En ce jour qui marque le cinquantième anniversaire de sa mort, il est utile de se rappeler la conception que le général De Gaulle avait des relations avec les États-Unis. Elle pourrait être utile dans les années qui viennent, face au nouveau président américain. Avec Joe Biden, les échanges transatlantiques vont pouvoir retrouver une certaine intensité alors que, depuis 2016, les alliés de Washington n’ont pas pu faire grand-chose d’autre que d’essayer d’éviter le pire face à la brusquerie imprévisible de Donald Trump.
À l’égard des États-Unis, le général De Gaulle a combiné la fidélité et la franchise. Lors de la crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962, l’un des pires moments de la guerre froide, son soutien est immédiat et sans faille. En revanche, son discours de Phnom Penh en 1966 affirme sans détour que le conflit mené par les États-Unis au Vietnam est sans issue. La même année, le président français officialise notre sortie de l’organisation intégrée de l’Alliance atlantique, estimant que la prépondérance américaine y est « écrasante ».
La fidélité demeure aujourd’hui nécessaire : l’Otan a besoin d’être repensée mais elle demeure une pièce maîtresse dans l’équilibre géopolitique. La franchise aussi. Sous Joe Biden, l’impérialisme américain fera montre d’une plus grande amabilité mais il demeurera un impérialisme face auquel les alliés devront savoir défendre leurs intérêts. Dans cet exercice, il y a une difficulté nouvelle. À l’époque gaullienne, la France pouvait encore parler seule. Aujourd’hui, cela se joue forcément à l’échelle de toute l’Union européenne. Le facteur Trump a eu pour effet de serrer les rangs entre les Européens. Avec un président américain apparemment plus accommodant, la tentation du chacun pour soi peut reprendre de la vigueur.
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