"It’s not only that it is impossible for us to imagine a world without police; we are trained to a point of being unable to do so,” the author points out.
Once again, the deadly measures of the police and the impunity which allows it have been met with justified anger. I understand the rage, and I share the anger. If not surprising, the lack of consideration for Black lives is still shocking. And yet, I hope that this time our repeated demands for the police to stop being police will be heard.
How is it possible that the police continue to kill people, notably Black people, with complete impunity? When asked like this, the question is simply inadequate. To fulfill its role, the police must be racist, patriarchal, ableist, homophobic and transphobic. To perpetuate a capitalist, white supremacist and cis-hetero patriarchal state aimed to target, control and contain certain groups. When looked at like this, the paths are limited: We must ask better questions and better formulate our demands. And both are within our reach, just like the possibility of abolishing the police.
How to make sure that the police stop killing with complete impunity? Such a reframing of the question opens up the possibilities. We could begin by reducing the interactions between the police and the population. We could also reduce police budgets and invest in our communities. There it is, a constructive question that opens up more.
Are people shown a representation of public security that doesn’t include the police? If the response is no, why? There is something profoundly dangerous about the fact that abolishing police is unthinkable for so many people. It means that the police have so skillfully colonized and besieged our thought processes that we are incapable of imagining a world in which they don’t exist. Yet, the police haven’t always existed. What makes us think that they will always exist, or that they should always exist?
Trained Not To Imagine
It’s not only that it is impossible for us to imagine a world without police; we are trained to a point of being unable to do so. Police TV series and other forms of propaganda for the forces of law and order are critical in the naturalization of the police. Children’s books, cartoons, comic books, Lego, the police presence in schools and other past and present aspects of popular culture condition us to be incapable of thinking of a world without police. Police are portrayed as heroes; they are celebrated with monuments and memorials. It teaches us that the police are the wall between order and total chaos. It is hard to think of another trade that puts such effort into public relations. There is no TV series showing the value of the work done by childcare workers, even though they are essential to the workings of modern society. Why do the police need it so much?
Law enforcement agencies constantly work to preserve their legitimacy. They reinvent themselves, they reposition and constantly reimagine themselves in new roles. The fact that the police continually justify their existence suggests, however, that their role in our culture is perhaps more precarious than it appears, and that they are in fact vulnerable to social mobilization and pressure.
This offers us a real window of opportunity for our abolitionist strategy. We have to aspire to reduce the interactions between police forces and the population without increasing the legitimacy of the police. The objective should be to reduce wherever possible the work of the police in all its forms and to stop legitimizing the use of the police as a response to different social problems. For example, we cannot demand reformist advisory committees and commissions of inquiry that reinforce police power. We can no longer demand the replacement of police by social workers if they are given the same mandate of surveillance and coercion. A strategic abolitionist mobilization intends to remove the prison and police complex alongside its legitimacy.
When prison and police abolitionists call for the elimination of the police, people respond immediately and aggressively by telling us to come up with an alternative way to ensure public safety. They ask us to replace the police. But no single entity should replace prisons, the police and surveillance. I think about what Damon Williams, an activist in Chicago, wrote, which I read recently: “When I see the police, I see a hundred other employees condensed into a single person with a gun.”
The police are currently the catch-all response to every social problem, while the state continues to reduce public services. Different problems require different solutions. And an intrinsically violent institution, an institution that is the one and only source of authority and liberty to which the state permits the use of violence, should not be part of that response.
Abolir la police pour mettre fin à sa violence
«Ce n’est pas seulement qu’il nous est impossible d’imaginer un monde sans police: nous sommes disciplinés à en être incapables», souligne l'autrice.
Encore une fois, les gestes meurtriers de la police et l’impunité qui les permet provoquent une indignation justifiée. Je comprends la rage et je partage la colère. S’il ne surprend pas, le manque de considération pour la vie noire demeure atterrant. Et pourtant, j’espère que cette fois nos demandes répétées pour que la police cesse d’être la police seront entendues.
Comment se fait-il que la police continue de tuer en toute impunité des personnes, notamment noires ? Ainsi posée, la question n’est tout simplement pas adéquate. Pour remplir sa fonction, la police doit être raciste, patriarcale, capacitiste, homophobe et transphobe. Perpétuer un État capitaliste, suprémaciste blanc et cis-hétéropatriarcal implique de cibler, contrôler et contenir certains groupes. Sous cet angle, les avenues sont limitées : nous devons poser de meilleures questions et mieux formuler nos demandes. Et les deux sont à notre portée, tout comme la possibilité d’abolir la police.
Comment faire pour que la police cesse de tuer en toute impunité ? Un tel recadrage ouvre les possibilités. Nous pouvons commencer par réduire les interactions entre la police et la population. Nous pouvons aussi réduire le budget des corps policiers et investir dans nos communautés. Voilà donc une question constructive qui en génère d’autres.
Les gens sont-ils exposés à une représentation de la sécurité publique qui exclut la police ? Si la réponse est non, pourquoi ? Il y a quelque chose de profondément dangereux dans le fait que l’abolition de la police soit impensable dans l’esprit d’autant de personnes. Cela signifie que la police a si habilement colonisé et assiégé nos réflexions que nous sommes incapables d’imaginer un monde dans lequel elle n’existe pas. Pourtant, la police n’a pas toujours existé. Qu’est-ce qui nous fait croire qu’elle existera toujours, ou qu’elle devra toujours exister ?
Disciplinés à ne pas imaginer
Ce n’est pas seulement qu’il nous est impossible d’imaginer un monde sans police : nous sommes disciplinés à en être incapables. Les séries télévisées policières et autres formes de propagande des forces de l’ordre sont déterminantes dans la naturalisation de la police. Les livres pour enfants, les dessins animés, les bandes dessinées, les Lego, la présence policière dans les écoles et autres artéfacts passés et présents de la culture populaire nous conditionnent à être incapables d’imaginer un monde sans police. Les policiers sont représentés en héros, célébrés par des monuments et des mémoriaux. On nous apprend que la police est le rempart qui sépare l’ordre du chaos total. Il est difficile de penser à un autre corps de métier qui déploie autant d’efforts dans ses relations publiques. Il n’y a pas de série télévisée mettant en valeur le travail des services à l’enfance, bien qu’ils soient essentiels au fonctionnement de la société moderne. Pourquoi la police en a-t-elle tant besoin ?
Les forces de l’ordre travaillent constamment à préserver leur légitimité. Elles se réinventent, se repositionnent et s’imaginent constamment dans de nouveaux rôles. Le fait que la police justifie continuellement son existence suggère toutefois que son rôle dans notre culture est peut-être plus précaire qu’il n’apparaît et qu’elle est en fait vulnérable devant la mobilisation et la pression sociales.
Cela nous offre donc une réelle fenêtre de possibilités pour nos stratégies de mobilisation abolitionnistes. Nous devons aspirer à réduire les interactions entre les corps policiers et la population sans accroître la légitimité de la police. L’objectif devrait être de réduire autant que possible le travail de la police sous toutes ses formes et de cesser de légitimer le recours à la police comme réponse à différents problèmes sociaux. Nous ne pouvons pas, par exemple, exiger des comités consultatifs et des commissions d’enquête réformistes qui renforcent le pouvoir de la police. Nous ne pouvons pas non plus demander le remplacement de la police par des travailleuses et travailleurs sociaux si on leur confie le même mandat de surveillance et de coercition. Une mobilisation abolitionniste stratégique entend faire disparaître le complexe carcéral et policier ainsi que sa légitimité. […]
Lorsque les abolitionnistes du système carcéral et policier appellent à l’élimination de la police, les gens réagissent immédiatement, et agressivement, en nous intimant de proposer une solution de remplacement pour assurer la sécurité publique. On nous demande ce qui remplacera la police. Mais aucune entité unique ne devrait remplacer les prisons, la police et la surveillance. Je pense à ces mots de Damon William, un militant de Chicago, que j’ai lus récemment : « Lorsque je vois la police, je vois cent autres emplois condensés en une seule personne avec un fusil. »
La police est, à l’heure actuelle, la réponse fourre-tout à chaque problème social, alors que l’État continue de réduire les services publics. Des maux différents appellent des réponses différentes. Et une institution intrinsèquement violente, une institution dont la seule et unique source d’autorité est la liberté que l’État lui donne d’user de la violence, ne devrait pas faire partie de ces réponses. […]
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