Donald Trump, President of Disorder

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Avec le retrait des troupes fédérales, les démonstrations de force du président américain pour tenter de contenir les manifestations à Portland ont tourné court. Et s’apparentent à un aveu de faiblesse.

La saison des campagnes électorales est propice aux coups de menton. A la veille des élections américaines de mi-mandat, en novembre 2018, Donald Trump avait déjà jugé impératif le déploiement de plus de 5 000 soldats sur la frontière avec le Mexique. Les Etats-Unis, assurait-il, étaient sous la menace de « caravanes » de migrants. Le ton alarmiste adopté par le président n’avait pas empêché la déroute du camp républicain à la Chambre des représentants, et Donald Trump n’avait plus évoqué ce péril présenté comme imminent.

Deux ans plus tard, le président a tenté de mettre à profit les troubles qui accompagnent des manifestations contre les violences policières à Portland, dans l’Oregon, pour afficher à nouveau une posture martiale. Sous l’autorité de son ministre de la justice et du secrétaire à la sécurité intérieure, un poste créé après les attentats du 11-Septembre, des forces fédérales ont été dépêchées sur place officiellement pour protéger des bâtiments fédéraux.

Le résultat a été spectaculaire. Au lieu de ramener le calme, ces forces de sécurité, peu rompues aux techniques du maintien de l’ordre, ont attisé les passions. Au point que leur retrait apparaît désormais comme un indispensable geste d’apaisement.

Après la mort à Minneapolis (Minnesota) de George Floyd, un Afro-Américain étouffé par le genou d’un policier blanc, des pillages et des actes de vandalisme qui avaient accompagné des marches pacifiques ont incité Donald Trump à se présenter le 1er juin comme le « président de la loi et de l’ordre », reprenant à son compte le slogan de Richard Nixon qui avait propulsé ce dernier à la Maison Blanche en 1968, après les émeutes provoquées par l’assassinat de Martin Luther King.

Tentative de diversion

Le président des Etats-Unis a cependant aussitôt alimenté les interrogations sur sa sincérité en faisant évacuer, manu militari, les manifestants non violents qui s’étaient rassemblés à proximité de la Maison Blanche pour poser, une Bible à la main, devant une église qui avait subi des dégâts mineurs la nuit précédente.

Le déploiement de Portland est apparu également comme une tentative de diversion assez grossière par rapport au principal sujet de préoccupation de ses concitoyens : l’épidémie de Covid-19 qui poursuit ses ravages aux Etats-Unis avec plus de 150 000 morts. L’équipe de campagne du président sortant a d’ailleurs multiplié les publicités politiques anxiogènes, mettant en scène l’Amérique livrée au chaos qui ne manquerait pas de se matérialiser si l’adversaire démocrate du président, l’ancien vice-président Joe Biden, remportait l’élection de novembre.

Ces opérations de communication ont tourné court. Des sondages convergents indiquent qu’en dépit des messages promettant, en lettres capitales, « LAW AND ORDER », multipliés sur le compte Twitter présidentiel, Joe Biden est considéré par une nette majorité de personnes interrogées comme le candidat le mieux à même d’assurer la sécurité des Américains.

Sans doute, les exhortations de Donald Trump permettent de garder mobilisée une base électorale déterminée à le soutenir, quel que soit le bilan d’un printemps puis d’un été de crises, sanitaire, économique et sociétale, qui pour l’instant est très loin d’être en sa faveur. Finalement, ces démonstrations de force s’apparentent à un aveu de faiblesse face à une situation qu’il peine à maîtriser. En apparaissant comme le président du désordre, Donald Trump aborde l’élection du 3 novembre sur la défensive.

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