Biden and the Chocolate Overflow

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Biden et le trop-plein de chocolat

Il existe un célèbre épisode de la comédie américaine I love Lucy : l’usine de chocolat. Lucille Ball et sa meilleure amie sont affectées à un tapis roulant sur lequel défilent des chocolats qu’elles doivent rapidement emballer lorsqu’ils passent devant elles.

Le tapis se met à accélérer et les deux comédiennes sont rapidement débordées. Ne sachant plus où mettre les bonbons, elles s’emplissent la bouche et en bourrent leurs tabliers et leurs chapeaux. La scène date de 1952, mais elle est toujours aussi drôle.

La politique de Joe Biden à l’égard des migrants à la frontière du Mexique me fait penser à cette scène, l’humour en moins. Plein de bonne volonté humanitaire, le nouveau président a lancé le message que les nouveaux arrivants, les sans-papiers, quiconque se pointera à la frontière sera accueilli décemment.

La décision soulage de la politique de son prédécesseur et de la gêne ressentie à voir les réfugiés s’entasser les uns sur les autres du côté mexicain de la frontière ou placer en cages géantes lorsque pincés du côté américain.

Sauf que, comme pour Lucille Ball et ses chocolats, les agents des frontières ont commencé par héberger les nouveaux arrivants – notamment, des milliers d’enfants voyageant seuls – dans de petites salles, puis des centres de plus en plus grands avant, ces derniers jours, de les laisser entrer aux États-Unis, débordés par leur nombre.

L’IMMIGRATION, POLÉMIQUE PAR EXCELLENCE

Peu de questions déchirent autant les Américains que l’immigration. Elle a alimenté depuis une dizaine d’années un mouvement politique qui a, entre autres, contribué à porter Donald Trump à la présidence. Je me souviens, en 2008, avoir assisté aux premiers rassemblements du Tea Party dans le Nevada.

Toutes sortes d’idées étaient mises de l’avant, mais plus d’une fois, sous différentes formes, les participants que j’interrogeais cherchaient à savoir si les organisateurs allaient « faire quelque chose à la frontière ».

Trump, pendant ses quatre années à la Maison-Blanche, a « fait quelque chose » : il a dépensé une fortune à construire un mur imparfait, s’est entendu pour que les Guatémaltèques, les Honduriens et les Salvadoriens demeurent dans leur coin du continent et a fait accepter aux autorités mexicaines de garder de leur côté de la frontière les demandeurs d’asile et autres miséreux venus cogner à la porte d’un des pays les plus riches de la planète.

LES BRAS PAS SI GRANDS OUVERTS

Les politiques du milliardaire ont scandalisé et la promesse d’un chambardement complet s’est retrouvée au cœur du programme de Joe Biden. On s’aperçoit toutefois que l’indignation n’était pas aussi généralisée que le candidat démocrate le croyait.

Un sondage réalisé par Morning Consult auprès de 2000 électeurs montre que le décret présidentiel qu’il a signé faisant passer de 10 000 à 125 000 le nombre de réfugiés acceptés au pays est le plus impopulaire de tous ceux qu’il a signés. En fait, cinq des sept décisions les moins bien reçues portent sur les politiques migratoires.

Historiquement, les flux d’immigrants atteignent leur sommet au cours des trois prochains mois. Joe Biden risque de rapidement se trouver pris dans un engrenage qui n’aura rien à envier à Lucille Ball.

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