The American Example

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La chronique de Marc Dugain : l’exemple américain

Joe Biden a mis fin, en tout cas provisoirement, à l’expansion politique d’un mouvement populiste démagogique par des réponses concrètes aux Américains.

Je me souviens d’avoir essayé de me débarrasser d’un rosier qui gênait dans mon jardin en le mettant en pièces. L’année suivante, au lieu d’avoir disparu, il est ressorti, flamboyant comme jamais. C’est un peu ce qui s’est passé avec la démocratie américaine. Foulée par Trump et ses adeptes, on s’est demandé si elle résisterait à ce déchaînement de haine, de bêtise, d’esprit de conspiration qui a conduit Trump à refuser le résultat des élections de 2020. Son admiration pour Poutine qui lui a drôlement rendu service au moment du scrutin et tout au long de son mandat l’avait conduit à rêver du même destin, devenir président à vie quel que soit le résultat des urnes. Mais la démocratie américaine est solide malgré ses imperfections.

Elle renaît avec un homme qui se dit que d’être élu à son âge lui permet d’avoir pour son pays un autre horizon que la prochaine élection, de passer outre le déclin naturel de sa vue pour regarder loin et tenter de mener son pays vers un équilibre nécessaire entre ceux qui réussissent et ceux qui n’ont pas l’opportunité de le faire. Les éloges ne manquent pas concernant Joe Biden et après Trump qui brigue le titre du Président le plus pathétique depuis Bush junior, on le voit bien rentrer dans l’histoire aux côtés de Roosevelt, la grande figure démocrate de la crise de 29 et de la dernière guerre mondiale, mais aussi de Kennedy dont il faut se souvenir qu’il a évité l’affrontement nucléaire entre les deux grands blocs de l’époque.

Joe Biden a mis fin, en tout cas provisoirement, à l’expansion politique d’un mouvement populiste démagogique en apportant des réponses concrètes aux Américains qui vivent plus près du cauchemar que du rêve. Il peut désamorcer cette rancoeur profonde instrumentalisée par l’ancien tartuffe de la Maison-Blanche. Une fois encore, l’Amérique a montré l’exemple de la capacité des démocraties à s’affranchir du piège populiste à un moment de notre histoire où la tentation est grande.

En France, certains militaires et gendarmes se verraient bien contribuer à rétablir l’ordre. Sauf que l’idée qu’ils se font de l’ordre ressemble à une guerre civile. La déception, il faut l’accepter, est consubstantiel à la démocratie. Emmanuel Macron n’a pas vraiment tenu les promesses qui avaient suscité un véritable enthousiasme pour lui. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, il a trouvé qu’il était plus convenable de renoncer que de s’obstiner, nourrissant involontairement un courant extrême qui refuse d’accepter que ce qui ne va pas dans les démocraties c’est nous, essentiellement nous, nos égoïsmes et nos contradictions.

La dernière fois qu’on a connu un régime autoritaire, on n’est pas allé chercher un gendarme aigri ni un général frustré, on a fait ça bien, on a mis un Maréchal à la tête de l’Etat. Et on sait ce que cela a donné. Alors tant qu’à être dirigé par un vieil homme qui n’a plus rien à perdre d’autre que son honneur autant préférer le profil de Biden à celui de Pétain.

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