US Election 2020: For Joe Biden, Transforming Relief into Hope

Published in Le Monde
(France) on 08 Nov 2020
by Jérôme Fenoglio (link to originallink to original)
Translated from by Maren Daniel. Edited by Michelle Bisson.
After Donald Trump’s devastating four years in office, after months of a degrading election campaign, the 46th president of the United States will have the difficult task of turning the relief felt today into hope.

The year 2020 has been too stingy when it comes to good news for us to make light of this: The Democratic candidate, Joe Biden, has beaten outgoing President Donald Trump; that is the — delayed — outcome of the American presidential election. Once the recounts have been completed, and once Biden's adversary’s avenues of appeal have been exhausted — this will be a long, hard road — he will move, on Jan. 21, into the White House, with a legitimacy not only based in the Electoral College, but also on the popular vote. In fact, thanks to historic voter turnout, and even without winning all the states that the polls predicted he would, he will move in after having earned the largest number of votes of any president in U.S. history, more than 75 million.

Nevertheless, the biggest mistake would be to settle for a sigh of relief. After four devastating years of Trump, months of a degrading campaign, and days or weeks of a concerning legal and political guerrilla war, the Democrat president will walk onto a devastated battleground abandoned by his predecessor, with the immense task of rebuilding everything, or almost everything.

In order to have a chance to do so, first of all he must remain calm. It is not exactly the most common ability of our time, but Biden is far from being without it, as he has shown in these highly tense days while the final results have been coming in. He must remain impervious a bit longer in the face of fanatical, small groups capable of exaggerating the risk of civil unrest. He must remain unshakable in the face of attacks from lawyers who will try until the bitter end to make people believe in the irregularity of ballots that are undoubtedly legal. And, above all, he must not allow himself to become distracted by the dishonest and manipulative tweets that the outgoing president continues to spew from the White House.

Trump: A Black Hole of Self-Centeredness

Anything but unpredictable, Trump will no doubt continue up until the last day of his presidency, and well after, to behave like a black hole of self-centeredness who would prefer to destroy democracy, the entire country and the planet with it, rather than admit defeat or wrongdoing. In his comments since the election, his attacks on institutions and the truth have gone so far that they have made this comparison embarrassing: With more than 70 million votes, the defeated president has just surpassed the votes that Barack Obama received in 2008. That also means that he has received more votes than any other Republican candidate in history -- proof that, in this election that is coming to an end, there was not one wave as predicted, but two, the blue thankfully larger than the red.

Biden and his team need to take stock of just how large that number is. They need to take stock of what it says about what is wrong in America that the former real estate developer was able to garner so much support, though not enough. The futility of Trump’s actions against the COVID-19 pandemic, for example, should have cost him a strong repudiation at the polls. That is at least what a number of observers were expecting, not noticing that, beneath this line of thinking, which went in Biden’s direction, was another, barely visible, in Trump’s favor. Our recent inquiries into radical groups on Facebook or the conspiracy theory movement QAnon show it: Since this summer, the epidemic has set off an explosion of rumors, fears and accusations, each one as false as the next, that have fed into a fanatical support for the outgoing president from all social classes. It even got him an excellent percentage of the vote in counties that have suffered the most from the disease.

There is a larger problem, one that social media only amplifies. In order for fake news to have its effect, in order for manipulation to work, people must have a reason to believe it. Trumpism is the symptom, not the cause of these many resentments, feelings of injustice and of self-centeredness, too, that fuel the gullibility of the masses.

It is this larger problem that Biden must confront if he really wants to heal a country that is torn apart, corrupted by racism, decaying infrastructure, an inequitable education system, declining life expectancy and wealth that is more and more concentrated in the hands of a few. As these ills do not only affect the United States — far from it — and as they can lead to other Trumpian-style despots in other democracies, we must hope for Joe Biden’s success. We must wish that this great nation’s 46th president is able to transform the relief felt today into hope.


Après les quatre années du mandat dévastateur de Donald Trump, au bout des mois d’une campagne électorale avilissante, le 46e président des Etats-Unis aura la lourde tâche de donner au soulagement ressenti aujourd’hui la forme d’un espoir.

L’année 2020 a été trop avare en bonnes nouvelles pour que l’on puisse se permettre de relativiser celle-ci : le candidat démocrate Joe Biden a battu le président sortant, Donald Trump, à l’issue, décalée, de l’élection présidentielle des Etats-Unis d’Amérique. Une fois les recomptes de voix effectués, une fois les recours de son rival purgés – ce sera long et pénible – il s’installera, le 20 janvier, à la Maison Blanche, avec une légitimité non seulement assise sur les voix du collège électoral, mais également sur le vote populaire. De fait, grâce à un bond historique de la participation, à défaut d’avoir remporté toutes les victoires dans les Etats que lui promettaient les sondages, il y entrera après avoir rassemblé le plus grand nombre de suffrages de l’histoire du pays, au-delà des 75 millions.

Pour autant, la plus grande erreur serait de se contenter de ce soupir de soulagement. Au bout des quatre années d’un mandat dévastateur, des quelques mois d’une campagne avilissante et des jours, ou des semaines, d’une guérilla juridico-politique consternante, le démocrate finira par s’avancer dans le champ de ruines abandonné par son prédécesseur, avec la tâche immense de tout reconstruire, ou presque.

Pour avoir une chance d’y parvenir, d’abord, il lui faudra rester calme. Ce n’est pas la faculté la plus répandue de notre époque, mais Joe Biden est loin d’en paraître dénué, comme il le montre en ces jours de fortes tensions sur les derniers résultats. Rester impavide face aux cliques fanatiques, et peu fournies, qui peuvent surjouer encore quelque temps le risque d’affrontements civils. Demeurer inébranlable face aux assauts d’avocats qui vont tenter jusqu’au bout de faire croire à l’irrégularité de bulletins de vote indubitablement légaux. Et, surtout, ne pas se laisser distraire par la frénésie de Tweet mensongers et manipulateurs que le président sortant émet à jet continu de la Maison Blanche.

Trump, trou noir d’égocentrisme
Tout sauf imprévisible, Donald Trump continuera sans doute jusqu’au dernier jour de sa présidence, et bien après, à se comporter comme un trou noir d’égocentrisme qui préférerait engloutir la démocratie, le pays entier, et la planète avec, plutôt que de reconnaître une défaite ou un tort. Dans ses déclarations de l’après-scrutin, cette violence envers les institutions et la vérité est allée si loin qu’elle rendait très gênant le rapprochement suivant : avec plus de 70 millions de suffrages, le président défait vient de surpasser le score de Barack Obama lors de sa victoire de 2008. Il devient aussi le candidat républicain qui aura rassemblé le plus de votes dans l’histoire, preuve que, dans l’élection qui s’achève, il n’y aura pas eu une vague, comme annoncé, mais deux, la bleue heureusement plus haute que la rouge.

Pour Joe Biden et son équipe, c’est de cette énormité qu’il faudra prendre la mesure. De ce qu’elle dit d’un mal américain que l’ancien promoteur immobilier a su capter à son bénéfice, mais qui le dépasse très largement. L’inanité de l’action de Trump face à l’épidémie de Covid-19, par exemple, aurait dû lui valoir une sanction électorale majeure. C’est du moins ce qu’estimaient nombre d’observateurs, sans s’aviser que, sous ce courant logique, allant dans le sens de Joe Biden, s’en écoulait un autre, peu visible, en faveur de Donald Trump. Nos enquêtes récentes sur les groupes radicaux sur Facebook ou sur le mouvement complotiste QAnon l’ont montré : depuis cet été, l’épidémie a provoqué une explosion de rumeurs, de peurs, d’accusations, qui, toutes aussi fausses les unes que les autres, ont alimenté un soutien forcené au président sortant, en provenance de toutes les classes sociales. Jusqu’à lui valoir d’excellents scores dans la très grande majorité des comtés qui ont le plus souffert de la maladie.

C’est tout le problème, dont les réseaux sociaux ne sont que les amplificateurs : pour qu’une fausse nouvelle fasse son effet, pour qu’une manipulation fonctionne, il faut que des groupes de personnes aient des raisons d’y croire. Le trumpisme est le symptôme, et non la cause, de ces multiples rancœurs, de ces sentiments d’injustice, ces désespérances, ces peurs, ces égoïsmes aussi, qui alimentent la crédulité des foules.

C’est tout le problème que devra attaquer Joe Biden s’il cherche sincèrement à relever un pays profondément déchiré, gangrené par le racisme, aux infrastructures déliquescentes, au système éducatif inégalitaire, à l’espérance de vie en recul, à la richesse toujours plus concentrée entre quelques mains. Comme ces maux ne frappent pas exclusivement les Etats-Unis, loin de là, comme ils peuvent fabriquer d’autres despotes de type trumpien dans d’autres démocraties, il faut espérer le succès de Joe Biden. Il faut souhaiter que le 46e président de cette grande nation parvienne à donner au soulagement ressenti aujourd’hui la forme d’un espoir.
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