Même chez eux, le ton a changé. Donald Trump et Jaïr Bolsonaro faisaient encore partie il y a quelques jours de ce qu’on pourrait appeler les « corona-sceptiques ». Jeudi dernier, le président américain pariait sur une sortie de crise avant Pâques. Quant au dirigeant brésilien, ses multiples messages qualifiant le virus de « petite grippe » ont dû être supprimés par les réseaux sociaux Facebook et Instagram, par crainte d’aggraver la situation sanitaire.
Mercredi 1er avril, l’un et l’autre ont adopté un ton sinon plus modeste, en tout cas beaucoup plus responsable : ils préparent les esprits à un bilan très lourd, appellent leurs populations à respecter les mesures de confinement, et ne défendent plus la priorité de l’économie sur la santé publique.
Deux leçons à tirer de ce revirement. La première, sur les populismes. À l’ère de la post-vérité, on peut certes bâtir une campagne électorale sur des « faits alternatifs ». Mais à l’épreuve du pouvoir, le réel finit toujours par s’imposer.
La deuxième leçon vaut pour tous les responsables politiques. Trump et Bolsonaro ne sont pas les seuls à avoir tardé à prendre la mesure de cette crise hors-norme. Tous, quels que soient le régime, les convictions, les caractères, ont tâtonné, parfois tergiversé, pour finalement adopter des stratégies qui – peu ou prou – se ressemblent, basées sur un strict confinement. Dans la plupart des pays, la prise de conscience a été laborieuse, comme le montrent les nombreuses contradictions dans les discours de ces dernières semaines. Hésitations inévitables, car l’événement est inédit. Mais, maintenant que la pandémie est là sous nos yeux, avec ses conséquences dramatiques, plus aucun responsable public ne peut laisser planer le moindre doute sur la dangerosité du Covid-19. L’inverse, notamment dans les pays les plus pauvres, serait criminel.
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