For the Post-Trump Period, the World’s Clamor

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C’est une énorme clameur. Elle monte d’un peu partout, et ne fait que redoubler d’intensité à mesure que l’interrègne américain se fait aussi brouillon que l’ont été les quatre années de présidence, de tweets et de parcours de golf de Donald Trump. La fin d’une longue et pénible parenthèse? Cette clameur, rendue encore plus aiguë par la pandémie, est celle d’une planète qui implore qu’on revienne à la normale, qu’on arrête le cirque, ou au moins qu’on retrouve un semblant de lisibilité.

Les enceintes internationales avec, en leur centre, la Genève internationale; l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ou sa cousine chargée du commerce (OMC), comme laissées à l’abandon par la première puissance mondiale; l’Accord de Paris sur le climat, dont le retrait américain a coïncidé avec une sorte d’entrée dans le coma, gravissime pour l’avenir de la planète; l’Iran bien sûr, et cet autre traité international foulé aux pieds (le JCPoA sur le nucléaire, signé en 2015), dont les espoirs déçus ont contribué à rallumer une mèche dangereuse dans la région et à rendre illusoire toute stabilisation au Moyen-Orient.

Des alliances piétinées, de petits et grands autocrates requinqués, des égoïsmes nationaux partout exacerbés: les relations internationales offrent aujourd’hui le spectacle d’un paysage après la bataille. Même parmi les adversaires les plus résolus des Etats-Unis, comme en Russie, on concède à demi-mot qu’on ne regrettera pas le président à la chevelure blonde, tant il est vrai qu’un minimum de clarté et de prévisibilité est toujours bienvenu, même chez ses ennemis.

Cet appel à un pouvoir rassurant trouve bien sûr son prolongement dans le fabuleux succès éditorial rencontré par la publication des Mémoires de Barack Obama. Au-delà de ses mérites propres, le discours réfléchi du prédécesseur de Trump est vu comme un phare dans le brouillard, comme un rappel que le pouvoir cynique et grotesque, pour être devenu envahissant, n’est pas forcément inéluctable.

L’équipe de gouvernement que vient de dévoiler Joe Biden n’est bien sûr pas sans rappeler ces temps pas si anciens mais qui paraissaient révolus. Des personnalités a priori compétentes, diverses et expérimentées, et dont le poste qu’elles occuperont semble correspondre à leur parcours. Mais le risque est clair: alors que Donald Trump n’en a certainement pas fini de savonner la planche de son successeur, alors que les démocrates ne disposeront pas d’une nécessaire majorité parlementaire, une nouvelle «équipe Obama» ne suffira pas à donner le change, a fortiori sans les talents ni la force rhétorique d’Obama lui-même.

Entre-temps, le monde a changé. Et, qu’on le veuille ou non, ce sont bien les années Obama qui ont provoqué, aux côtés de beaucoup d’autres facteurs, l’irruption de Donald Trump. A présent, la priorité de Joe Biden doit consister à ne pas se transformer en une nouvelle transition. Il doit éviter de devenir lui-même une simple parenthèse.

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