America First (Soon)? Not Impossible

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America (soon) First ? Pas impossible

Les Etats-Unis vont dépasser la France dans les heures qui viennent dans le palmarès macabre du coronavirus. Et ils vont continuer à progresser dans ce classement alors qu’ils auraient dû apprendre des leçons européennes.

Ce n’est pas l’indicateur le plus suivi, auquel sont préférés les chiffres bruts des personnes contaminées et décédées. Mais la létalité du coronavirus rapporté à la population de chaque pays est assurément un critère pertinent (même grossier) pour évaluer les succès ou les échecs de la lutte contre l’épidémie. Eh bien, les Etats-Unis s’apprêtent hélas pour eux à doubler la France à ce palmarès macabre. Si la courbe ne s’aplatit pas, ils vont même continuer à remonter le classement à grande vitesse.

Selon le site de John Hopkins University , leur « score » actuel (44,11 morts pour 100.000 habitants) est à peine en-dessous de celui de notre pays (45,06). Il ne peut que monter car hier, le nombre de décès quotidien s’est élevé pour le troisième jour consécutif à plus de 1.000, sachant que c’est là le résultat des contaminations d’il y a trois ou quatre semaines. Or, il y a actuellement encore plus de 2.600 contaminations par heure Outre-Atlantique, un rythme sans équivalent dans le monde, rapporte l’AFP.

Moindre densité

Des commentateurs français se demandent souvent pourquoi les Etats-Unis sont tant montrés du doigt depuis des semaines alors que la France était jusqu’à maintenant moins bien placée dans le classement. C’est oublier trois choses. Un : la contagion est logiquement plus forte dans un pays trois fois plus dense comme la France. Deux : le gouvernement américain a eu deux mois de plus pour se préparer et la prise en charge médicale a progressé. Trois : le virus semble moins dangereux.

Les leçons de cette photographie instantanée ne sont pas sans intérêt. Avec un virus probablement moins virulent, les Etats-Unis ont un nombre de malades graves et de décès élevé, ce qui veut dire qu’une partie importante de la population, là-bas, souffre de morbidités diverses ou a difficilement accès aux meilleurs soins disponibles – pour des raisons financières. En France, personne ou presque n’est privé de ce que le pays peut offrir de mieux et pour un coût généralement faible ou nul.

1er virus électoral ?

Les Etats-Unis seront par ailleurs peut-être le premier pays au monde où l’épidémie et ses bientôt 150.000 morts provoque un basculement électoral. D’ici le 4 novembre, le sujet restera de toute évidence central dans la vie politique américaine : Donald Trump continue de minimiser le danger tout en s’étant rallié, forcé, au port du masque, comme le montre cette vidéo – et tout en détournant l’attention en durcissant le ton sur la Chine. Son adversaire Joe Biden pilonne quant à lui efficacement sur le bilan du président en place, avec le soutien appuyé de Barack Obama .

Peut-être un jour, ce qui se passe ailleurs poussera les Français à reconnaître que la pandémie n’a finalement et au bout du compte pas été si mal gérée. Mais c’est sans doute beaucoup demander dans un pays où la critique des pouvoirs publics et privés quels qu’ils soient est une première nature -même pas une seconde.

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