Powerlessness

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Première puissance mondiale : la formule consacrée, qui classe les États-Unis au faîte des nations, n’a sans doute jamais été aussi inappropriée. À tel point que, face à la crise sanitaire qui attaque la société américaine sur ses bastions fondamentaux, beaucoup d’observateurs ont trouvé une nouvelle expression : la première impuissance mondiale. Au-delà de l’astuce langagière, reconnaissons que la situation a viré à la catastrophe, révélant hélas ce que nous savions. Non seulement les États-Uniens font les frais d’un système de santé ­défaillant et inégalitaire au dernier degré, mais ils paient la gestion démagogique de leur président.

L’effet boomerang est terrifiant pour Donald Trump. Le 8 mars, critiqué pour son attentisme face à la pandémie, il répondait : « Fake news. » Six semaines plus tard, l’épicentre de l’épidémie se trouve au cœur de l’empire, où elle a déjà tué 40 000 personnes – bilan record en cours. Au pays du laisser-faire et de la prospérité financière sans limites, un malheur n’arrive jamais seul. Il y a d’abord les morts et les fosses communes, sachant que le Covid-19 s’acharne prioritairement sur les plus faibles, les plus pauvres, toutes ces minorités par millions qui ne disposent pas d’assurance-maladie. Il y a ensuite l’épouvante sociale qui se traduit par un choc historique sur l’emploi. En un mois, la crise a envoyé 22 millions de personnes au chômage. Pour bien se rendre compte de l’ampleur du drame, il suffit d’imaginer que cela représente huit chômeurs supplémentaires par seconde. Et quand on connaît le niveau de protection sociale comme celui des droits des travailleurs…

Car, pendant ce temps-là, Donald Trump entreprend à peu près tout le contraire de ce qu’il devrait faire. Voulant détourner l’attention sur sa gestion calamiteuse de la crise, il continue de souffler sur les braises de la discorde, coupe les vivres à l’OMS, accuse la Chine, entend rouvrir l’économie à tout prix… et il finit par déclarer une guerre pour le moins sélective à des gouverneurs d’États démocrates. Il espère ainsi se dédouaner si le déconfinement venait à dérailler. Un réflexe électoraliste grossier et minable. À l’image du personnage.

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