Trump-Biden, the Same Old Cuba

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On vivait d’espoir à Cuba après l’élection de Joe Biden. Son prédécesseur avait poussé si loin l’intransigeance que l’île des Caraïbes avait été, dans les derniers jours de sa présidence, redésignée « État soutenant le terrorisme ».

Sauf que cette semaine, c’est l’administration Biden, et non celle de Trump, qui s’est opposée à l’ONU à la levée de l’embargo imposé il y a soixante ans. Dur dur d’être Cubains !

C’est donc le retour à la case départ dans les relations entre Washington et La Havane. Pourtant, les réformes économiques et l’allégement des sanctions américaines couronnés par la visite de Barack Obama en 2016 permettaient enfin aux Cubains de croire qu’un demi-siècle plus tard, les tensions se dissipaient.

Donald Trump – par anticommunisme primaire, opportunisme politique et opposition viscérale à tout ce qu’Obama avait accompli – avait mis un holà complet au rapprochement entre les deux voisins. Il faut dire que c’est un calcul qui lui a rapporté en novembre dernier.

La soirée électorale présidentielle et le brouhaha qui s’est ensuivi auraient pu se dérouler bien différemment si les vingt-neuf votes de la Floride au Collège électoral étaient tombés du côté démocrate. Donald Trump a mis la main sur l’État, notamment grâce à l’appui – à 56 % contre 41 % – de la communauté cubano-américaine.

Des promesses vides

En campagne électorale, Joe Biden avait essentiellement promis de se réengager dans la voie prise par son patron en 2016 : encourager une libéralisation de l’île castriste par le dialogue et la reprise des échanges socio-commerciaux. La réalité, encore une fois, c’est que le nouveau président démocrate n’a pas les moyens de ses ambitions.

La poignée de voix de majorité que son parti détient à la Chambre des représentants et l’égalité entre républicains et démocrates au Sénat ne lui donnent aucune chance de faire des progrès dans ce dossier.

En fait, comme ses propres priorités – investissements en infrastructures, durcissement des mesures environnementales, resserrement du contrôle des armes à feu, etc. – stagnent, faisons-nous à l’idée qu’il ne dilapidera pas une once de capital politique dans une initiative qui reste controversée.

De là, comme son représentant à l’Assemblée générale des Nations Unies l’a fait mercredi, à activement s’opposer à une résolution condamnant l’embargo (plutôt qu’en s’abstenant à la Barack Obama en 2016), c’est une attitude qui déçoit même ceux qui attendaient peu de l’ancien vice-président.

De misère en misère

Entre-temps, ce sont les Cubains ordinaires qui font les frais du blocage entre les deux pays. La réduction du nombre de visiteurs américains provoquée par les contraintes réimposées par Trump n’a pu être compensée par les voyageurs d’ailleurs, puisque la pandémie, là aussi, a asséché la manne de devises étrangères.

D’autre part, les frères Castro ne sont plus au pouvoir, mais les vieux réflexes de répression de la dissidence, notamment en limitant l’accès à internet, n’ont pas disparu. Bref, les Cubains devront encore devoir s’armer de patience devant des cadres du parti communiste qui restent réticents face à de nécessaires réformes, des responsables de l’armée qui n’ont nullement l’intention de céder leur contrôle de nombreux rouages de l’économie et un grand voisin qui, même moins zélé qu’avant, continue de se traîner les pieds.

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