Peace as a Campaign Promise

 

 

<--

Le ton de la campagne présidentielle américaine a été donné. On joue sur la peur, la société qui se déchire, la menace de plus de violence encore. Pourtant, on percevait un autre type d’effervescence à la Maison-Blanche la semaine dernière. Se préparerait-on à nous servir une mythique « October surprise » ?

Ces « surprises d’octobre » sont devenues la bête noire des campagnes politiques américaines. Elles font référence à ces événements inattendus qui viennent bousculer la lutte électorale à quelques jours, au plus quelques semaines, du scrutin.

En 1972, une dizaine de jours avant le vote, Henry Kissinger, le conseiller à la Sécurité nationale du président Richard Nixon, avait déclaré que la « paix était à portée de main » au Vietnam. Le démocrate George McGovern ne s’en est jamais remis.

Plus récemment, à l’intérieur de trois semaines en octobre 2016, une bande vidéo d’Access Hollywood nous faisait entendre un Donald Trump obscène et vulgaire, alors que sa rivale démocrate, Hillary Clinton, se retrouvait, une nouvelle fois, empêtrée dans une enquête du FBI sur ses courriels.

Cette année, la « surprise d’octobre » pourrait bien se pointer un peu plus tôt et venir du bout du monde. Ça nous changera, c’est sûr, de Portland et de Kenosha.

« THE ART OF THE DEAL » À L’ŒUVRE

Le président Trump n’a pas un gros bilan diplomatique à offrir aux Américains. Il soutient régulièrement que ses rencontres avec Kim Jong-un ont sauvé le monde d’une guerre entre les États-Unis et la Corée du Nord. Peut-être, mais les experts s’entendent pour estimer que les Nord-Coréens n’ont rien cédé quant à leurs capacités nucléaires.

En campagne électorale il y a quatre ans, l’homme d’affaires avait orgueilleusement promis la paix au Proche-Orient. Il avait confié le dossier à son gendre, Jared Kushner, qui a fini par pondre un plan de paix, froidement reçu dans la région. Sauf que Kushner n’a pas baissé les bras.

Lundi dernier, dans la suite de l’accord de normalisation de leurs relations diplomatiques annoncé à la mi-août, le gendre-en-chef prenait place à bord du premier avion faisant la liaison entre Tel-Aviv et Abu Dhabi, capitale des Émirats arabes unis. Le richissime État du golfe Persique est devenu le troisième pays arabe après l’Égypte et la Jordanie à faire la paix avec Israël.

DÉTOURNER L’ATTENTION

La Maison-Blanche compte exploiter ce moment au maximum. On évoque une conférence de paix régionale, qui aurait lieu dans un des États du golfe et qui préparerait le terrain à l’établissement de relations entre Israël et plusieurs autres États arabes : Oman, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. D’ici là, une très officielle cérémonie de signature entre Benjamin Netanyahou, le premier ministre israélien, et le cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, prince héritier d’Abu Dhabi, pourrait se tenir à Washington. Pour un président qui raffole des grandes mises en scène, il offrirait certainement tout un spectacle.

La question est de savoir si ce coup d’éclat impactera de quelconque façon l’élection de novembre. Fera-t-il le poids face aux bavures policières, aux émeutes, aux discours provocateurs de Donald Trump et aux tentatives de réponses apaisantes de Joe Biden ? J’en doute. Cela dit, pour ceux qui en ont assez de tout ce tapage, ça leur changera les idées.

About this publication