It’s Not a Cease-Fire, But Beijing and Washington Are Back on Speaking Terms

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Ce n’est pas un cessez-le-feu, mais Pékin et Washington se reparlent

En mars dernier, la première rencontre Chine-Etats-Unis depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche avait fini presque en pugilat. La guerre commerciale entre les deux puissances se poursuit et Washington vient même d’imposer de nouvelles sanctions. Il n’empêche. Des réunions entre hauts responsables ont lieu ces jours

En ce qui concerne la Chine, Joe Biden fait comme Donald Trump. Le président américain a allongé jeudi soir par décret la liste noire des entreprises chinoises, de 31 à 58, qui ne peuvent pas bénéficier de capitaux américains en raison de leurs liens avec l’armée chinoise. La plupart d’entre elles sont actives dans l’armement, la surveillance et les infrastructures. Parmi les grands noms, le géant pétrolier CNOOC, China Railways Construction, China Mobile, China Telecom, Hikvision et Huawei. Pour Washington, ces entreprises représentent un danger non seulement pour la sécurité des Etats-Unis, mais aussi pour celle de leurs alliés.

Pas de cessez-le-feu donc entre les deux premières puissances mondiales. Les sanctions imposées par l’administration Trump ont été maintenues, voire élargies, par le président démocrate. Notamment les surtaxes imposées en 2018 sur les machines à laver et les panneaux solaires importés de Chine, puis étendues à d’autres produits chinois d’une valeur de 370 milliards de dollars par an.

Les Etats-Unis insatisfaits

Un accord imposant à la Chine d’acheter de grandes quantités de céréales a certes été signé en 2020. Mais selon Washington, Pékin ne l’a pas respecté. Cette dernière l’admet, mais argue que le covid a freiné tous les échanges. Ces derniers mois, la Chine a mis les bouchées doubles pour augmenter l’importation de céréales et de viande, mais les Etats-Unis restent insatisfaits.

Autant dire que les relations restent tendues. Washington considère Pékin comme un «concurrent stratégique». L’administration Biden reprend les reproches de l’ère Trump: non-respect de droits de l’homme à Hongkong et répression contre les Ouïgours dans la province de Xinjiang, non-respect des règles de la propriété intellectuelle, ou encore soutien aux entreprises d’Etat.

«Pragmatique»

Soit. Malgré les tensions, le dialogue n’est pas mort. L’administration Biden a certes allongé la liste d’entreprises chinoises sous sanctions jeudi soir, mais a précisé que celles-ci seront appliquées de façon «ciblée et encadrée». Ce qui fait penser aux observateurs que les Etats-Unis n’entendent pas entrer dans une «guerre totale». Dans le même registre, les filiales des entreprises sanctionnées ne sont pas concernées.

Mais par-dessus tout, Washington et Pékin ont repris le dialogue. Mercredi, le vice-premier ministre chinois Liu He a rencontré en mode virtuel Janet Yellen, la secrétaire d’Etat au Trésor. La semaine dernière, il s’est entretenu avec Katherine Tai, la représentante américaine au Commerce. Dans les deux cas, les discussions ont tourné autour de la guerre des tarifs douaniers. Jeudi, le porte-parole de Pékin a parlé de «résoudre des problèmes spécifiques de façon pragmatique».

Usine du monde

«Il ne s’agit en aucun cas de rétablissement d’échanges normaux entre les deux gouvernements, mais la situation est bien meilleure qu’à Anchorage», a commenté Shi Yinhong, directeur du Centre sur les études américaines à la Renmin University à Pékin. Le 18 mars dernier, le premier dialogue de haut niveau depuis l’arrivée de Joe Biden au pouvoir avait eu lieu dans cette ville d’Alaska, mais s’était soldé par un échec brutal. Le choc était tel qu’il était difficile de prédire l’évolution des relations entre les deux puissances.

Les dirigeants chinois plaident souvent pour en finir avec la guerre commerciale et les multiples sanctions contre leurs entreprises. De son côté, l’administration Biden subit la pression des entreprises américaines qui sont liées à l’«usine du monde». Selon une étude publiée en février par la Chambre du commerce américaine en Chine, un découplage total entre les deux économies coûterait plus de 200 milliards de dollars à l’économie américaine par an et plusieurs centaines de milliers d’emplois américains.

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