Father Trump and His Mutineers

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« Vas-tu la fermer ? »

Vous vous souvenez ? C’est ce que Joe Biden avait lancé à Donald Trump au beau milieu du premier débat présidentiel, fin septembre. Forcément, on y songe ces jours-ci si on prête l’oreille aux élucubrations du président sortant et de ses meneurs de claque.

Plus d’un mois après le scrutin américain, le président américain continue de se démener comme un diable dans l’eau bénite et de prétendre que c’est lui qui a gagné. Il soutient désormais que l’élection était carrément « la plus corrompue de l’histoire américaine » (c’est ce qu’il a tweeté dimanche).

Oh, et il ajoute que vous n’avez rien vu, mesdames et messieurs ! Car « nous avons tout juste commencé le combat », a-t-il prévenu (c’est ce qu’il a tweeté samedi).

Peu importe si le collège électoral a confirmé lundi — avec le vote des grands électeurs — la victoire de Joe Biden, Donald Trump ne lâchera pas le morceau. Peu importe si la Cour suprême des États-Unis a rejeté, la semaine dernière, le recours du Texas visant à invalider les résultats du scrutin présidentiel dans quatre États remportés par Joe Biden, Donald Trump va continuer de prétendre qu’il y a « des preuves considérables » qu’il y a eu fraude (c’est ce qu’il a tweeté mardi).

Le plus troublant, c’est que Donald Trump est loin d’être seul dans cette absurde croisade. Pas moins de 126 membres républicains de la Chambre des représentants (sur 196) se sont associés à la requête du Texas dans le but de renverser le résultat de l’élection. À l’instar des procureurs généraux (républicains, bien sûr) de 17 États différents.

Nous revoici donc plongés dans ce monde où les faits alternatifs prennent encore et encore le dessus sur la réalité. Un monde où le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a fini par reconnaître mardi la victoire de Joe Biden, mais où plusieurs de ses collègues dans cette chambre continuent à alimenter le mythe d’une élection entachée par la fraude.

Tous ces ténors du Parti républicain désinforment les partisans autant qu’ils les galvanisent — ce qui mène à des glissements inquiétants, au nombre desquels manifestations violentes et menaces de mort.

Si bien que le petit jeu des élus conservateurs — qui visait peut-être uniquement, au départ, à ne pas irriter le président — ressemble de plus en plus à une mutinerie.

C’est la crédibilité du processus électoral que Donald Trump et ses mutins rongent chaque jour un peu plus, tout en affaiblissant à la fois la légitimité des institutions démocratiques et celle de la présidence de Joe Biden.

Ça n’augure rien de bon pour l’avenir de la démocratie au sein de la première puissance mondiale.

Le triomphe de Joe Biden ne fait pourtant aucun doute. Il a remporté l’élection avec 306 grands électeurs contre 232 pour Donald Trump, résultat qui vient d’être formalisé.

Les accusations de fraude à grande échelle ne tiennent pas la route. Même le ministre de la Justice et grand allié de Donald Trump, William Barr, l’a confirmé, dans la foulée d’enquêtes menées par son ministère et celui de la Sécurité intérieure, une dizaine de jours avant d’annoncer… sa démission.

Le président sortant ne peut même pas prétexter qu’il a reçu l’appui d’une majorité d’électeurs. Joe Biden l’a devancé par quelque 7 millions de votes. Le résultat est incontestable, donc. Pourtant, en ce qui concerne la démocratie américaine, le temps des Fêtes sera pourri.

Ce n’est que le 6 janvier que devrait se terminer cette tragi-comédie. Ce jour-là, le Congrès doit officialiser le résultat du vote des grands électeurs.

Des mutins ont déjà fait savoir qu’ils tenteront de faire dérailler le processus. Mais ils auraient besoin de l’accord du Sénat ET de la Chambre des représentants pour y arriver. Or les républicains sont majoritaires dans l’un, mais les démocrates contrôlent l’autre.

On peut donc se consoler : la fin est proche. Mais les conséquences de cette croisade toxique ne doivent pas être sous-estimées.

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