Prenant à nouveau le contre-pied de son prédécesseur, Joe Biden a déclaré, mardi 2 février, vouloir faciliter la naturalisation de plusieurs millions d’immigrés vivant sur le sol américain. Il a également annoncé la mise sur pied d’une commission pour réunir 600 enfants isolés et leurs familles.
Aux yeux de Joe Biden, et comme il l’a dit pendant la campagne électorale, l’Amérique est « plus sûre, plus forte et plus prospère avec un système migratoire sain et humain qui accueille les migrants et leur permet de contribuer à la marche en avant de notre pays ». Une vision radicalement différente de celle de son prédécesseur. Joe Biden a donné le ton dès le jour de son investiture : il a suspendu la construction du mur à la frontière mexicaine, et levé l’interdiction d’entrée sur le sol américain de ressortissants de pays en majorité musulmans, deux mesures phares de Donald Trump.
Depuis, le 46e président américain a signé mardi 2 février plusieurs décrets visant à répondre à l’urgence – la situation des enfants séparés de leurs familles à la frontière, « une honte morale et nationale » – et à s’attaquer aux problèmes de plus long terme, en proposant une vaste réforme ouvrant la voie de la citoyenneté à des millions d’immigrés vivant aux États-Unis.
Pour la nouvelle administration, le problème le plus urgent, en matière d’immigration, est la situation à la frontière mexicaine. Il est double. Il s’agit, d’une part, du cas des quelque 600 mineurs toujours séparés de leurs familles. Un groupe de travail sera mis en place rapidement afin d’identifier les enfants et de proposer des solutions pour réunifier les familles, « selon leurs désirs et leurs situations ». Mais les premiers résultats ne sont pas attendus avant quatre mois, selon la Maison-Blanche.
Il s’agit, d’autre part, des milliers de migrants vivant de l’autre côté de la frontière, dans l’attente d’une réponse des autorités américaines. Donald Trump avait imposé aux candidats au rêve américain, majoritairement originaires d’Amérique centrale, de faire leur demande d’asile depuis le territoire mexicain. Une décision décriée par l’opposition démocrate et les associations de défense des droits humains.
Mardi 2 février, Joe Biden n’a pas annoncé la fin de cette politique, mais son évaluation. La Maison-Blanche redoute en effet qu’un virage à 180° ne se traduise par l’afflux de milliers de migrants aux postes-frontières. « Ce n’est pas le moment de venir aux États-Unis, a lancé la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki. Nous avons encore besoin de temps pour mettre en place un processus migratoire qui traite les gens humainement. »
La Maison-Blanche devra faire face à de nombreux obstacles. Certaines autorités locales font déjà de la résistance : quand Joe Biden a annoncé un moratoire de cent jours sur l’expulsion des sans-papiers arrivés aux États-Unis avant le 1er novembre 2020, le Texas a aussitôt saisi la justice fédérale. Le moratoire est suspendu, le temps que la justice tranche sur le fond.
Surtout, il devra convaincre le Congrès, où les projets de George W. Bush et de Barack Obama, également partisans de la régularisation de millions d’immigrés illégaux, ont été enterrés. Les majorités très faibles des démocrates dans les deux chambres laissent présager un combat difficile.
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