Climate: Washington Will Have To Prove Itself Once Again

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Le retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat est un revirement politique majeur. L’administration de Joe Biden va, cependant, devoir refaire ses preuves dans un monde qui a beaucoup changé depuis 2015.

Joe Biden a tenu ses promesses : dès son arrivée à la Maison Blanche, mercredi 20 janvier, il a signé un décret présidentiel ouvrant la voie au retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat. Par cette décision, renforcée par la nomination d’une personnalité politique de premier plan, l’ancien chef de la diplomatie John Kerry, comme émissaire spécial, Washington se réengage pleinement dans la lutte contre le dérèglement climatique. « L’échec, a assuré jeudi M. Kerry, n’est pas une option. »

Ce retour est un tournant politique majeur et une bonne nouvelle pour la planète, même si l’absence des Etats-Unis de l’accord n’a été que de courte durée – en raison des règles de procédure de l’ONU, leur retrait n’a pris effet que le 4 novembre 2020. Tout au long de ces quatre ans, Donald Trump, qui a toujours nié le changement climatique, a freiné, voire sapé l’action en faveur du climat, galvanisant l’opposition d’autres récalcitrants comme l’Australie, le Brésil ou l’Arabie saoudite. Deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine, les Etats-Unis n’ont versé qu’un des trois milliards de dollars promis au Fonds vert pour le climat, destiné à soutenir les pays en développement dans leur transition écologique.

Aux Etats-Unis mêmes, Donald Trump a systématiquement dérégulé les politiques environnementales de son prédécesseur, Barack Obama. La baisse des émissions, malgré tout permise par la réduction du recours au charbon, qui n’est plus compétitif, et par la résistance d’autres acteurs, Etats fédérés, villes, universités ou entreprises, a été ralentie.

Moratoire sur l’octroi de concessions pétrolières

Pour marquer le revirement américain, le président Biden a déjà commencé à retricoter ce qui avait été détricoté. Une série des premiers décrets signés révoque le permis accordé pour la construction de l’oléoduc Keystone XL, instaure un moratoire sur l’octroi de concessions pétrolières dans une réserve naturelle de l’Arctique et ordonne un examen de toutes les mesures de l’administration Trump nuisibles à l’environnement ou susceptibles d’entraver la lutte contre le changement climatique.

Le plus dur, cependant, reste à faire. Sur la scène internationale, les Etats-Unis vont retrouver un monde qui a changé. Leur crédibilité en matière de multilatéralisme a beaucoup souffert. Ils ne sont plus, comme au moment de la signature de l’accord de Paris, en 2015, au centre du jeu. De nouveaux leaders se sont imposés dans le domaine climatique : l’Union européenne, la Chine, certains pays d’Amérique latine. Washington va devoir refaire ses preuves.

Comme premier signe de son engagement, Washington devra déposer, avant la COP26 prévue à Glasgow en novembre, de nouveaux objectifs climatiques, plus exigeants, pour 2030. Cette réduction d’émissions devra être cohérente avec l’objectif que s’est fixé le candidat Biden et qu’il devra faire voter, en dépit du lobby des compagnies pétrolières : la neutralité carbone en 2050. Beaucoup dépendra aussi de sa capacité à accélérer la transition énergétique et à mettre en œuvre son plan de relance verte de 2 000 milliards de dollars sur quatre ans.

Les Etats-Unis sont donc très attendus dès cette année, au G7, au G20, au sommet mondial sur le climat, que Joe Biden s’est engagé à convoquer dans les cent premiers jours de son mandat, et à la COP26. John Kerry a promis jeudi une « combinaison d’humilité et d’ambition » dans sa nouvelle tâche. Son pays et la planète en auront bien besoin.

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