G7, sommet de l’OTAN, réunion avec l’UE… le retour de la diplomatie américaine
En cinq jours, Joe Biden a réussi à sceller les retrouvailles transatlantiques et à imposer la Chine comme sujet de discussion central avec ses différents partenaires. C’est un bon début pour le président américain, après les tumultueuses années Trump. Mais ce n’est qu’un début…
La diplomatie est de retour. En cinq jours de sommets en série, celui du G7 à Carbis Bay, en Grande-Bretagne, du 11 au 13 juin, suivi de celui de l’OTAN à Bruxelles, le 14, puis d’une réunion Union européenne – Etats-Unis le 15, Joe Biden a scellé les retrouvailles transatlantiques. Elles le renforcent face au président russe, Vladimir Poutine, qu’il rencontre mercredi 16 juin, à Genève. A défaut d’effacer totalement le désastreux mandat de Donald Trump, ces réunions et les nombreux entretiens bilatéraux qui les ont accompagnées ont au moins permis de reforger une unité des démocraties occidentales autour d’intérêts communs.
Le président américain avait réservé à l’Europe son premier voyage à l’étranger, pour faire bonne mesure, après avoir reçu à Washington deux dirigeants asiatiques, le premier ministre japonais, Yoshihide Suga, et le président sud-coréen, Moon Jae-in. La même préoccupation anime la volonté de la Maison Blanche de « revitaliser » le lien avec les alliés traditionnels des Etats-Unis, qu’ils soient d’Asie ou d’Europe : la nécessité de contrer l’affirmation de la Chine comme puissance rivale et le souhait de le faire en bloc.
Amical et à l’écoute de ses collègues européens, évitant les formules qui fâchent dans les conférences de presse, désireux de réengager un dialogue constructif sur le climat, le commerce et la fiscalité internationale, Joe Biden n’a pas ménagé sa peine pour montrer qu’il voulait tourner la page de l’ère Trump. Mais, outre que la doctrine de son équipe sur la manière dont l’Europe et les Etats-Unis doivent affronter ensemble les nouveaux défis stratégiques n’est pas encore totalement arrêtée, il faudra un peu plus de temps, et de gestes concrets, au président démocrate pour convaincre les Européens que cette approche positive est solide. La démocratie américaine a révélé sa fragilité, et ses alliés restent échaudés par les dégâts causés par la présidence Trump.
Clarification
L’accord intervenu mardi entre l’Union européenne et les Etats-Unis sur les aides publiques au secteur aéronautique, qui met fin à un contentieux de dix-sept ans entre Boeing et Airbus et permet de lever les sanctions commerciales américaines, est un bon début, mais il montre aussi les limites de la réconciliation transatlantique : il ne s’agit que d’une trêve et les droits de douane punitifs ne sont suspendus que pour cinq ans.
Sur les grands dossiers internationaux, cette tournée a permis, sinon de les surmonter totalement, de clarifier les différences de sensibilité entre Washington et les Européens. Pouvoir les exposer sans que cela tourne au drame est un incontestable progrès. Il est regrettable, cependant, que cette atmosphère constructive au G7 n’ait pas débouché sur des initiatives à la hauteur de l’urgence en matière de lutte contre le changement climatique ou d’accès mondial au vaccin contre le Covid-19.
A l’OTAN, Joe Biden a réussi à imposer une discussion de fond sur la Chine, désormais qualifiée de « défi systémique » pour l’Alliance atlantique. Là encore, ce n’est qu’un début : les divergences entre Américains et Européens sur la stratégie à adopter face au défi chinois, et sur le rôle éventuel de l’OTAN, qui, comme l’a justement rappelé le président Macron, a été conçue comme une alliance euro-atlantique, sont réelles. Il appartient à présent à la Maison Blanche d’intégrer les préoccupations des Européens dans l’élaboration de sa politique extérieure, si elle compte sur leur coopération. Et il appartient aux Européens de tenir une ligne unie et cohérente.
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