The “truth decay” that has marked Donald Trump's presidency will not disappear overnight with the changing of the guard at the White House.
In interviews for the launch of his new book, Barack Obama does not miss the opportunity to lament the storm of disinformation that has flooded the United States over the last four years, a phenomenon that existed before Donald Trump, disinformation that Trump has liberally fueled and that, the ex-president fears, will live on after him.
Trump's principal legacy will perhaps be the normalization of lying, as well as the war against the “enemies of the people” who, in his eyes, are mainstream journalists. It began with his first press conference as president, when Trump pointed an accusatory finger at a CNN journalist and said, “You are fake news.”
Then there was the debate over attendance numbers at his inauguration. Using “alternative facts” presented by Trump adviser Kellyanne Conway, Trump maintained there were indeed crowds of people where photos revealed just the opposite. The rest of his term followed suit, all the way up to the surreal dispute over the results of the 2020 presidential election, a dispute firmly rooted in Trump’s fictional reality.
For journalists, covering Trump represented an insurmountable challenge. Jay Rosen, professor of journalism at New York University, summarized the task this way: “If nothing the president says can be trusted, reporting what the president says becomes absurd.”
But can the media ignore their own president? Impossible. Consequently, what does a reporter choose from the lava that flows from Trump’s Twitter feed? The sacred notion of objectivity has taken a hit. Reporting divergent points of view works when interlocutors act in good faith. But what do you do with a pathological liar?
Since 2018, The Washington Post has reported Trump’s false statements as lies, and kept count of his misleading claims. The list, to date, numbers 25,000. Newspapers have reacted with a massive investment in fact-checking. But again, there is a contradiction, notes Matthew T. Hall, president of the Society of Professional Journalists and editorial and opinion editor at The San Diego Union Tribune. “By documenting a lie, we continue to spread it,” asserted the journalist, who made the decision to disconnect from Trump’s Twitter feed early in 2017. “It is there, on social media, that the alternative reality of the liar-in-chief has been able to spread its wings.”* And it is only during the last election campaign that the big social media companies have finally distanced themselves from the avalanche of falsehoods pouring from the president’s accounts.
One of Trump’s coups de force will be his success at dominating media coverage, and his ability to impose subjects of his choosing by drowning the media in a constant flow of information. “The media’s response to the Trump presidency has been marked by an obsession with Trump,” the Columbia Journalism Review reported in a recent analysis.
These four years of lies have left a mark, and they have deepened mistrust in mainstream media. It is a distrust on which Trump leans, today, in his attempt to convince his base that he indeed won the election. Even if his attempts to contest the election results crash one by one, 70% of Republican voters continue to believe that the Nov. 3 election was unfair to him.
And here lies the result of four years of assault on the media, journalists and the truth. It will take some time to mend the rift.
*Editor's Note: This quotation, accurately translated, could not be verified.
Le piège du mensonge
Le « déclin de la vérité » qui a marqué la présidence de Donald Trump ne disparaîtra pas du jour au lendemain avec la relève de la garde à la Maison-Blanche.
Dans les entrevues données à l’occasion de la parution de son nouveau livre, Barack Obama ne rate pas une occasion pour déplorer la tempête de désinformation qui s’est abattue sur les États-Unis depuis quatre ans — un phénomène qui existait avant Trump, que ce dernier a généreusement alimenté et qui lui survivra, appréhende l’ex-président démocrate.
Le principal legs de Donald Trump, ce sera peut-être ça : le mensonge banalisé, et la guerre contre ces « ennemis du peuple » que sont, à ses yeux, les journalistes des médias traditionnels.
Ça a commencé avec sa première conférence de presse à titre de président désigné, alors qu’il pointait un doigt accusateur sur un journaliste de CNN en disant : « You are fake news. »
Puis il y a eu ce débat sur l’assistance à la cérémonie de prestation de serment. Des « faits alternatifs » invoqués par sa porte-parole Kellyanne Conway lui permettaient d’affirmer qu’il y avait des foules là où des photos montraient… le contraire.
Le reste du mandat a été à l’avenant, jusqu’à cette contestation surréaliste des résultats de la présidentielle de 2020, bien campée dans la réalité fictive de Donald Trump.
* * *
Pour les journalistes, couvrir Donald Trump représentait un défi quasi insurmontable. Jay Rosen, professeur de journalisme à l’Université de New York, a résumé cette tâche comme suit : « Si rien de ce que dit le président n’est digne de confiance, alors rapporter ce qu’il dit devient absurde. »
Mais les médias peuvent-ils ignorer le président de leur propre pays ? Impossible. Dès lors, que choisir dans le magma qui inonde son fil Twitter ?
La sacro-sainte notion d’objectivité en a pris un coup. Rapporter deux points de vue, ça va quand nos interlocuteurs sont de bonne foi. Mais avec un menteur pathologique, que fait-on ?
Dès 2018, le Washington Post a commencé à qualifier les fausses affirmations de Donald Trump de mensonges. Et à recenser ses déclarations mensongères. La liste en compte aujourd’hui 25 000.
Les journaux ont réagi en investissant massivement dans la vérification de faits. Mais là encore, on se heurte à une contradiction, signale Matthew T. Hall, président de la Société professionnelle des journalistes et éditorialiste du San Diego Union Tribune. « En documentant un mensonge, on continue à le propager », constate ce journaliste qui avait pris, dès 2017, la décision de se débrancher du fil Twitter de Donald Trump.
Car c’est là, sur les réseaux sociaux, que la réalité alternative du menteur en chef a pu déployer ses ailes. Et ce n’est que lors de la dernière campagne électorale que les grands réseaux sociaux ont finalement pris leurs distances avec l’avalanche des faussetés déferlant sur les comptes du président.
* * *
L’un des coups de force de Donald Trump aura été de réussir à dominer la couverture médiatique, et à imposer les sujets de son choix, en noyant les médias dans un flot informationnel incessant.
« La réponse des médias à la présidence de Trump a été marquée par une obsession au sujet de Trump », écrit le Columbia Journalism Review dans une analyse récente.
Ces quatre années de mensonges ont laissé des traces : elles ont creusé la méfiance envers les médias traditionnels. Une méfiance sur laquelle Donald Trump s’appuie, aujourd’hui, pour essayer de convaincre sa base qu’il a bel et bien gagné la présidentielle.
Même si ses tentatives de contestation des résultats s’écrasent les unes après les autres, 70 % des électeurs républicains continuent de croire que l’élection du 3 novembre n’était pas équitable à l’endroit de Donald Trump.
Voilà le résultat de quatre années d’assauts contre les médias, les journalistes et la vérité. Il faudra du temps pour réparer la fracture.
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