L’élection américaine n’a lieu que dans quatre mois, mais elle prend déjà un tour hors-norme. Joe Biden a annoncé mardi 30 juin qu’il n’organisera pas de meetings, à l’opposé de Donald Trump, qui, lui, joue la carte de la normalité.
À quoi ressemblera la course à la Maison-Blanche cette année ? Les Américains doivent voter dans quatre mois, le 3 novembre, mais la pandémie bouscule déjà l’organisation de ce qui, habituellement, obéit à des règles et pratiques codifiées, avec pour temps forts les conventions, les meetings et les débats télévisés.
Pas de meetings pour Joe Biden
Joe Biden a surpris en annonçant, mardi 30 juin, faire l’impasse sur les rassemblements électoraux. « Je vais suivre les consignes du docteur, pas juste pour moi mais pour le pays. Et cela veut dire que je ne vais pas organiser de meetings », a-t-il déclaré. « Il s’agit de la campagne la plus étrange de l’histoire moderne, me semble-t-il », a reconnu le vétéran de la politique américaine, âgé de 77 ans.
Cette annonce du candidat démocrate intervient alors que la pandémie, qui semblait sous contrôle dans les régions violemment touchées initialement (Nord et Nord-Est), s’aggrave dans le Sud et l’Ouest. Le pays bat régulièrement des records du nombre de nouveaux cas confirmés par jour – plus de 40 000 -, même si le nombre des morts reste, pour l’heure, stable, autour de 500 décès quotidiens.
Annulation ou maintien des conventions ?
Pour l’heure, la question la plus urgente pour les deux campagnes est celle des conventions, ces grands rassemblements de délégués venus de tout le pays pour investir les candidats pendant l’été. Les démocrates, qui devaient se réunir en juillet à Milwaukee, dans le Wisconsin, un État démocrate remporté par Donald Trump en 2016, ont reporté l’événement au mois d’août, avant d’annoncer des activités très réduites.
Le locataire de la Maison-Blanche, lui, prétend mener une campagne normale et insiste pour avoir sa convention. Initialement prévue en Caroline du Nord, elle doit finalement avoir lieu fin août en Floride, après le refus du gouverneur démocrate de Caroline du Nord de donner son feu vert, pandémie oblige.
Une campagne hors nome
Comme toute décision forte à l’approche d’une élection, l’annonce de Joe Biden, candidat de l’empathie, comprend une part de risque. Sur le fond d’abord. Car, faute de meetings, la campagne ne se mènerait donc plus que sur les réseaux sociaux et sur les plateaux de télévision, terrains favorables à Donald Trump. Trois débats télévisés entre candidats sont prévus en septembre et en octobre et Joe Biden, réputé pour ses gaffes, ne brille pas dans cet exercice.
Sur la forme ensuite. Elle rappelle l’initiative de John McCain qui, lors de la crise financière de 2008, avait suggéré d’annuler les débats télévisés pour se consacrer entièrement, démocrates et républicains réunis, à la survie du système bancaire.
Une campagne hors-norme
Ce qui lui avait attiré une remarque cinglante de Barack Obama, soulignant qu’un président devait être capable de s’attaquer à plusieurs problèmes à la fois… « Disons que cette décision de Joe Biden, alors qu’il peut encore se passer beaucoup de choses, ne renvoie pas une image de grande combativité », résume Marie-Cécile Naves, chercheuse à l’Iris.
Même si les Américains ne voteront que dans quatre mois – ce qui est une éternité dans une vie politique habituée aux surprises et aux coups bas – cette campagne 2020 promet déjà d’être hors norme. Cela complique encore la tâche des deux camps, qui devront en permanence s’adapter à un terrain mouvant.
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