Even if big tech firms are increasingly competing among themselves, market forces won’t be enough to regulate their technological and information oligopoly.
After the banning of Huawei, the exclusion of TikTok and WeChat in the United States echoes as a sign of weakness on the part of the American government and democracies in general. It underscores the need to quickly develop a new governance for the digital space.
Has the world emerged stronger from banning Huawei and excluding TikTok and WeChat in the United States? No, it is a triple sign of weakness. First, it demonstrates the weakness of the U.S. in facing China’s economic power. The primary purpose of these protectionist measures, under the cover of security considerations, is to protect American supremacy in a multipolar world that is increasingly challenging it. Admittedly, with $900 billion in combined sales revenue for Google, Apple, Facebook and Amazon in 2019, big U.S. tech firms weigh much more than the $132 billion earned by the Chinese BATAB - Baidu, Alibaba, Tencent, ANT Group and ByteDance. But these are growing rapidly, and most importantly, some key technologies like 5G are now largely eluding the U.S.
Failure of States and Democracies
Second, it signals the weakness of states that seek to enforce, in a more or less brutal fashion, their Westphalian sovereignty on their share of digital space in the face of accelerating globalization and all-powerful big tech firms. These companies, which have a “police right” over this new public space defined by social networks, take on or are assigned, sometimes unwillingly, prerogatives that until now were reserved for the states: controlling hateful content, issuing money, welcoming ambassadors, convening international meetings, etc.
Finally, it signals the weakness of democracies seeking to protect their populations from external meddling, after long considering cyberspace as a technical, global and open environment. The point is not to dismiss both the “clean network” anti-fake news program of Mike Pompeo and China’s sweeping censorship, or to compare the “micro-targeting” darling to big tech to Russia’s “information war,” but these are clearly the first signs of an existential crisis of Western democracies in their relation to the digital world.
A New Governance for the Digital Space is Essential
These three signs of weakness highlight the need to quickly develop a new governance for the digital space. First, in order to promote an “economy for the common good, " as stated by economist Jean Tirole, and ensure a governance that is not only technically or financially based. Second, in order to preserve the stability and security of the network in a multipolar world, without common rules, where digital space has become the preferred battleground between states. Finally, in order to better regulate the market.
Even if big tech firms are increasingly competing among themselves, market forces won’t be enough to regulate their technological and information oligopoly. And the anti-trust investigation that the U.S. Congress just launched will make no difference: breaking up GAFA is totally improbable given the strategic role these firms play in the confrontation between China and the United States.
Restrictive measures, however, are indispensable: imposing a digital tax on data, a ban on “killer” acquisitions, ensuring product non-discrimination, data portability, solution interoperability, making some data accessible to external players, defining data localization requirements, etc. Only then will we see new “post-digital” players emerge, moving in both directions—from the digital to the real economy, but also from the real to the digital economy, thanks to hybrid business models.
An Opportunity for Europe
From this standpoint, Europe has an opportunity and an imperative. After Snowden’s revelations, the scandal of Cambridge Analytica, the CLOUD Act, naivety and complacency are guilty. A new balance of power—political, diplomatic, legal, technological and industrial—has to be defined for the long term. Of course, the "old continent" is not equally endowed on all these points, but it does have some key assets. And most of all, nothing would be more damaging than a digital cold war between China and America in which Europe is one of the battlefields.
Even if the split between the American and Chinese technological plates will surely do more harm to China in the short term, the consequences will also be dire for the United States and its big tech firms. As economist Joseph Stiglitz said, “The economy is not a zero-sum game." Especially in a multipolar world.
TikTok : le triple aveu de faiblesse
Même si les big techs se concurrencent de plus en plus entre elles, les forces du marché ne suffiront pas à réguler leur oligopole technologique et informationnel.
OPINION. Après le bannissement de Huawei, l'interdiction de TikTok et de WeChat aux États-Unis résonne comme un aveu de faiblesse de la part de l'Etat américain et des démocraties en général. Il souligne la nécessité de construire rapidement une nouvelle gouvernance de l'espace numérique. (*) Par Guillaume Tissier, Président CEIS, co-organisateur du Forum International de la Cybersécurité.
Le monde sort-il grandi du bannissement de Huawei, de l'interdiction de TikTok et de celle de WeChat aux Etats-Unis ? Non, c'est un triple aveu de faiblesse. D'abord celui des États-Unis face à la puissance économique chinoise. Ces mesures protectionnistes, habillées de considérations sécuritaires, ont pour objectif premier de protéger la suprématie américaine dans un monde multipolaire qui la conteste de plus en plus. Certes, le poids des big techs américaines (900 milliards de dollars de CA cumulé en 2019 pour Google, Apple, Facebook et Amazon) est largement supérieur à celui des BATAB -Baidu, Alibaba, Tencent, ANT Group, ByteDance.- chinois (132 milliards de dollars). Mais la progression de ces derniers est rapide. Et surtout, certaines technologies clés comme la 5G échappent désormais largement aux États-Unis.
Echec des États et des démocraties
Ensuite celui des États qui cherchent à affirmer, de façon plus ou moins brutale, leur souveraineté westphalienne sur leur portion d'espace numérique face à la mondialisation galopante et à des big techs toutes puissantes. Ces entreprises, qui ont « droit de police » sur le nouvel espace public que sont les réseaux sociaux, s'arrogent ou se voient attribuer, parfois à leur corps défendant, des prérogatives jusque-là dévolues aux États : contrôle des contenus haineux, émission de monnaies, accueil d'ambassadeurs, conventions internationales...
Enfin celui des démocraties qui, après avoir longtemps considéré le cyberespace comme un environnement technique, global et ouvert, cherchent aujourd'hui à protéger leurs populations des ingérences externes. Il ne s'agit pas de renvoyer dos à dos le programme anti-fake news « clean network » de Mike Pompeo et la censure généralisée chinoise, ni de comparer le « micro-targeting » cher aux big techs à la « guerre informationnelle » russe, mais il y a clairement là les prémices d'une crise existentielle des démocraties occidentales dans leur rapport au numérique.
Une nouvelle gouvernance de l'espace numérique est indispensable
Ce triple aveu de faiblesse souligne la nécessité de construire rapidement une nouvelle gouvernance de l'espace numérique. D'abord pour promouvoir une « économie du bien commun » (Jean Tirole) et assurer une gouvernance qui ne soit pas seulement technicienne ou financière. Ensuite pour préserver la stabilité et la sécurité du réseau dans un monde multipolaire, sans règles communes, où l'espace numérique est devenu le terrain privilégié des affrontements entre États. Enfin, pour mieux réguler le marché.
Même si les big techs se concurrencent de plus en plus entre elles, les forces du marché ne suffiront pas à réguler leur oligopole technologique et informationnel. Et ce n'est pas l'enquête anti-trust que le congrès américain vient d'ouvrir qui changera la donne : le démantèlement des GAFA est totalement improbable compte tenu du rôle stratégique de ces entreprises dans la confrontation sino-américaine.
Des mesures contraignantes sont en revanche indispensables : taxe sur les données, interdiction des acquisitions « tueuses », non-discrimination des produits, portabilité des données, interopérabilité des solutions, ouverture de certaines données à des acteurs externes, obligations de localisation des données etc. C'est à ce prix que nous verrons émerger de nouveaux acteurs « post-digitaux » dans un mouvement croisé : de l'économie numérique vers le réel, mais aussi du monde réel vers le numérique grâce à des business-modèles hybrides.
Une opportunité pour l'Europe
L'Europe a de ce point de vue une opportunité... et une exigence. Après les révélations Snowden, l'affaire Cambridge Analytica, le Cloud Act, la naïveté et la passivité sont coupables. C'est un nouveau rapport de force politique, diplomatique, juridique, technologique et industriel qu'il faut établir dans la durée. Bien sûr, le vieux continent n'est pas doté de façon égale sur tous ces points, mais il dispose d'atouts certains. Et surtout, rien ne serait plus préjudiciable qu'une guerre froide numérique sino-américaine dont l'Europe sera l'un des champs de bataille.
Même si la séparation des plaques technologiques américaines et chinoises fera sans doute plus de mal à la Chine à court terme, les conséquences seront également lourdes pour les États-Unis et leurs big techs. « L'économie n'est pas un jeu à sommes nulles » (Joseph Stiglitz). A fortiori dans un monde multipolaire.
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These costly U.S. attacks failed to achieve their goals, but were conducted in order to inflict a blow against Yemen, for daring to challenge the Israelis.