Indécence à la Maison-Blanche
Encore contagieux, Donald Trump continue de minimiser la dangerosité du Covid-19 et de prendre des risques. Sa priorité: démontrer qu’il est puissant, prêt au combat, alors que la Maison-Blanche est désormais un foyer de pandémie.
En décidant, lundi, de quitter l’hôpital alors qu’il est encore contagieux et sous stéroïdes, Donald Trump a provoqué perplexité et interrogations dans le monde médical. Mais ce n’est pas tout. Le président des Etats-Unis a fait de sa sortie un spectacle, avec une mise en scène savamment orchestrée. D’abord, en l’annonçant lui-même par tweet, en court-circuitant ses médecins, avec ces phrases stupéfiantes dans un pays où le Covid-19 a déjà tué plus de 210 000 personnes et infecté 7,4 millions d’autres: «N’ayez pas peur du covid. Ne le laissez pas dominer votre vie.» Ensuite, par un geste. Arrivé à la Maison-Blanche, il a très vite arraché son masque. Sa priorité: être immortalisé par le photographe officiel devant un drapeau américain et apparaître comme un homme invincible, les pouces levés. Sans masque.
Un danger pour autrui
Le geste choque. Faut-il le prendre comme un pied de nez, une volonté de minimiser une nouvelle fois la pandémie et de faire croire qu’il a terrassé le virus? Il dénote surtout une grande irresponsabilité. Parce que Donald Trump est encore malade et «peut-être pas encore tout à fait tiré d’affaire», comme le relevait quelques heures plus tôt son médecin, Sean Conley. Il subit un traitement lourd, réservé aux cas graves. Un retour précipité à l’hôpital militaire de Walter Reed, en cas de dégradation de son état de santé, constituerait un épisode difficile à gérer. Mais le geste est surtout irresponsable parce que Donald Trump représente un danger pour autrui.
La Maison-Blanche est désormais un foyer de pandémie. Dans l’entourage du président, les résultats de tests positifs au Covid-19 tombent les uns après les autres. La liste s’allonge. Parmi ses collaborateurs, la dernière en date est sa porte-parole Kayleigh McEnany. On imagine aisément le personnel de maison horrifié de devoir travailler dans un tel environnement, avec un risque de contamination mortelle. De même que les agents du Secret Service chargés de la protection rapprochée du président.
Lors du premier débat présidentiel, Donald Trump n’avait pas respecté les règles établies. Il est arrivé trop tard pour se faire tester. Et les membres de sa famille ont enlevé les masques à peine installés, presque comme une posture politique. Rien de tel dans le camp du démocrate Joe Biden. Pendant le débat, le président s’est ensuite moqué de son adversaire, «qui porte toujours un énorme masque».
Désormais touché par le Covid-19 mais soucieux de ne pas apparaître vulnérable – il serait pourtant passé par des moments d’inquiétude –, Donald Trump veut à tout prix démontrer qu’il est de retour sur le ring de campagne, prêt à affronter la dernière ligne droite. Qu’il ne lâche rien. Qu’il arrive à grimper les escaliers de la Maison-Blanche pour rejoindre le balcon Truman, des escaliers qu’il n’emprunte habituellement pas. N’a-t-il pas été jusqu’à tweeter, en annonçant sa sortie de l’hôpital: «Je me sens mieux qu’il y a 20 ans»? Voilà qui est presque une invitation à attraper le coronavirus. En attendant, son médecin refuse toujours de dire de quand date son dernier test négatif.
Son expérience de la pandémie, une fois guéri, aurait pu lui être profitable. Avec de l’humilité et de la compassion, il aurait pu la tourner à son avantage. Au lieu de cela, Donald Trump véhicule une image de négligence, voire d’arrogance. Contaminée, la Maison-Blanche devient plus que jamais le symbole de sa gestion désastreuse de la pandémie.
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