The United States: 2 Faces of Populism

 

 

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Etats-Unis : les deux visages du populisme

Le « Super Tuesday » pourrait consacrer la victoire de Bernie Sanders à l’investiture démocrate. Autrement plus sympathique que Donald Trump, le « socialiste » n’en est pas moins populiste et dangereux pour le pays.

Les Américains devront-ils choisir entre la peste et le choléra ? Face à Donald Trump, les chances sont grandes de voir Bernie Sanders porter les couleurs de la gauche lors de la prochaine élection présidentielle de novembre. Le doyen des démocrates – qui est aussi le plus extrême – a remporté de belles victoires dans le New Hampshire et le Nevada . S’il rafle encore la mise ce mardi, à l’occasion du « Super Tuesday », il sera quasi-certain de ravir l’investiture en juillet.

Vu d’Europe, l’élu du Vermont semble autrement plus sympathique et inoffensif que Donald Trump. Il galvanise la jeunesse comme personne , défend des causes nobles (accès à la santé, lutte contre les inégalités, etc.) et affiche une rare constance politique – à la différence d’un Bloomberg ou d’un Trump qui ont oscillé entre gauche et droite au gré des courants. Il se dit démocrate et socialiste, laissant penser à beaucoup qu’il n’est finalement rien d’autre qu’un social-démocrate à l’européenne.

Révolutionnaire

Ses propositions vont pourtant bien au-delà des mesures mises en oeuvre chez nous. Sous couvert de défendre un programme social et redistributif, il parvient à en cacher le côté brutal et révolutionnaire . Il propose, par exemple, d’extorquer 20 % du capital des grandes entreprises pour le confier aux salariés. Il souhaite inscrire dans la loi le droit de chaque Américain à disposer d’un « job ». Il veut bannir la chose qui a certainement le plus contribué à la prospérité américaine ces dix dernières années : le gaz de schiste. Il veut réduire de moitié la fortune des milliardaires dans un horizon de 15 ans.

L’homme, qui n’a que l’universalité à la bouche, leur offre en parallèle des cadeaux insensés, telles la garde d’enfant et l’université gratuites pour toutes les familles. C’est la promesse de voir les dépenses publiques doubler, alors que la dette du pays dépasse déjà 80 % du PIB. Il partage avec Donald Trump la volonté de freiner le commerce mondial. Il exploite la même haine des élites et de l’ordre établi. Ce filon, on ne le connaît que trop bien : c’est celui du populisme qui a déjà conquis l’Italie, le Royaume-Uni, le Brésil… et les Etats-Unis. Alors que les Américains vivent la plus longue période de croissance de leur histoire, et ne connaissent plus le chômage, les voilà dont prêts à troquer un populiste pour un autre. Les candidats modérés, jusqu’alors trop nombreux pour percer dans cette course à l’investiture, ne peuvent en vouloir qu’à eux-mêmes.

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