Mort de Qassem Soleimani: l’option va-t-en-guerre de Trump
«Un bâton de dynamite dans un baril de poudre.» Si Joe Biden, l’ancien vice-président américain et spécialiste des relations internationales s’est évidemment bien gardé de pleurer sur le sort de Qassem Soleimani, la réaction de l’actuel candidat à la primaire démocrate en dit long sur le risque d’escalade dans les relations entre les Etats-Unis et l’Iran, et donc sur les menaces que fait peser la mort de ce général très proche du Guide suprême iranien sur la situation déjà très tendue en Irak mais aussi dans la région tout entière. Un autre candidat à la primaire démocrate, Bernie Sanders, a lui évoqué la crainte «d’une autre guerre désastreuse au Moyen-Orient». Côté iranien, avant même la tenue aujourd’hui d’un conseil de sécurité nationale qui se penchera en urgence sur la réponse à donner au raid américain sur le tarmac de l’aéroport de Bagdad, qui, outre le chef des forces spéciales des Gardiens de la révolution, a fait huit autres victimes, les appels à la «vengeance» se sont multipliés. Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a promis «une vengeance implacable contre les criminels» américains. Le président Hassan Rohani a lui appelé «les nations libres de la région» à prendre leur «revanche sur l’Amérique criminelle».
La mort du général iranien, héros des précédentes guerres contre les Etats-Unis, véritable star politico-militaire dans son pays, ouvre sans nul doute une dangereuse phase d’incertitudes. Un tournant explosif dans la longue montée de tensions engendrées par la dénonciation par Donald Trump de l’accord international sur le nucléaire iranien. Tensions qui ces derniers mois, et plus encore ces derniers jours avec l’attaque de l’ambassade américaine à Bagdad par des milices pro-iraniennes, s’étaient largement accrues. Le risque désormais majeur : voir l’Irak, paradoxalement allié des Etats-Unis et de l’Iran, se transformer en terrain d’affrontements entre les deux puissances.
Revendiquée plutôt sobrement par la Maison Blanche, dans l’échelle trumpienne des tweets, l’attaque de l’armée américaine laisse songeur quant à la stratégie présidentielle au Moyen-Orient. Elle a été évidemment saluée par les faucons du camp républicains, partisans de «la pression maximale» sur Téhéran. Mais elle percute de front la promesse de Trump de se désengager militairement de la région. Promesse déjà largement entamée. Mais à quelques semaines de son procès lié à la procédure d’impeachement, et surtout à l’orée de sa campagne pour sa réélection, le président américain a manifestement privilégié l’option va-t-en-guerre. Au risque d’enclencher une situation incontrôlable.
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