Stalled in the Senate, police reform is challenged by the inequalities that plague American society and the great complexity of its structure.
One year ago, George Floyd died, suffocated under the knee of a white police officer, in Minneapolis, Minnesota. The nine endless minutes of agony of this 46-year-old African American, filmed by a young female passerby, moved the whole planet and provoked demonstrations against police violence and racism of an unprecedented scale in the United States. While the police officer, Derek Chauvin, who was found guilty of murder by the courts, awaits his sentencing on June 25, the practices of law enforcement in the United States remain at the heart of the debate.
Floyd's death certainly set in motion a legislative process. In the weeks that followed, a bill bearing his name was passed by the Democratic majority in the House of Representatives. It aims to limit the principle of "qualified immunity," which allows police officers to be exonerated from responsibility for certain "blunders," as well as to prohibit choking techniques during an arrest. But this reform remains blocked in the Senate by a Republican minority that is still reluctant to reduce the powers of the police.
At the same time, a redeeming awareness has emerged in the public. The mass mobilization of the white population is a critical element in bringing about reform and behavioral change in a country where an African American male is twice as likely to be killed by the police as his white counterpart.
Police Brutality Continues
On the ground, practices are beginning to change. The proliferation of police body cameras is breaking with a culture of secrecy that has long dominated. The impunity enjoyed by the perpetrators of "blunders" is no longer as systematic as before. But police reform is hampered by the complexity of a structure made up of more than 12,000 local departments, under the umbrella of thousands of federal and state agencies. In practice, police brutality continues, and Black people continue to fall under the bullets of police officers.
Not all blunders are the result of a relentless fight against serious crime. The method of intervention in cases of drug use may be disproportionate to the seriousness of the crime. There is also the question of the effectiveness of carrying out 20 million roadside checks each year. This is routine in most Western countries, but in the United States it can get out of hand at any time, especially when it involves a Black person.
A Society Marked by Racial Discrimination
Changing police practices does not depend only on continued training, better supervision or harsher penalties against bad apples. It is also a societal issue. The police are often confronted with social distress needs that exceed their ability. Nearly one-third of the 1,000 people killed each year by the police have psychological problems. Early intervention in taking care of these patients would undoubtedly avoid many tragedies.
Finally, the police operate in a society that is still marked by discrimination against Blacks. Floyd's case, as emblematic as it is, will not be enough to change some behaviors that have been ingrained in people's minds for generations. Nor will any law restore the long-broken trust between law enforcement and a segment of the population. It calls for some much broader soul-searching in American society.
Un an après la mort de George Floyd, la lente mue de la police aux Etats-Unis
Bloquée au Sénat, la réforme de la police se heurte aux inégalités qui minent la société américaine et à la grande complexité de sa structure.
Editorial. Il y a un an, George Floyd mourait, étouffé sous le genou d’un policier blanc, à Minneapolis (Minnesota). Les neuf minutes interminables de l’agonie de cet Afro-Américain de 46 ans filmée par une jeune passante ont ému la planète entière et provoqué aux Etats-Unis des manifestations d’une ampleur inédite contre les violences policières et le racisme. Alors que le policier, Derek Chauvin, reconnu coupable de meurtre par la justice, sera fixé sur la durée de sa peine de prison le 25 juin, les pratiques des forces de l’ordre aux Etats-Unis restent au cœur du débat.
La mort de George Floyd a certes enclenché un processus législatif. Dans les semaines qui ont suivi, une proposition de loi portant son nom a été adoptée par la majorité démocrate à la Chambre des représentants. Il s’agit notamment de limiter le principe de l’« immunité qualifiée », qui permet d’exonérer les policiers de leur responsabilité dans certaines « bavures », ainsi que d’interdire les techniques d’étranglement lors d’une arrestation. Mais cette réforme reste bloquée au Sénat par une minorité républicaine encore rétive à réduire les prérogatives de la police.
Parallèlement, une prise de conscience salvatrice s’est engagée au sein de l’opinion. Le fait qu’une partie de la population blanche se soit mobilisée en masse constitue un élément décisif pour impulser des réformes et changer les comportements dans un pays où un Afro-Américain de sexe masculin court deux fois plus de risque d’être tué par la police que son concitoyen blanc.
Les brutalités policières perdurent
Sur le terrain, les pratiques commencent à changer. La multiplication des caméras-piétons des policiers permet de rompre avec une culture du secret qui a longtemps dominé. L’impunité dont bénéficiaient les auteurs de « bavures » n’est plus aussi systématique qu’auparavant. Mais la réforme de la police se heurte à la complexité d’une structure composée de plus de 12 000 services locaux, chapeautés par des milliers d’agences fédérées et fédérales. De fait, les brutalités policières perdurent, et des Noirs continuent de tomber sous les balles de policiers.
Les bavures ne sont pas toujours la conséquence d’une lutte acharnée contre la grande criminalité. Le mode d’intervention dans les affaires de consommation de stupéfiants peut se révéler disproportionné par rapport à la gravité du délit. Se pose aussi la question de l’efficacité de procéder chaque année à vingt millions de contrôles routiers. Une routine dans la plupart des pays occidentaux, mais qui, aux Etats-Unis, peut dégénérer à tout moment, surtout quand elle concerne un Noir.
Une société marquée par les discriminations raciales
Changer les pratiques policières ne dépend pas seulement d’un effort de formation, d’un meilleur encadrement ou de sanctions plus sévères contre les brebis galeuses. L’enjeu est aussi sociétal. La police se trouve souvent confrontée à une détresse sociale qui la dépasse. Près d’un tiers du millier de personnes tuées chaque année par les forces de l’ordre présentent des problèmes psychologiques. Une prise en charge de ces malades en amont éviterait sans doute bien des drames.
Enfin, la police opère dans une société qui reste elle-même marquée par la discrimination envers les Noirs. Le cas de George Floyd, aussi emblématique soit-il, ne suffira pas à changer certains comportements, ancrés dans les mentalités depuis des générations. Aucune loi ne permettra non plus de rétablir la confiance, brisée de longue date, entre les forces de l’ordre et une partie de la population. C’est à un examen de conscience bien plus large que doit se soumettre la société américaine.
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