COVID-19: Toward Global Immunization

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Covid-19 : pour une vaccination mondiale

Les pays du G7 affirment avoir renoué avec le multilatéralisme. Ils doivent tout mettre en œuvre pour assurer une répartition équitable des vaccins dans le monde.

Editorial du « Monde ». C’est officiel : la page Trump est tournée. Après quatre ans de divisions entre l’Europe et les Etats-Unis, les dirigeants des sept pays du G7 ont renoué, vendredi 19 février, avec le multilatéralisme et la volonté de travailler ensemble. Après avoir participé à son premier sommet du G7, en visioconférence, le président américain, Joe Biden, a proclamé « le retour de l’Amérique » et celui de l’Alliance transatlantique à l’occasion d’un autre forum virtuel, public celui-là, la conférence de Munich sur la sécurité.

Après lui, la chancelière allemande, Angela Merkel, le président français, Emmanuel Macron, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et le premier ministre britannique, Boris Johnson, se sont félicités de cette harmonie retrouvée et de l’élan qu’elle allait pouvoir donner à la coopération internationale.

Leur profession de foi multilatéraliste est mise à l’épreuve au moment même où ils s’expriment. Inévitablement, c’est sur la question de la répartition mondiale des vaccins contre le Covid-19 qu’ils sont attendus. Car, si les populations des pays riches se plaignent de ne pas recevoir assez vite les vaccins tant désirés, celles des pays pauvres, elles, n’en ont pas encore vu la couleur – sauf, dans certains cas, sous étiquette chinoise.

Dès janvier, devant le forum économique de Davos, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, accusait les pays riches « d’accaparer les vaccins ». Jeudi, à la veille du sommet du G7, le président Macron a lancé un pavé dans la mare. « Nous sommes en train de laisser s’installer l’idée que des centaines de millions de vaccins sont distribués dans les pays riches et que nous n’avons même pas commencé dans les pays pauvres », a-t-il déclaré au Financial Times. Cette absence, a-t-il souligné, laisse le champ libre à Moscou et à Pékin, qui font don à des pays africains de vaccins non encore homologués par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Si cette idée s’installe, c’est parce qu’elle correspond à la réalité. Frustrés par la lenteur des livraisons des doses commandées et l’insuffisance des capacités de production de leur industrie pharmaceutique, les Européens ont oublié leurs engagements en faveur d’une distribution équitable à l’échelle mondiale. L’initiative Covax, sous l’égide de l’OMS, prévoyait de vacciner 20 % de la population de près de 200 pays, ainsi qu’un mécanisme de financement pour les pays les plus pauvres touchés par la pandémie. Une autre initiative, ACT-A, devait accélérer ce processus.

Des progrès accomplis

Fidèle à sa tactique de forcer le débat par une prise de position choc à la veille d’une réunion internationale, M. Macron a suggéré que les Etats-Unis et l’Europe allouent 5 % de leurs doses aux pays africains. Il n’a pas obtenu satisfaction vendredi, d’autant qu’il s’était bien gardé de préciser les modalités de sa proposition. Mais des progrès ont été accomplis.

Les Etats-Unis, dont le retour à l’OMS est bienvenu, ont annoncé un don de 4,3 milliards de dollars (3,53 milliards d’euros) pour Covax. L’Allemagne versera 1,5 milliard de dollars ; l’Union européenne va doubler sa participation, portée à 1 milliard d’euros. Le Royaume-Uni fera don de ses excédents. M. Macron voudrait que l’on trouve 13 millions de doses pour vacciner en priorité les soignants africains.

C’est bien, mais le problème est plus vaste. Si l’on veut prendre la pandémie de vitesse, il faut sérieusement accélérer. Cela implique la coopération des laboratoires occidentaux pour permettre une production au niveau mondial, avec une politique de prix accessibles. Un vrai défi pour multilatéralistes.

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