Écarter les « woke » du parti démocrate
Aux États-Unis, tout comme ici, la mouvance woke fait réagir. L’expression n’est pas nouvelle, les problèmes identifiés non plus, mais depuis l’émergence de Black Lives Matter, on n’en finit plus de mesurer les bienfaits, les travers et les effets des manifestations de cette mouvance.
La plupart du temps, les adeptes du mouvement ont des affinités avec des politiciens ou des politiciennes progressistes rattachés au Parti démocrate. La proximité est si évidente que les républicains n’ont aucun mal à les associer efficacement auprès de leurs électeurs.
C’est justement parce que bien souvent on ne s’embarrasse pas avec les nuances que les doléances de quelques extrémistes de cette mouvance placent de plus en plus régulièrement le Parti démocrate sur la défensive.
Si les démocrates embrassent depuis longtemps la lutte contre la discrimination et le racisme, la propension de plusieurs woke à vouloir bannir et censurer conduit souvent à des réactions extrêmes. À tort ou à raison, on présente maintenant le parti comme enclin à la sensiblerie, moralisateur et trop catégorique dans le jugement qu’on porte sur une bonne portion de l’électorat américain.
Depuis la victoire d’Eric Adams aux primaires démocrates pour la mairie de New York, plusieurs membres du parti se demandent s’il faut rapidement freiner l’influence grandissante des woke au sein de la formation politique.
Adams, ancien capitaine du service de police de New York, a mené une campagne centrée sur les intérêts des cols bleus, les électeurs modérés et la sécurité. Avec lui, nous sommes à cent lieues du slogan «Defund the police», cher aux woke. Adams, candidat noir, consolidera plutôt les budgets du NYPD pour assurer la sécurité de ses concitoyens.
La victoire de l’ancien capitaine de police, autant par la clientèle visée que par les thèmes privilégiés, constitue un indicateur supplémentaire de la nécessité pour le Parti démocrate de maintenir un équilibre entre l’élite intellectuelle et éduquée qui lui est acquise et les revendications d’une classe ouvrière trop souvent négligée.
Que ce soit en prévision des élections de mi-mandat en 2022 ou de la présidentielle de 2024, les stratèges démocrates sont aux prises avec de savants calculs pour déterminer jusqu’où on peut glisser vers la gauche de l’échiquier politique. À ce chapitre, les woke représentent un facteur de risque qui me semble particulièrement élevé.
Les démocrates détiennent le contrôle des deux chambres et la présidence. Depuis que Joe Biden est entré à la Maison-Blanche, il a su satisfaire les différentes factions de sa formation, mais la présence et l’influence des woke compliquent passablement les choses pour lui. Je ne crois pas me tromper en affirmant qu’il souhaite qu’on lui donne un coup de pouce de ce côté.
Accepter ou encourager le discours woke pourrait bien condamner la formation démocrate à la défaite en 2022. Cette mouvance, à la fois alliée et différente de l’aile progressiste, permet aux adversaires républicains de structurer leurs attaques, et elle s’éloigne de la réalité ou des préoccupations de l’électeur moyen. Que les woke aient raison ou non importe peu sur le plan électoral, ils représentent un boulet pour le Parti démocrate.
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