Biden Rescue Plan: Back to the New Deal?

<--

POINT DE VUE. « Le Plan de sauvetage Biden : le retour du new Deal ? »

Le président Biden s’était engagé sur son plan de sauvetage anti coronavirus de 1900 milliards de dollars. Pour Anne Desyne, professeure émérite à l’université Paris Ouest-Nanterre, ce plan est aussi une réhabilitation du rôle de l’État.

Anne Deysine, professeure émérite à l’université Paris Ouest-Nanterre, spécialiste des questions politiques et juridiques en France et aux États-Unis.

Le président Biden s’était engagé sur son plan de sauvetage anti coronavirus de 1900 milliards de dollars. Il a tenu parole. Il a d’abord tenté d’obtenir le soutien de quelques Républicains. Ceux-ci ont fait semblant de négocier, proposant 600 milliards de dollars. Joe Biden a tiré les leçons de la présidence Obama et de l’obstruction des Républicains opposés au plan de redressement après la crise de 2008. Il savait que ceux-ci l’accuseraient de refus de coopérer mais il est allé de l’avant, expliquant : « entre un projet uniquement démocrate et un plan a minima, pas d’hésitation ». Une voie possible car le texte pouvait relever d’une procédure budgétaire, appelée « réconciliation » qui permet d’éviter l’obstruction législative au sénat.

Sur le fond, le plan contient tout ce à quoi les Républicains s’opposent farouchement. Et en premier lieu, des aides aux États et aux collectivités locales durement touchés par la crise sanitaire, auxquels les Républicains refusaient d’accorder des subventions fédérales. L’alibi : les États démocrates, mal gérés comme de bien entendu, allaient dilapider l’argent du plan anti Covid pour renflouer leurs caisses et non pour organiser la distribution du vaccin et éviter d’autres licenciements dans leurs administrations de police, justice et écoles.

Le plan Biden comprend aussi les chèques de 1 400 $ par personne pour les foyers gagnant moins de 75 000 $, ce qui pour la première fois depuis des années, aide la classe moyenne. Celle-ci ne s’y est pas trompée qui approuve le plan à plus de 70 %, de nombreux électeurs votant républicain s’estimant tout à fait satisfaits.

Une vraie lutte contre la pauvreté

Ce plan est une révolution progressiste, le premier depuis le New Deal, car il lutte vraiment contre la pauvreté. C’est aussi une réhabilitation du rôle de l’État. La méfiance vis-à-vis de l’État fédéral fait partie de l’ADN des Américains depuis la création de la jeune république en 1787. Ronald Reagan a ainsi normalisé l’hostilité à l’État lorsqu’il a affirmé en 1980 durant sa campagne : l’État n’est pas la solution, c’est le problème ». Et depuis les Républicains n’ont eu de cesse de diminuer le budget des différentes administrations fédérales, à l’exception du Pentagone. Quant à l’ancien président Trump, il a refusé de nommer bon nombre de hauts responsables de ministères, jugeant que leurs postes étaient inutiles.

En deux mois de mandat, le nouveau président a fait passer le message qu’il était possible et souhaitable d’avoir un État fédéral efficace et compétent qui travaille pour le bien du peuple. Mais tout n’est pas réglé. Car pour faire adopter la réforme de l’immigration, un plan ambitieux d’infrastructure, limiter le port d’armes et surtout pour protéger le droit de vote attaqué par les Républicains dans les États, le président Biden devra soit « trouver » dix sénateurs républicains susceptibles de voter les textes adoptés par la Chambre, soit s’attaquer à la flibuste, technique d’obstruction parlementaire.

La première hypothèse étant hautement improbable compte tenu de la polarisation au sénat, il lui faudra convaincre tous les sénateurs démocrates de durcir les règles du « filibuster. » Par exemple en exigeant que les sénateurs qui s’opposent occupent effectivement la tribune durant des heures. Si Biden convainc tous les sénateurs démocrates de supprimer le filibuster, il pourra alors, comme à la Chambre, faire adopter tous ces textes à la majorité simple, la vice-présidente Kamalla Harris ajoutant une 51è voix pour départager les deux camps. Faute de cela, la nécessaire révolution progressiste que tente de mettre en œuvre un président centriste modéré ne pourra pas se produire. »

About this publication