En choisissant Kamala Harris comme colistière, Joe Biden lance une campagne qui ne fera pas de quartier à Donald Trump, tout en ménageant les appuis du Parti démocrate.
Le choix de la sénatrice et ancienne Attorney General de la Californie – née d’une mère indienne et d’un père jamaïcain – était attendu, mais il n’en est pas moins audacieux et inspirant.
Joe Biden avait promis qu’il s’adjoindrait une femme et, parmi la demi-douzaine d’aspirantes sérieuses, Kamala Harris était favorite.
Que signifie ce choix ?
Rembourser des dettes
Après avoir passé son tour en 2016 en partie parce qu’il souhaitait voir une femme accéder à la présidence, personne n’a été étonné de voir Biden réserver la deuxième place de son ticket à une femme.
Les femmes noires sont une source indéfectible d’appui pour les démocrates depuis longtemps et il était temps qu’elles reçoivent ce genre de reconnaissance. Joe Biden avait aussi une forte dette envers l’électorat afro-américain qui l’a propulsé en tête de la course démocrate lors des primaires de la Caroline du Sud.
Son choix n’était pas dicté par des considérations régionales, puisque la Californie lui est acquise. Les démocrates souhaitent quand même rattraper les quelques points perdus par Hillary Clinton chez les Afro-Américains en 2016. Un déplacement de quelques dizaines de milliers d’électeurs d’origine indienne dans quelques États clés ne nuirait pas non plus.
Progressiste, mais pas trop
En campagne aux primaires, Kamala Harris s’était identifiée aux progressistes – un choix risqué, car ce terrain était dominé par Bernie Sanders et Elizabeth Warren –, mais son passé de procureure plutôt dure l’a rendue suspecte pour certains puristes de gauche. L’expérience, c’est bien, mais ça vient avec du bagage.
Harris donne au ticket de Biden une touche de progressisme qui l’aidera à rallier la gauche du Parti sans s’aliéner les électeurs modérés, moins bruyants, mais beaucoup plus nombreux.
Sous la peau de Trump
Le président a eu beau dire mardi qu’il était étonné de ce choix d’une colistière « faible », son comportement erratique trahissait sa nervosité devant ce choix.
Redoutable débatteuse, Kamala Harris donnera du fil à retordre à Mike Pence – si l’épouse de ce dernier lui donne la permission de partager la scène avec une autre femme, mais Donald Trump sait aussi qu’elle est une des voix les plus efficaces pour exposer les multiples poursuites criminelles qui lui pendent au-dessus de la tête.
Harris ne s’en laisse pas imposer par l’Intimidateur en Chef, qu’elle sait faire sortir de ses gonds. Donald Trump lui a déjà trouvé quelques épithètes peu flatteuses qui oscillent invariablement entre le racisme et le sexisme. Certains apprécient, mais ce genre de dinosaures est en voie d’extinction.
L’histoire de cette fille d’immigrants qui a passé son adolescence à Montréal est inspirante. Si Joe Biden l’emporte et qu’il décide sagement de ne pas défier les tables actuarielles en 2024, elle serait alors une candidate logique à sa succession. On n’a pas fini d’entendre parler de Kamala Harris.
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