The Khashoggi Affair: A Welcome Reframing from Washington to Riyadh

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Un rapport du renseignement américain accuse le prince héritier saoudien d’avoir validé l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018. En rendant public ce document classifié par Donald Trump, Joe Biden signale à « MBS » que ses pulsions autocratiques auront désormais un prix.

Le roi Fahd d’Arabie saoudite, qui régna de 1982 à 1995, avait coutume de dire : « Après Allah, nous pouvons compter sur les Etats-Unis. » Jamais cette maxime n’a été aussi juste que sous le mandat de Donald Trump. Durant ses quatre années à la Maison Blanche, l’ex-président américain a offert un chèque en blanc à la Couronne, en particulier à son homme fort, le prince héritier Mohammed Ben Salman, surnommé « MBS ».

Donald Trump a fermé les yeux sur l’intervention militaire au Yémen, la séquestration du premier ministre libanais Saad Hariri et les arrestations de militantes féministes. Il a encouragé le blocus du Qatar, une autre décision calamiteuse du dauphin saoudien. Il a, enfin, passé l’éponge sur l’assassinat du journaliste et dissident Jamal Khashoggi, en 2018, dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul, dont la CIA a attribué la responsabilité, dans un rapport, au fils du roi Salman.

En décidant de publier, vendredi 26 février, ce document, que son prédécesseur s’était empressé de classifier, Joe Biden signale à « MBS » que ses pulsions autocratiques auront désormais un prix. Cette mesure, après le gel de plusieurs contrats de ventes d’armes à l’Arabie et l’arrêt du soutien américain aux opérations saoudiennes au Yémen, amorce un recalibrage bienvenu de la relation Washington-Riyad.

Le nouveau président américain n’a pas l’ambition de déloger le prince héritier de la ligne de succession. L’hypercentralisation du pouvoir mise en œuvre ces dernières années par « MBS », à rebours du fonctionnement traditionnellement collégial de la monarchie, l’a rendu peu ou prou intouchable.

La publication du rapport « Khashoggi » n’est pas non plus synonyme de rupture entre les deux alliés. La nouvelle administration s’est engagée à continuer de fournir au royaume les armes défensives dont il a besoin pour contrer les missiles et les drones lancés contre son territoire par les milices houthistes du Yémen et autres agents pro-iraniens au Proche-Orient.

Partie diplomatique délicate

Ce que cet épisode signifie est moins spectaculaire. Il témoigne tout d’abord du déclin de l’importance de l’Arabie pour les Etats-Unis. Le pacte noué à la fin de la seconde guerre mondiale, lors de la fameuse rencontre sur le pont du croiseur Quincy, entre Roosevelt et le roi Abdelaziz, était fondé sur un échange de services : la protection américaine pour Riyad, un marché pétrolier stable pour Washington. Avec l’essor du gaz de schiste aux Etats-Unis, ce « deal » fondateur a perdu de sa valeur.

Joe Biden attend de l’Arabie saoudite une gouvernance moins brutale. Le président démocrate sait qu’il ne transformera pas « MBS » en parangon de vertu. Il a simplement besoin que son principal partenaire arabe soit plus présentable et joue le jeu du multilatéralisme.

Alors qu’il s’apprête à négocier avec l’Iran un retour à l’accord sur son programme nucléaire, Joe Biden tente aussi de se prémunir contre les mauvaises surprises. Le coup infligé à « MBS » pourrait le dissuader, s’il en a l’intention, d’entraver ses efforts dans ce qui sera, à n’en pas douter, une partie diplomatique très délicate.

Le prince héritier serait bien avisé d’entendre le message. En parallèle à ses crises d’autoritarisme, il a lancé un ambitieux programme de modernisation économique et sociétale de son pays. Cette initiative nécessite un niveau d’investissement étranger et d’adhésion populaire dont l’Arabie est aujourd’hui très loin. S’il veut donner à son plan une chance de réussir, « MBS » doit transformer son royaume de la peur en un Etat de droit.

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