Twitter and Facebook under Intense Pressure after Attack on the Capitol

<--

Twitter et Facebook sous pression maximale après l’attaque du Capitole

Les réseaux sociaux ont pris des mesures exceptionnelles, mais temporaires, pour désactiver les comptes de Donald Trump. Les géants de la tech feront face à une législation sans doute plus dure ces prochains mois

L’histoire dira si le 6 janvier 2021 marquera un tournant dans la régulation des réseaux sociaux. A chaud, les mesures prises par Twitter et Facebook sont sans précédent: les deux plateformes ont suspendu les comptes de Donald Trump, accusé d’incitation à la violence. Ces décisions aussi spectaculaires que temporaires vont relancer le débat sur la quasi-impunité dont bénéficient les réseaux sociaux. Contrôlant désormais la Chambre des représentants et le Sénat, Joe Biden sera sous pression pour tenter de réguler les plateformes numériques.

Ce jeudi matin, le compte Twitter de Donald Trump, suivi par plus de 88 millions de personnes, était à nouveau actif après une suspension de douze heures. «Nous avons requis la suppression de trois messages de Donald Trump pour des violations graves et répétées de notre politique d’intégrité civique», a affirmé le réseau social. Conséquence directe, le compte du président sortant a été suspendu temporairement. Mercredi, Donald Trump avait notamment répété ses accusations de fraude concernant la présidentielle, en qualifiant également les assaillants du Capitole «de grands patriotes».

Mesures à très court terme

Facebook a rapidement imité Twitter, avec une suspension de son compte de 24 heures. «Nous avons déterminé deux infractions à nos règles sur la page du président Donald Trump, qui débouchent sur une suspension de 24 heures», a affirmé le réseau social. Tant le réseau dirigé par Mark Zuckerberg que Twitter avaient précédemment pris des mesures moins dures, en supprimant notamment des vidéos où le président parlait «d’élection volée», ou en limitant la visibilité de certains de ses tweets. YouTube, filiale de Google, a également effacé certaines vidéos.

Voilà pour le très court terme, avec des mesures pour certaines exceptionnelles – les suspensions temporaires – et d’autres plus habituelles – la limitation de diffusion de tweets. Depuis novembre déjà, Twitter avait modéré certains messages du président, en les masquant et en les assortissant d’une étiquette d’avertissement. Mais un clic suffisait ensuite à afficher ses tweets.

Bataille autour de la section 230

A moyen et long terme, une bataille intense va débuter autour d’une loi appelée «section 230». Adoptée en 1996 et faisant partie du Communications Decency Act – avec pour but premier de réguler la pornographie sur le Net, elle protège Twitter ou Facebook. Ces réseaux sont considérés comme de simples hébergeurs et ne sont pas responsables du contenu publié par leurs utilisateurs. Les réseaux sociaux ne peuvent pas non plus être poursuivis en justice pour les contenus diffusés. Twitter, Facebook et tous les autres réseaux sociaux n’ont qu’une obligation: retirer les contenus jugés illégaux dans un délai raisonnable.

La mise à jour de la section 230 est souhaitée autant par les partisans de Donald Trump que par les démocrates. Joe Biden n’a pour l’heure pas été explicite sur ses intentions, affirmant simplement que cette loi devait être révisée afin de supprimer tout discours haineux, tout contenu extrémiste et toute tentative de manipulation d’élections. En 2019, la speaker Nancy Pelosi avait déclaré que la section 230 était un cadeau aux géants de la tech, affirmant que «la section 230 devait être supprimée.»

Démocrates empruntés

Le problème, c’est que les démocrates ne disent pas – et ne savent pas non plus, sans doute – comment réformer une loi qui est vue comme ayant permis aux géants de la tech américains d’émerger. Lors d’auditions devant des parlementaires l’année passée, Mark Zuckerberg avait suggéré du bout des lèvres que la section 230 devait être révisée, surtout afin d’obtenir des règles plus claires. Facebook compte notamment beaucoup sur sa propre «cour suprême» pour trancher les cas litigieux. Mais cet organe externe nouvellement créé ne prend pas de décisions dans l’urgence. De son côté, Donald Trump n’a cessé de demander la révision, voire l’abrogation, de la section 230 car il estime que les réseaux sociaux sont trop favorables aux opinions démocrates.

Contrôlant désormais les deux chambres, Joe Biden devra donner, ces prochains mois voire prochaines semaines, des indications sur ses intentions pour une régulation possible des réseaux sociaux. Si ses projets sont jugés trop contraignants par les géants de la tech, ces derniers les combattront avec vigueur. Mais le président élu a un atout: les enquêtes antitrusts qui se multiplient contre Google et Facebook et qui vont sans doute rendre moins combatifs ces géants, qui seront sans doute enclins à accepter une régulation qu’ils jugeront modérée.

Souci avec les messageries sécurisées

Une autre question commence à se poser, celle des réseaux sociaux alternatifs et des messageries sécurisées. Ces dernières semaines, le réseau Parler, plébiscité par les partisans de Donald Trump, a ainsi pris de l’importance. Et en parallèle, de nombreuses discussions, contenant parfois des appels à la violence, ont démarré entre partisans du président sortant sur Telegram et d’autres messageries dont le contenu est chiffré. Le contenu des échanges n’est accessible qu’aux utilisateurs invités de ces messageries et ne peut être lu ni par les entreprises qui les gèrent, ni par les autorités.

About this publication