At a Time of ‘Wokeness,’ Let’s Use the Republican Model for Our Businesses

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Des cadres de l’agence Havas et de l’Ifop s’inquiètent de la place que prend cette nouvelle forme d’activisme radical centré sur l’identité, dans les entreprises françaises. Ils proposent un contre-modèle où la question des inégalités serait traitée non pas sous un prisme identitaire mais social.

«Woke is the new cool», disait déjà David Brooks en 2017, dans un article du New York Times . Les grandes marques que nous consommons chaque jour sont devenues «woke». Nike est «woke». Google et Uber aussi. L’identité est à la mode. Le mot race n’est plus tabou. Pour beaucoup, notamment les plus jeunes, le «wokisme» incarne la forme la plus moderne de l’engagement. Rien d’étonnant à ce que nombre d’entreprises s’en soient emparées ces derniers temps.

Il y a sans doute du bon dans le «wokisme», et du moins bon aussi. Ouvrons le débat, n’en faisons pas l’unique solution aux problèmes sociaux et sociétaux de notre époque ; l’alpha et l’oméga de l’inclusion, un bloc intouchable, un pur concentré de bienveillance qu’il serait suspect de critiquer. D’autres manières de penser existent. Il est urgent de les invoquer. D’abord parce que la France n’est pas les États-Unis. Notre histoire et notre rapport à l’Histoire sont très différents, (ce qui explique probablement pourquoi la cancel culture s’impose plus difficilement chez nous). Nous n’avons pas non plus exactement les mêmes problèmes et nos approches de l’intégration, de la religion, de l’identité sont souvent radicalement opposées.

D’autres manières de penser existent. Il est urgent de les invoquer

Les signataires

Soyons réalistes : les composantes du «wokisme» auront un impact réel sur l’entreprise, sa raison d’être, son vivre-ensemble, sa réputation, sa capacité d’innovation, sa liberté d’expression.

Et si face au «wokisme», la République était pour les entreprises, un contre-modèle précieux pour s’engager dans la société ? Un contre-modèle qui nous ressemble et nous rassemble. Par sa capacité à traiter la question des inégalités sous un prisme d’abord social avant d’être identitaire : les classes contre les classements. Par sa vision universaliste de l’antiracisme contre une lecture purement communautaire : la fraternité contre les clans. Par le primat donné au collectif face aux dérives individualistes et parfois narcissiques de cette génération : la politique du «nous» contre la politique du «je».

Et si face au wokisme, la République était pour les entreprises, un contre-modèle précieux pour s’engager dans la société ?

Les signataires

Les entreprises sont attendues sur ce terrain : 73% des Français souhaitent que les PME jouent «un rôle plus important» pour «défendre les valeurs de la République dans les années à venir», et ils sont 60 % en ce qui concerne les grandes entreprises, selon une étude Havas Paris/Ifop publiée en 2020. Par valeurs républicaines, il s’agit de «payer ses impôts en France» (92% de oui), « faire vivre le principe d’égalité hommes/femmes » (90%), « défendre la progression de carrière et les promotions au mérite » (83%) ou encore « appliquer de manière stricte le principe de laïcité dans l’entreprise » (82%). Les priorités fixées par les Français sont claires : universalisme, égalité, mérite, exemplarité.

Aux entreprises d’entendre ces appels et de s’engager pleinement pour renouer à leur manière les liens de notre archipel français.

Les signataires:

Arielle Schwab, directrice générale adjointe d’Havas Paris ; Benoit Loze, directeur de la stratégie d’Havas Paris ; Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop

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