne n’y croit. Même les succès économiques indéniables remportés par Donald Trump ont été occultés, minimisés ou tournés en dérision. La presse mainstream américaine, dominée par la gauche morale, a agi comme Pierre et tiré toutes ses cartouches. Plus personne ne la croit car plus personne ne l’écoute vraiment.
Mais plus profondément, il y a plus grave pour la gauche médiatique.
Celle-ci n’est pas seulement victime du syndrome de Pierre et du loup. Elle est également victime de désaffection. La gauche morale, précisément en raison de ses méthodes et du fait également que nombre de ses membres ont été confondus d’hypocrisie, à commencer par les artistes d’Hollywood, a perdu précisément non seulement sa crédibilité mais encore son magistère intellectuel et moral.
Ces excommunications ne font plus grand mal.
J’irai même plus loin, et cela ne concerne pas que le président américain. Cela concerne Johnson, Salvini, Orban ou d’autres encore.
Les leaders populistes, quand ils ne sont pas en odeur de sainteté dans le chœur de l’église cathodique n’en sont que plus populaires dans le cœur des populations délaissées.
Quelqu’un de systématiquement diabolisé par les élites à préjugés ne peut pas être tout à fait mauvais.
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