On Thursday, with a speed well deserved by his, albeit fragile, Senate majority, President Joe Biden will sign a stimulus bill with a record total of U.S.$1.9 trillion for COVID relief, just in time for the national speech he will make in the Oval Office.* A speed, but also an ambition, that sharply contrasts with the pettiness of the Republicans when they still had the Senate majority, and represents a strong shift away from the massively pro-rich tax decreases voted for during the first months of Donald Trump’s presidency.
It is a promising plan in that it does not just provide relief for the immediate crisis. To a greater extent, it represents an economic policy with reformist measures that could be made sustainable, especially in the struggle against poverty and inequality. That is what makes it interesting. If humanity reaches an end to COVID-19, this plan is certainly not a cure-all, but it has the merit of duly noting challenges, modestly, in the limits of American political culture and its capitalist creed.
We can at least take for granted that, for the Democrats, it will be an electoral platform that they will defend as early as next year at the midterm elections in hopes of conserving their double majority in Congress. A complicated undertaking in the context of the disconnect at the heart of the Democratic Party between its centrists and the left-leaning, as well as the hyperpolarization between parties that is paralyzing American democracy. However, according to the polls, the majority of Americans approve of Biden’s “American Rescue Plan” — it is true that the opposite would be surprising, given the godsend he is sending down to Earth — while not one of the Republican elected officials voted in its favor, all of them tricked by Donald Trump and his populist hoax.
The plan will renew, by improvements, already existing measures from last spring: direct payments of $1,400, extensions of additional unemployment benefits, housing aid, help to small businesses and schools, support for local governments in fighting the virus. ...
It is the most progressive plan in two respects. First, in so much as it is increasing, for at least two years, eligibility for Obamacare (the Affordable Care Act), which decreases the astronomical costs of private medical insurance by the use of subsidies. Trump, in the end, never succeeded in demolishing Obamacare. Sweet revenge. Millions of people, having lost their jobs to the crisis, have caused the number of Americans without coverage to swell. Socially and electorally speaking, it makes even more sense that Biden is improving access to Obamacare. And again, the Republicans have been tricked: the anti-intervention discourse regarding health insurance that they have been hammering for 10 years is much less significant than it used to be.
The plan is progressive as well because it opens the door to the creation of a program for a universal family allowance of up to $300 per child per month. This isn’t too early at all: The same program has existed in Canada since … 1945. Federal child welfare service also exists in the U.S. as a tax credit, but it is not very useful to the most impoverished. It goes without saying that establishing some form of guaranteed family income is a significantly effective instrument against poverty, according to think tanks like the Center on Poverty and Social Policy at Columbia University. Given that the U.S. is finally envisioning this, it is not far from a revolution.
This is all a shift to the left for Biden, who in the 1990s, as a senator, blindly approved shady cuts to social aid programs under Bill Clinton. What pie would he have his finger in if Trump hadn’t existed?
Here he is now launched into a Keynesian operation that the country has not seen since the 1960s, a clean break with the slow, applied approach of Barack Obama when faced with the Great Recession. Many are criticizing Biden. For spending money all over the place. For threatening the economy with overload and inflation, while the economy, they say, will soon resuscitate itself thanks to the vaccines. For whom and at what rate? One thing is for sure and it’s that the 10 million people who still haven't found work, many of whom are women, certainly do not work in cutting-edge sectors. How many others are still working, but are enduring pain and misery? Is he risking economic collapse? Yes. But Biden did well in deciding that the risk was worth it.
Editor's Note: The stimulus plan was signed Thursday, March 11, 2021.
Avec une célérité bien servie par la majorité dont il dispose au Sénat, fût-elle fragile, le président Joe Biden devrait avoir signé jeudi — à temps pour le discours à la nation qu’il prononcera depuis le Bureau ovale — la loi de soutien économique au montant monumental de 1900 milliards $US, destinée à sortir les États-Unis de leur crise sanitaire. Une célérité, mais aussi une ambition, qui tranche avec la mesquinerie affichée par les républicains quand ils tenaient toujours la majorité au Sénat, et qui représentent par ailleurs un virage frappant au regard des diminutions d’impôts massivement pro-nantis votées dans les premiers mois de la présidence de Donald Trump.
C’est un plan prometteur en ce sens qu’il n’est pas qu’un plan de sortie de crise immédiate. Plus largement, il représente une déclaration de politique économique contenant des mesures réformistes susceptibles d’être pérennisées, nommément en matière de lutte contre la pauvreté et les inégalités. Voilà ce qui le rend intéressant. Si l’humanité touche à un point de rupture avec la COVID-19, alors ce plan n’est certes pas une panacée, mais il a le mérite de prendre acte des défis, ne serait-ce que modestement, c’est-à-dire dans les limites de la culture politique américaine et de son credo productiviste.
On peut tenir pour acquis, en tout cas, qu’il sera pour les démocrates la plateforme électorale qu’ils défendront aussi tôt que l’année prochaine aux législatives de mi-mandat dans l’espoir de conserver leur double majorité au Congrès. Une entreprise compliquée dans le contexte de l’hyper-polarisation partisane qui paralyse la démocratie américaine et des tiraillements au sein même du Parti démocrate entre ses centristes et son aile gauche. Il n’empêche, indiquent les sondages, que les Américains dans leur majorité approuvent l’« American Rescue Plan » de Biden — vrai que le contraire serait étonnant, vu la manne qu’il fait pleuvoir — alors que pas un seul des élus républicains n’a voté en sa faveur, tous piégés qu’ils demeurent par Trump et sa fumisterie populiste.
Le plan reconduit en les bonifiant des mesures qui existaient déjà dans le premier plan du printemps dernier : paiements directs de 1400 $, prolongement des prestations additionnelles de chômage, aide au logement, aux PME et aux écoles, soutien aux gouvernements locaux dans la lutte contre la pandémie…
Il est le plus progressiste à deux égards. D’abord en ce qu’il élargit, pour deux ans au moins, l’admissibilité à l’Obamacare (Affordable Care Act) qui diminue par des subventions le coût astronomique que représente pour les particuliers l’achat d’assurances maladie privées. Trump, finalement, ne sera jamais parvenu à démolir l’Obamacare. Douce revanche. Des millions de personnes, ayant perdu leur emploi à la crise, sont venues de grossir les rangs des Américains sans couverture. Sur le plan social comme électoral, il fait du reste parfaitement sens que Biden améliore l’accès à l’Obamacare. Et là encore, les républicains sont piégés : le discours anti-intervention étatique qu’ils martèlent depuis dix ans en santé est beaucoup moins prégnant qu’il ne l’était.
Le plan est ensuite progressiste en ce qu’il ouvre la porte à la création d’un programme universel d’allocations familiales, à hauteur d’environ 300 $US par enfant par mois. Ce n’est pas trop tôt : pareil programme existe au Canada depuis… 1945. L’aide fédérale à l’enfance existe bien aux États-Unis sous forme de crédits d’impôt, mais c’est peu utile aux plus démunis. Il coule de source que l’instauration d’une forme de revenu familial garanti est un instrument nettement efficace de lutte contre la pauvreté, disent des think tanks comme le Center on Poverty and Social Policy de l’Université Columbia. Que les États-Unis l’envisagent enfin n’est pas loin de tenir de la révolution.
C’est tout un virage à gauche pour Joe Biden, lui qui dans les années 1990, alors sénateur, approuva les yeux fermés les coupes sombres appliquées sous Bill Clinton aux programmes d’aide sociale. À quel râtelier mangerait-il si Donald Trump n’avait pas existé ?
Président, le voici maintenant lancé dans une opération keynésienne comme le pays n’en a pas connu depuis les années 1960, en rupture nette avec l’approche lente appliquée par Barack Obama face à la Grande Récession. Beaucoup font des reproches à M. Biden. De dépenser à tout vent. De faire courir à l’économie des risques de surchauffe et d’inflation, alors que l’économie, disent-ils, va bientôt ressusciter d’elle-même, grâce aux vaccins. Pour qui et à quel rythme ? Une chose est sûre et c’est que les 10 millions de personnes, pour beaucoup des femmes, qui n’ont toujours pas retrouvé leur emploi ne travaillaient certainement pas dans des secteurs de pointe. Combien d’autres encore travaillent toujours, mais tiennent le coup de peine et de misère. Risque de capotage économique ? Oui. Mais Biden a bien fait de décider que le jeu en valait la chandelle.
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